À Blois, la Technicothèque enfants apporte une véritable aide aux familles

La Technicothèque pour enfants à Blois est une initiative soutenue par la CAF du Loir-et-Cher, offrant des équipements adaptés aux jeunes en situation de handicap. Cette technicothèque est la première de ce type en France et vise à améliorer l’autonomie et la qualité de vie quotidienne des enfants concernés. Elle propose des équipements et technologies spécifiquement conçus pour répondre aux besoins individuels de ces enfants, avec des services d’évaluation par un.e ergothérapeute, des essais à domicile, et un accompagnement pour l’installation et l’utilisation des aides techniques.
Le dispositif est installé à la Maison Bleue à Blois, où il fournit également une assistance administrative et technique aux familles, facilitant l’acquisition d’aides et limitant les coûts restants à la charge des familles. En plus, cette technicothèque s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire, encourageant la restitution d’équipements non utilisés ou devenus inadaptés pour favoriser leur réutilisation et réduire le gaspillage. Nous avons rencontré Marine Leboulanger, ergothérapeute, pour en savoir plus sur ce dispositif unique.
Blois Capitale : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la Technicothèque enfants et comment ce projet a vu le jour ?
Marine Leboulanger : La Technicothèque enfants a été créée pour répondre à un besoin concret : celui d’équiper les jeunes en situation de handicap avec du matériel adapté à leurs besoins quotidiens, que ce soit à la maison, à l’école ou pour leurs loisirs. L’idée de départ était que seuls les professionnels, comme les ergothérapeutes, pourraient nous solliciter. Cependant, très rapidement, les familles ont commencé à nous contacter directement. Nous avons donc ajusté notre fonctionnement pour répondre aussi aux demandes des familles. Aujourd’hui, nous travaillons avec ces deux publics.
Blois Capitale : Vous avez mentionné que la Technicothèque enfants avait été inaugurée après une année d’expérimentation. Pouvez-vous nous en dire plus sur la durée et les résultats de cette phase expérimentale ? Quels enseignements en avez-vous tirés ?
Marine Leboulanger : Oui, l’expérimentation a duré un an, et cela nous a permis d’ajuster plusieurs aspects de notre fonctionnement. Initialement, nous pensions que seuls les professionnels, comme les ergothérapeutes, orthophonistes ou enseignants spécialisés, seraient nos interlocuteurs principaux.
Cependant, très rapidement, les familles ont commencé à nous solliciter directement. Cette réaction inattendue nous a poussés à réévaluer nos processus et à ouvrir le service aux familles. Cela a clairement montré qu’il existait un besoin criant d’accès direct aux aides techniques, non seulement du côté des professionnels, mais aussi des familles elles-mêmes, qui se retrouvent souvent en première ligne face aux difficultés de leurs enfants. Un des enseignements majeurs de cette expérimentation a été l’importance de ne pas se limiter à la fourniture de matériel. Nous avons compris que les familles avaient besoin d’un accompagnement plus global. Ce n’est pas simplement une question de fournir un fauteuil roulant ou une tablette braille, mais aussi de s’assurer que les familles savent comment utiliser ce matériel au quotidien, qu’elles sont bien informées des aides financières auxquelles elles peuvent prétendre, et qu’elles reçoivent un soutien dans les démarches administratives, souvent complexes et chronophages.
De plus, l’expérimentation a révélé que le temps joue un rôle crucial dans ces situations. Entre le moment où les besoins sont identifiés et celui où le matériel est livré, il peut parfois s’écouler un délai important, notamment en raison des lenteurs administratives liées aux financements. Nous avons donc mis en place un système d’avance de fonds pour que les familles puissent recevoir le matériel rapidement, ce qui leur permet de commencer à l’utiliser au plus tôt, sans attendre la validation des aides. Même si nous n’avons pas atteint l’objectif initial de 60 dossiers la première année, nous avons vu une montée en puissance progressive. Les familles ont pris conscience de notre existence et de nos services, ce qui a entraîné une augmentation des demandes. Par exemple, au cours du premier mois de la deuxième année, nous avons déjà reçu sept nouveaux dossiers, et le rythme ne cesse de s’accélérer.
Actuellement, je traite déjà plusieurs nouveaux dossiers supplémentaires. Cela montre que l’impact de notre initiative grandit et que le besoin de la Technicothèque est réel et croissant. Nous sommes donc très optimistes pour l’avenir, avec un flux de demandes qui ne cesse de s’amplifier, preuve que nous répondons à un véritable besoin local.
Blois Capitale : Quels types de matériels proposez-vous au sein de la Technicothèque ?
Marine Leboulanger : Nous proposons une large gamme de matériels destinés à différents types de handicaps : moteurs, visuels, auditifs, et neurodéveloppementaux comme l’autisme, le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou encore la dyslexie. Par exemple, nous avons des fauteuils roulants, des aides à la marche, des vélos adaptés, des tablettes en braille, ainsi que des outils d’intégration sensorielle comme des balles lestées ou des couvertures apaisantes.
