Musicales 41
1.2.3... Les informationsEcologieVie locale

Débat climatique à Blois : pour une économie durable et une sobriété responsable

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

La première semaine de la COP 29 à Bakou, Azerbaïdjan, s’est achevée sur des négociations intenses concernant le financement climatique destiné aux pays en développement. L’objectif principal est de définir un nouveau montant d’aide pour soutenir ces nations dans leur transition énergétique et leur adaptation aux impacts du changement climatique.

Les discussions ont révélé des divergences significatives entre les pays développés et ceux en développement. Les nations du Sud plaident pour une augmentation substantielle des financements, estimant que les besoins actuels dépassent largement les 100 milliards de dollars annuels précédemment convenus. Des estimations suggèrent que les pays en développement nécessitent au moins 1 000 milliards de dollars par an d’ici la fin de la décennie pour faire face aux défis climatiques.

Cependant, les pays développés hésitent à s’engager sur des montants aussi élevés, invoquant des contraintes budgétaires et des priorités nationales. Cette divergence complique la définition d’un nouvel objectif collectif chiffré (NCQG) en matière de financement climatique, censé remplacer l’engagement actuel de 100 milliards de dollars par an à partir de 2025. Parallèlement, des propositions innovantes ont émergé pour diversifier les sources de financement. Par exemple, des taxes sur les compagnies pétrolières, les vols et le transport maritime ont été suggérées pour générer des fonds supplémentaires destinés aux pays les plus pauvres.

Les négociations sont tendues, et les parties prenantes devront redoubler d’efforts lors de la deuxième semaine pour parvenir à un consensus. L’enjeu est crucial : sans accord solide, les pays en développement risquent de manquer des ressources nécessaires pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter efficacement.

Ce samedi matin, en bas de l’escalier Denis-Papin à Blois, le Collectif Action Climat (CAC 41) a organisé une série de prises de parole publiques sur les enjeux climatiques, en lien avec la COP 29.

Le nucléaire : une solution contestée

Le nucléaire, souvent présenté comme une énergie propre et décarbonée, a été au cœur des discussions. Martine Winckel, membre de Sortir du Nucléaire 41, a critiqué cette vision : « On nous dit que le nucléaire est une énergie verte, décarbonée, comme si c’était la solution miracle. Mais c’est faux. Le nucléaire est polluant, il nous empoisonne, et pour longtemps. » Elle a rappelé que la production d’énergie nucléaire est loin d’être immédiate, citant les retards majeurs des projets actuels, comme celui de Flamanville : « Macron parle de nouveaux réacteurs pour 2035-2037. Mais regardez Flamanville : 12 ans de retard et un coût multiplié par quatre. »

En plus des délais, Martine Winckel a souligné les impacts environnementaux du nucléaire, notamment sur les ressources en eau : « Une centrale nucléaire capte de l’eau dans les nappes phréatiques ou les rivières. Quand les niveaux d’eau baissent, il faudra bientôt choisir : boire ou alimenter les centrales. » Elle a également dénoncé la gestion des déchets radioactifs : « Aujourd’hui, on enfouit ces déchets sous terre, mais pour des milliards d’années. Comment peut-on garantir que ces conteneurs resteront étanches ? C’est irresponsable. »

Didier Narbeburu, également membre de Sortir du Nucléaire 41, a ajouté une critique systémique : « Le nucléaire, c’est un système centralisé, autoritaire et policier. Il correspond à un modèle de société qui n’est pas compatible avec les défis environnementaux actuels. »

L’urgence climatique : une notion dépassée ?

Dans une intervention provocatrice, Didier Narbeburu a déclaré que l’urgence climatique n’existait plus… parce que le stade est dépassé : « L’urgence climatique, c’était il y a dix ans. Aujourd’hui, nous sommes face à un problème d’habitabilité. Dans certaines communes, les ressources en eau sont tellement polluées qu’elles deviennent inutilisables. C’est cela, la vraie crise. » Il a plaidé pour une refonte complète de nos modes de vie, en insistant sur la nécessité de repenser l’aménagement urbain et la gestion des ressources : « Il ne s’agit plus de diluer les problèmes ou d’installer des solutions coûteuses comme des stations d’épuration. Il faut concevoir des habitats qui utilisent intelligemment l’eau de pluie et recyclent l’eau localement. »

