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Une solidarité en recul : les plus pauvres face à la dématérialisation et à la précarité

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Le Secours Catholique publie ce jeudi son rapport annuel « État de la pauvreté en France 2024 : Prestations sociales, quand la solidarité s’éloigne ». Il dresse un constat alarmant sur l’évolution de la précarité. Au-delà des chiffres, ce rapport pointe une tendance préoccupante : la perte de proximité entre l’administration et les citoyens les plus vulnérables, exacerbée par la dématérialisation des services publics.

Un niveau de vie en chute libre

Les données sont édifiantes. En 2023, le niveau de vie médian des 57 240 ménages étudiés par le Secours Catholique s’établit à 555 euros par mois, soit une baisse de 19 euros par rapport à 2022. Ce revenu, très en deçà du seuil de pauvreté, illustre une précarité croissante qui touche particulièrement les familles monoparentales, les femmes et les travailleurs précaires.

Ce recul s’accompagne d’une augmentation des dépenses incompressibles (logement, énergie, alimentation), laissant peu de marge de manœuvre pour d’autres besoins essentiels. Les accidents de la vie – problèmes de santé, séparations, pertes d’emploi – touchent plus de 60 % des personnes rencontrées par l’association, renforçant encore leur vulnérabilité.


L’accès aux prestations sociales : un véritable parcours du combattant

Le rapport met en lumière un obstacle majeur : l’accès aux droits sociaux devient de plus en plus difficile.

  • Un non-recours croissant aux droits : en 2023, 36 % des bénéficiaires potentiels du RSA n’ont pas sollicité cette aide, une hausse significative par rapport aux 26 % enregistrés en 2010.
  • Des démarches numériques excluantes : la dématérialisation des procédures administratives, sans accompagnement adapté, a transformé les démarches en obstacles insurmontables pour les plus précaires.
  • Des critères d’éligibilité plus stricts : les réformes successives ont durci les conditions d’accès aux aides, écartant de nombreux bénéficiaires potentiels.

Pour une personne en difficulté, tenter d’obtenir une prestation sociale relève souvent d’un parcours du combattant. Face à un écran, sans accompagnement humain, beaucoup abandonnent par découragement ou par honte.

La fracture numérique aggrave l’exclusion

Selon le Crédoc, 35 % des Français rencontrent des difficultés avec les outils numériques, et ce pourcentage est encore plus élevé parmi les personnes précaires. Elles cumulent souvent plusieurs handicaps : absence de matériel, méconnaissance des démarches et manque d’accès à Internet.

Les formulaires en ligne sont souvent techniques et difficiles à comprendre pour des publics peu familiers avec le langage administratif ou numérique. Et les fermetures de guichets administratifs obligent les usagers à parcourir de longues distances pour trouver un point d’accueil physique, accentuant leur exclusion.

Le rapport souligne que l’éloignement des services publics n’est pas seulement géographique. Il est aussi symbolique : les personnes vulnérables se sentent de plus en plus déconnectées d’un système qui ne semble pas fait pour elles.

Les conséquences d’une solidarité qui s’éloigne

Cette situation a des effets dévastateurs sur les plus précaires :

  • Renoncement aux droits : par découragement ou par honte, de nombreuses personnes abandonnent leurs démarches, aggravant leur précarité.
  • Humiliation sociale : les discours publics stigmatisant les bénéficiaires des aides renforcent leur isolement et leur culpabilité.
  • Transfert de responsabilités aux associations : faute de soutien institutionnel, des organisations comme le Secours Catholique doivent compenser les manquements des services publics en offrant un accompagnement personnalisé.

Des solutions pour une solidarité plus accessible

Le Secours Catholique appelle à une mobilisation collective pour remédier à cette situation. Parmi ses recommandations :

  • Rétablir des guichets physiques : car permettre un contact humain dans chaque point d’accueil est essentiel pour accompagner les personnes les plus vulnérables.
  • Simplifier les démarches administratives : réduire la complexité des procédures et proposer des plateformes numériques plus intuitives, accessibles sur mobile et dans plusieurs langues.
  • Former aux compétences numériques : offrir un accompagnement et des formations pour familiariser les publics précaires avec les outils numériques.
  • Garantir un revenu minimum : l’association plaide pour un revenu universel fixé à 50 % du niveau de vie médian, accessible dès 18 ans, pour lutter contre l’extrême pauvreté.

Ce rapport est un appel à l’action afin de repenser la solidarité pour qu’elle redevienne inclusive et humaine. À l’ère du numérique, cette solidarité ne doit pas devenir inaccessible. Elle doit au contraire se réinventer pour offrir à toutes et tous, sans distinction, les moyens de mener une vie digne.

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