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Pas d’enfant à la rue : le préfet donne quelques gages aux communes

Toute cette semaine a été émaillée par des menaces de mise à la rue de familles avec enfants par la préfecture de Loir-et-Cher. A la demande des maires de plusieurs communes concernées, une réunion d’urgence s’est tenue ce vendredi à 11h30. Les élus des communes de Blois, Vineuil, Villebarou, Saint-Gervais, La Chaussée-Saint-Victor, mais également Christophe Degruelle, pour l’agglomération, étaient face au préfet en fin de matinée pour traiter ce dossier brûlant. Tous alignés pour qu’il y ait une nouvelle stratégie. « C’est du jamais vu. Je pense que cela apporte à tous ceux qui se battent et aux familles concernées en premier lieu une petite dose de réconfort », témoignait Stéphane Ricordeau, membre du collectif Pas d’enfants à la rue, mobilisé devant la préfecture.

Benjamin Vételé, en tant qu’adjoint à l’éducation à la ville de Blois, a rapporté la teneur des débats et surtout les conclusions : « Il en ressort que la mobilisation actuelle autour de ces situations produit des effets. Elle permet à l’État et au département de justifier les choix qui sont faits et de réviser aussi les positions qui ont été engagées ces dernières semaines. Notamment, nous passons d’une logique un peu arbitraire et collective à des logiques plus individuelles. Le préfet nous a garanti qu’il n’y aurait pas d’hôtel vidé la semaine prochaine, contrairement à ce qui s’est passé cette semaine et ce qui aurait pu se produire si le maire de Vineuil notamment ne s’était pas mobilisé. Nous allons donc passer de l’examen de situations très générales à des situations individuelles. »

Mais à ce stade, il n’y aura pas de « trêve scolaire » jusqu’au 5 juillet. Ce qui aurait permis aux enfants d’aller sereinement à l’école jusqu’à la fin de la saison. « Nous n’avons pas eu de réponse formelle sur ce sujet. J’ai cependant aujourd’hui le sentiment que la mobilisation est bien installée et qu’elle produit des effets, notamment du côté de la préfecture, observe Benjamin Vételé. Du côté du conseil départemental, il y a une interprétation contestable de la loi MOLLE, c’est-à-dire la loi qui juge de l’isolement de mère avec enfants. Des recours sont engagés et ce que nous pouvons affirmer, c’est que le département s’est engagé à respecter les décisions de justice. » On se dirige donc vers du cas par cas, avec dans la balance les décisions à venir du tribunal administratif sur de multiples cas.

« Nous appelons tous les citoyens et toutes les personnes qui se sont mobilisées ces dernières semaines à poursuivre leur vigilance et à continuer leur engagement solidaire. Les mairies seront informées des résultats des évaluations qui seront faites, ajoute l’élu blésois. Il n’y aura plus de situation de sortie collective, donc on ne devrait plus avoir à vivre ces situations, mais il faudra rester vigilant. »

D’autant plus que nous sommes encore assez loin de logements pérennes. « Nous avons évoqué des solutions, les mairies vont maintenir certains dispositifs. Nous avons toujours dit que la priorité était la question des droits de l’enfant. Il est essentiel qu’un enfant qui a commencé sa scolarité le 1er septembre puisse l’achever le 5 juillet sans être soumis à cette incertitude qui pèse sur ses études, qui affecte sa scolarité et qui fait peser vraiment des nuages sur les écoles, les enseignants et les parents, affirme Benjamin Vételé. Je crois qu’il y a une forme de prise de conscience. Après, évidemment, au niveau local, la loi s’impose aussi à nous. Mais à titre personnel et militant, je pense que la France se déshonore en mettant en œuvre des lois migratoires telles qu’elles sont appliquées. »

Concernant la scolarité de ces enfants, le collectif Pas d’enfants à la rue exprime sa perplexité : « Nous avons essayé de prendre contact avec Madame l’inspectrice d’académie, car elle doit être très intéressée par le sort de ces élèves… Nous considérons qu’elle pourrait, si ce n’est changer totalement la donne, au moins apporter un petit coup de main supplémentaire à ceux qui se battent pour que ces familles vivent de manière à peu près normale. »

Autre information du jour, 33 mères isolées, et leurs enfants, pourraient bénéficier de la résidence Rocheron, en Blois-Vienne, à la mi mai, au terme de travaux de mise en conformité. Car l’idée est le basculement de certaines prises en charge de l’hébergement hôtelier vers des résidences et des hébergements collectifs.

Pas d'enfant à la rue

Les prochains jours seront-ils plus apaisés ? Stéphane Ricordeau, membre du collectif Pas d’enfants à la rue, l’espère : « On ne devrait pas revivre la semaine que ces familles viennent de subir, avec cet horrible épée de Damoclès chaque matin. Il va y avoir un changement de tactique de la part de la préfecture, qui va chercher à isoler les situations pour les traiter au cas par cas. Pour nous, il y a beaucoup de questions qui se posent, car c’est incertain. Les référés suspensifs qui ont été déposés il y a maintenant 10 à 15 jours commencent à être traités. Nous avons l’engagement du conseil départemental de ne pas faire appel des décisions qui seraient en faveur des familles ayant déposé ces recours. C’est un point extrêmement important parce que cela signifie que le conseil départemental reconnaîtrait ainsi que ces mamans ont bien le statut de mère isolée, ce sur quoi il avait énormément de réserves ces derniers temps. »

Pas d'enfant à la rue

Egalement mobilisé, Didier Richefeux, secrétaire du collectif de soutien aux sans papiers et demandeurs d’asile, regrette un manque d’humanisme. « En 2024, nous sommes toujours, et je le dis à regret, dans l’obligation d’établir ce rapport de pression, alors que nous devrions simplement respecter les droits fondamentaux des personnes, droits humains qui sont manifestement bafoués. C’est très regrettable, commente Didier Richefeux. C’est la pression populaire et les élus qui font basculer un peu les choses. C’est évident. Les parents d’élèves commencent aussi à se mobiliser. Mais si l’approche des services de l’État était beaucoup plus centrée sur les personnes, sur les situations humaines, et si les services de l’État étaient prêts à délivrer des titres de séjour plutôt que de dépenser d’énormes sommes en termes d’hôtellerie… Et je mets dans la balance les besoins de main-d’œuvre dans de nombreux domaines comme les aides-soignants, l’aide à domicile, la restauration, la logistique, etc., et aussi le fait que des artisans cherchent de la main-d’œuvre. Je crois qu’il est temps aussi de repenser un peu tout ce système et d’autoriser la délivrance de titres de séjour pour des personnes qui veulent s’intégrer dans notre société.« 

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