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La vidéosurveillance algorithmique : un héritage controversé des JO de Paris

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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont marqué un tournant dans la sécurité publique en France, avec l’introduction de la vidéosurveillance algorithmique, une technologie conçue pour analyser en temps réel les images de surveillance. Si cet outil avait été initialement déployé à titre expérimental pour sécuriser l’événement, il semble aujourd’hui en passe de devenir permanent. Ce projet suscite des débats, entre celles et ceux qui y voient un renforcement indispensable de la sécurité publique et ceux et celles qui redoutent une dérive vers une société de surveillance généralisée.

Une expérimentation destinée à durer ?

La vidéosurveillance algorithmique a été introduite dans le cadre de la loi relative aux Jeux Olympiques et Paralympiques (loi JOP) du 19 mai 2023, avec pour objectif de renforcer la sécurité des manifestations sportives, récréatives et culturelles d’envergure. Le dispositif, qui consiste à utiliser des caméras intelligentes capables de détecter des comportements suspects ou des situations à risque, devait rester temporaire, limité à la période des JO et aux événements de grande affluence jusqu’en mars 2025. Pourtant, dès la fin des Jeux, plusieurs responsables politiques, notamment le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, ont plaidé pour sa généralisation.

Selon le préfet Nuñez, cette technologie s’est montrée efficace pour assurer la sécurité lors des Jeux. Il explique que ces caméras permettent de détecter divers types d’anomalies, telles que des mouvements de foule, des objets abandonnés ou des violations de zones sensibles. « Je pense qu’il a démontré son utilité », a-t-il déclaré lors de son audition devant la commission des lois de l’Assemblée nationale en septembre 2024. Bien que la reconnaissance faciale ne soit pas encore utilisée dans ce dispositif, l’outil suscite déjà des débats importants.

L’appui de certains élus et les perspectives de généralisation

L’enthousiasme autour de la vidéosurveillance algorithmique n’est pas partagé par tous, mais il est défendu par certaines personnalités publiques. Christian Estrosi, maire de Nice et président de la commission consultative des polices municipales, s’est félicité de l’annonce de la possible généralisation de cette technologie. Nice avait d’ailleurs déjà testé des dispositifs similaires, notamment la reconnaissance faciale lors de son carnaval en 2019. Estrosi se positionne comme un ardent défenseur de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la surveillance, affirmant qu’elle est « indispensable » pour la sécurité des citoyens.

Le gouvernement, à travers le Premier ministre Michel Barnier, a laissé entendre que cette technologie pourrait être généralisée. Lors de son discours de politique générale, en octobre 2024, Barnier a mentionné la volonté de tirer les leçons des Jeux Olympiques, tout en soulignant que des expérimentations comme celles de la vidéosurveillance algorithmique pourraient devenir des pratiques courantes​.

Des inquiétudes sur la protection des libertés publiques

Des soutiens, mais également une levée de boucliers chez de nombreux défenseurs des libertés civiles. Plusieurs associations et observateurs, tels que Félix Tréguer, chercheur au CNRS, dans Le Point, expriment leurs craintes face à ce qu’ils qualifient de « fuite en avant sécuritaire ». Félix Tréguer dénonce la vidéosurveillance algorithmique comme un outil qui pourrait conduire à une société de surveillance de masse, évoquant le « fantasme policier » de certains gouvernements. Il pointe du doigt le risque de dérives, similaires à celles observées en Chine, où la surveillance des citoyens est omniprésente grâce à des technologies similaires​.

Les craintes sont renforcées par l’absence de transparence autour de cette expérimentation. La loi JOP prévoit la remise d’un rapport d’évaluation au Parlement et à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) d’ici décembre 2024, mais ce rapport se fait toujours attendre. Certains députés, comme Roger Vicot (PS), redoutent un bilan « succinct » qui ne ferait qu’entériner la décision de généraliser la technologie sans une évaluation approfondie de ses impacts sur les libertés individuelles​.

Des dispositifs de contrôle insuffisants ?

Si la généralisation de la vidéosurveillance algorithmique doit encore passer par une loi, les critiques pointent du doigt le manque de garanties autour de l’utilisation de ces technologies. Bien que la CNIL ait été consultée et que des mécanismes de contrôle soient prévus, notamment via des « bacs à sable » pour tester les algorithmes, les opposants estiment que ces mesures sont insuffisantes pour protéger les droits des citoyens.

L’un des principaux enjeux soulevés par les opposants est l’utilisation future des données collectées par ces caméras. Si, pour le moment, la reconnaissance faciale n’est pas activée, beaucoup craignent que cela ne soit qu’une question de temps avant que ce type de surveillance ne devienne omniprésent en France. La vidéosurveillance algorithmique actuelle est déjà capable d’analyser les comportements et de détecter des situations anormales, ce qui pourrait facilement évoluer vers une technologie plus intrusive.

Un débat loin d’être clos

La question de la vidéosurveillance algorithmique reste donc ouverte. Alors que le rapport d’évaluation est attendu pour décembre 2024, les partisans de cette technologie mettent en avant son efficacité pour prévenir les risques de terrorisme et améliorer la sécurité dans les espaces publics. De l’autre côté, les défenseurs des libertés publiques appellent à une plus grande transparence et à des garanties claires avant d’aller plus loin dans la généralisation de cet outil de surveillance. L’héritage des JO de Paris 2024 pourrait ne pas se limiter aux performances sportives.

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