« Portraits de Sarrazines » : un voyage visuel et humain au cœur d’un quartier
Le mercredi 24 avril 2024, un événement artistique original va émerger sur la plaine bordée par les rues Maryse Hilsz et Sadi Lecointe, où les logements locatifs sociaux ont été réhabilités et résidentialisés en 2021. « Portraits de Sarrazines », une exposition éphémère en plein air, voudra attirer les regards et saisir les cœurs par une série de clichés et de textes, fruits d’une démarche communautaire profondément enracinée dans la vie du quartier Sarrazines.
Ce projet est le résultat d’une collaboration entre Cultures du Cœur 41* et la Maison de Bégon, qui, durant le mois de février, ont joint leurs forces aux professionnels de Quartiers Proximité. Leur mission commune ? Créer des ponts entre les habitants, tisser des liens forts et donner voix à la diversité et à la richesse humaine du quartier Sarrazines. En 2021, un projet intitulé « Quinière, raconte-moi ton visage », avait été mené par Cultures du Cœur 41.
Laurianne Hueber, coordinatrice Cultures du Cœur 41,nous explique le process de ce nouvel événement suivi par Léa Bleteau, chargée de projets : « Nous ressentions que les habitants avaient besoin d’un prétexte pour renforcer le vivre ensemble. L’approche initiale a été de faire du porte-à-porte. Il commence généralement dans les habitats collectifs des bailleurs sociaux. Ce sont les premières personnes que nous avons rencontrées, mais nous nous sommes ensuite efforcés de ne pas nous limiter aux cages d’escaliers et d’arpenter l’ensemble du quartier, en allant également à la rencontre de ceux qui habitent dans les pavillons. L’accueil a été généralement satisfaisant. Bien que cela puisse paraître intrusif, et que nous nous demandions si les gens se sentiront légitimes à répondre à nos questions ou à s’engager dans nos actions, l’expérience montre qu’en réalité, cela répond à un vrai besoin. Soudain, on leur demande leur avis, on leur laisse la possibilité de s’exprimer librement et de manière décomplexée, bien que cela ne signifie pas que tout soit permis. Mais dans le cadre de nos activités artistiques, nous parvenons à créer un véritable échange. Les gens étaient invités à partager des témoignages ou à participer à des activités comme la photographie avec un Polaroïd, ou encore à se faire portraiturer par une photographe professionnelle. Cela a été une multitude de prétextes pour se rencontrer, se connaître et lors du vernissage, créer un moment festif. Nous avons pensé qu’avec le vernissage, nous pourrions au moins organiser un repas partagé pour répondre à leurs besoins et envies. »
Une immersion dans le quartier
Les habitants ont été invités à partager leur vision du quartier, leurs moments de vie, et leurs souvenirs, transformant ainsi l’objectif de l’appareil photo en un miroir de leur quotidien et de leur identité. Quelques-uns ont choisi de capturer eux-mêmes des fragments de leur environnement, offrant une perspective authentique et personnelle sur leur lieu de vie.
Pour enrichir ces témoignages, Morgan Bisson, une photographe professionnelle, a été sollicitée pour immortaliser les habitants de Sarrazines. Grâce à son objectif, les visages, les expressions et les émotions de celles et ceux qui font l’âme de ce quartier prennent vie sur les clichés. « On ressent une véritable tendresse envers le quartier, observe Laurianne Hueber. La photographe, Morgan Bisson, connaît bien son travail, qui se concentre sur l’humain et capture des moments sur le vif. C’est ce que nous voulions pour ce projet : quelque chose de très naturel. Morgan a cette capacité à construire ses reportages autour des relations humaines, ce qui est essentiel pour nous, afin que cela transparaisse aussi dans ses portraits. Elle a également pris des photos d’illustration du quartier, mais elles seront peu ou pas du tout affichées. Elles peuvent servir à illustrer le projet qui inclut principalement des portraits des habitants par eux-mêmes, reflétant leur quartier. »
Un vernissage très spécial
L’exposition se veut un prétexte à la rencontre et à l’échange. Le vernissage à 18h30, mercredi 24 avril 2024, sera l’occasion de célébrer ensemble la réalisation de ce projet, dans un esprit de partage et de convivialité. Pour marquer cet instant de communion, un repas partagé clôturera la soirée, symbole de l’unité et de la fraternité qui lie les habitants de Sarrazines.
Au-delà de l’éphémère
Bien que l’exposition soit temporaire, son impact sur le quartier et ses résidents est destiné à perdurer. « Portraits de Sarrazines » n’est pas seulement une exposition; c’est une déclaration d’appartenance, un témoignage de la vitalité et de la diversité du quartier, une célébration de sa richesse humaine. Mais qu’est-ce qui fait aimer son quartier ? « C’est, je pense, le sentiment d’appartenance, le sentiment d’être à sa place, répond la coordinatrice. Et puis, il y a la réappropriation des espaces publics. Je ne sais pas si c’est post-confinement ou pas, mais participer à la vie extérieure, trouver l’extérieur accueillant, vert et coloré, joue un rôle. Au-delà de cela, c’est quand on se sent à sa place qu’on n’a pas de grief à formuler contre son quartier ou ses voisins. Je pense qu’une attitude positive et joyeuse facilite la création de liens. Le quartier est ouvert quand il est serein, et les échanges se font plus naturellement. Nous croyons à un effet papillon positif. À Cultures du Cœur, nous aidons les gens à faire leur propre chemin, à s’autoriser une vie sociale et culturelle épanouie. »
L’exposition est une invitation ouverte à tous ceux qui souhaitent découvrir ou redécouvrir Sarrazines, à travers les yeux et les cœurs de ses habitants. Elle aura une durée de vie éphémère. Autrement dit, l’expo durera tant que les photographies ne seront pas dégradées.
*L’association Cultures du Cœur 41
Cette association a été créée en 2008 à Blois. Elle s’engage activement dans la lutte contre l’exclusion sociale en favorisant l’accès à la culture, aux sports et aux loisirs pour tous, notamment pour les personnes en situation de précarité.
L’association est guidée par la loi de 1998 relative à la lutte contre les exclusions, qui souligne l’importance de l’accès à la culture comme un droit fondamental pour renforcer la citoyenneté et la cohésion sociale. « Nous offrons un accès aux ressources culturelles et sportives par le biais d’une billetterie solidaire, disponible sur une plateforme en ligne pour les structures sociales adhérentes. Nos activités incluent également des formations et des tables rondes pour sensibiliser les professionnels du champ social à l’importance de la culture comme levier d’émancipation« , précise Laurianne Hueber. « Actuellement, nous finalisons des projets débutés en 2023 et préparons pour 2024 des initiatives visant à aider les habitants des quartiers prioritaires à se former et à vivre une image positive de leur environnement. Nous espérons également lancer des projets comme une fresque picturale participative à Romorantin et des capsules radiophoniques à Vendôme. De plus, nous envisageons un projet destiné aux femmes victimes de violences, pour leur permettre de prendre confiance en elles, probablement à travers des activités sportives et artistiques. Mais Cultures du Cœur n’est pas une simple association ; c’est un réseau. Et grâce à ce réseau, nous sommes forts. Nous avons environ 60 à 70 partenaires dans le département, et chaque projet est le fruit d’une collaboration riche et fructueuse avec nos partenaires, où chacun complète les autres et mutualise ses efforts. »
Assemblée générale
L’assemblée générale de Cultures du Cœur 41 aura lieu le jeudi 18 avril 2024, à 17h30, au 18 rue Dorgelès, à Blois. Elle est ouverte au public. Mieux, le public est invité à venir. D’autant plus qu’il est possible de rejoindre le conseil d’administration, et ainsi d’apporter sa pierre à la structure.