Blois Capitale : Avez-vous des exemples marquants de situations dans lesquelles la Technicothèque a fait la différence ?
Marine Leboulanger : Oui, il y en a plusieurs. Je me souviens notamment d’un petit garçon de quatre ans né avec une jambe plus courte que l’autre. Nous lui avons fourni une prothèse adaptée et en quelques secondes, il s’était approprié son nouveau matériel, il courait partout avec un sourire immense. C’est ce genre de moments qui rend notre travail tellement gratifiant. Chaque enfant a des besoins spécifiques, et notre rôle est de trouver la solution la plus adaptée pour chaque situation.
Blois Capitale : Est-ce que vous envisagez d’élargir la Technicothèque aux adultes ?
Marine Leboulanger : C’est une possibilité à l’étude. Pour l’instant, nous nous concentrons sur les jeunes, mais il y a effectivement des discussions en cours pour éventuellement ouvrir ce service aux adultes. Cela dépendra des décisions prises au niveau départemental et des financements disponibles.
Blois Capitale : Comment fonctionne concrètement la Technicothèque ?
Marine Leboulanger : Nous travaillons selon quatre grands axes. Le premier est l’évaluation des besoins. Il s’agit d’analyser chaque situation pour proposer un matériel adapté. Ensuite, il y a l’accompagnement technique. Nous faisons essayer différents équipements aux familles et ajustons selon leurs retours pour s’assurer que l’enfant s’approprie bien le matériel. Le troisième axe est l’accompagnement administratif et financier. Nous savons que les démarches pour obtenir des aides peuvent être complexes, c’est pourquoi nous avons une conseillère en économie sociale, Sonia Delpivo, qui aide les familles à constituer les dossiers. De plus, nous avons la possibilité d’avancer les fonds pour l’acquisition du matériel, ce qui permet de réduire les délais. Enfin, le dernier axe concerne l’économie circulaire. Nous encourageons l’utilisation de matériel d’occasion en bon état pour équiper d’autres enfants. Cela permet de répondre aux besoins dans plusieurs lieux (à la maison, à l’école, chez les parents séparés) sans que les familles aient à acheter du matériel en double.
Blois Capitale : Ce système semble vraiment bénéfique. Quel est le profil des enfants que vous accompagnez le plus souvent ?
Marine Leboulanger : Nous accompagnons des enfants de tous âges, mais nous constatons trois périodes charnières. D’abord, il y a l’entrée à l’école élémentaire, vers 4-5 ans, où les besoins en équipement se font sentir. Ensuite, l’entrée au collège, où l’on observe souvent une augmentation des demandes pour des solutions d’autonomie. Enfin, il y a le passage au lycée ou dans la vie professionnelle, qui nécessite également un ajustement des équipements.
Blois Capitale : Vous avez mentionné l’accompagnement financier. Pouvez-vous nous en dire
plus sur les défis auxquels les familles sont confrontées ?
Marine Leboulanger : Bien sûr. Les familles doivent souvent faire face à des délais très longs pour obtenir des aides de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Entre le moment où le besoin est identifié et l’arrivée du matériel, il peut se passer un an, voire deux, ce qui est problématique, surtout pour des enfants qui grandissent vite. Nous essayons donc de compenser cela en avançant les fonds, afin que le matériel arrive plus rapidement et que les familles puissent ensuite rembourser selon un échéancier adapté à leurs ressources.
Blois Capitale : Comment les familles accueillent-elles ce dispositif ?
Marine Leboulanger : Très bien ! Elles sont souvent soulagées de trouver un soutien aussi global, qui ne se contente pas de leur fournir un matériel, mais qui les accompagne tout au long du processus. Nous leur expliquons comment utiliser les équipements, nous ajustons si nécessaire et nous restons disponibles
pour toute question. Ce suivi est essentiel, car introduire du matériel technique dans la vie quotidienne d’un enfant peut parfois être un défi.
Blois Capitale : Comment voyez-vous l’avenir de la Technicothèque ?
Marine Leboulanger : Nous avons encore beaucoup de travail devant nous, notamment pour nous faire mieux connaître dans les zones rurales. Aujourd’hui, environ 80 % des dossiers proviennent de Blois et de sa périphérie, notamment des quartiers nord, où nous avons une forte demande. Mais nous aimerions
toucher davantage de familles dans d’autres zones du département. Nous espérons aussi pouvoir étendre nos services à un public adulte à l’avenir. Nous avons déjà bien commencé notre deuxième année avec plusieurs nouveaux dossiers, et je suis convaincue que nous continuerons à grandir et à innover pour mieux répondre aux besoins des jeunes en situation de handicap. Ainsi, la Technicothèque enfants de Blois se positionne comme un acteur clé pour l’inclusion des jeunes en situation de handicap, en leur offrant des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques et en les accompagnant vers plus
d’autonomie.