Le mythe de la croissance infinie

Hugo Raguet, représentant de Scientifiques en Rébellion et Extinction Rébellion, a abordé les limites structurelles de nos modèles : « Les COP émanent d’une institution louable, mais viciée dès le départ. Dans ses statuts, la priorité est donnée à la croissance économique. Pourtant, cette croissance est incompatible avec l’atténuation du changement climatique. »

Il a critiqué le concept de « capitalisme vert » : « On nous vend l’idée que la croissance économique peut être respectueuse de l’environnement. La croissance est intrinsèquement liée à la surconsommation. Nous devons repenser nos modes de vie pour garantir le bien-être de toutes et tous, tout en respectant les limites planétaires. »

Sobriété et énergies renouvelables : la voie de l’avenir

Face aux critiques du nucléaire et de la croissance, les intervenants ont unanimement plaidé pour une transition vers des énergies renouvelables locales et une sobriété énergétique assumée. Martine Winckel a affirmé : « Nous devons privilégier des solutions locales, décentralisées et renouvelables. Contrairement au nucléaire, ces énergies sont réellement durables. »

Hugo Raguet a également souligné l’importance de repenser nos usages : « Il ne s’agit pas de privations, mais d’une consommation raisonnée et responsable. La sobriété est la seule voie réaliste face aux défis actuels. » L’enseignant a évoqué la campagne internationale Degrowth (décroissance), qui appelle à une réduction drastique de la consommation de ressources : « La décroissance ne signifie pas se priver, mais repenser l’économie pour prioriser le bien-être et l’équité, plutôt que la croissance infinie au profit de quelques-uns. »

L’urgence de protéger nos ressources en eau

Hélène Menou, 12ᵉ adjointe à la nature en ville, à l’agriculture urbaine et à l’alimentation à Blois, a centré son intervention sur la protection de l’eau. Elle a évoqué une étude européenne récente révélant que la majorité des eaux potables en France et dans d’autres pays européens sont contaminées par des pesticides, notamment des PFAS, connus sous le nom de « polluants éternels ». Ces substances, dotées de liaisons carbone-fluor, sont pratiquement indestructibles et ne peuvent être dégradées par les micro-organismes, ce qui les rend persistantes dans l’environnement.

Hélène Menou
Hélène Menou

« Il est crucial de porter haut le combat pour la protection de l’eau, de nos nappes phréatiques et de nos cours d’eau », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné l’importance de préserver les terres face à l’artificialisation croissante, rappelant que la formation d’un centimètre de sol nécessite entre 200 et 1000 ans. « En région Centre-Val de Loire, ce sont 6 terrains de football qui sont artificialisés chaque jour. Il est impératif de protéger nos terres », a-t-elle insisté. En région Centre-Val de Loire, l’artificialisation des sols progresse à un rythme préoccupant. Selon une étude du Cerema de 2017, environ 16 000 hectares ont été artificialisés au cours de la dernière décennie, soit un taux annuel d’artificialisation des sols de 1,34 %, comparable à la moyenne nationale de 1,36 %. Pour mieux visualiser cette donnée, considérons qu’un terrain de football standard mesure environ 0,7 hectare. Ainsi, 16 000 hectares correspondent à environ 22 857 terrains de football sur dix ans, soit environ 6,3 terrains par jour.

François Thiollet
François Thiollet

Les défis politiques de la transition écologique

François Thiollet, ancien député européen EELV et élu municipal à Valencisse, a abordé les défis politiques liés à la transition écologique. Il a critiqué la coalition actuelle au Parlement européen, composée de la droite et de l’extrême droite, qui, selon lui, freine les avancées en matière de droits environnementaux.

Il a également mis en garde contre les projets de révision du zéro artificialisation nette (ZAN) en France, estimant que cela pourrait compromettre la capacité à faire face aux catastrophes climatiques. « Revenir sur le ZAN, c’est mettre en péril notre capacité à gérer les catastrophes climatiques qui seront de plus en plus fréquentes », a-t-il averti.

Des initiatives inspirantes : Grands-Parents pour le Climat

Suzel Chauvin, membre du CAC 41, a présenté une initiative encourageante : Grands-Parents pour le Climat. Inspirée par un mouvement suisse, cette association invite les aînés à agir pour la planète, notamment en retirant leurs économies des banques finançant les énergies fossiles : « Les grands-parents possèdent une grande part des richesses en France. Ils peuvent agir en retirant leur argent des banques comme BNP Paribas ou la Société Générale, qui financent les énergies fossiles. »

cop 29 Blois

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR