L’art du collage à l’honneur : Nathalie Leroy et Jean-Marc Aviolat exposent à la Galerie Dominique à Blois

Depuis le 29 octobre et jusqu’au 26 novembre 2024, la Galerie Dominique, située au 8 rue du Commerce à Blois, met en lumière l’art du collage à travers une exposition. Les œuvres de Nathalie Leroy et de Jean-Marc Aviolat, deux artistes aux approches singulières mais complémentaires, explorent le thème de l’humain dans son environnement.

Dominique Morand-Nizinski, propriétaire de la galerie, explique cette sélection minutieuse : « Les deux artistes utilisent la même technique du collage, mais leurs démarches sont diamétralement opposées. Cette dualité crée une dynamique intéressante qui invite à la réflexion. »
Deux artistes, deux univers
Nathalie Leroy transforme ses anciennes peintures en collages empreints de poésie et de recyclage créatif. « Pendant le confinement, je me suis retrouvée avec tout un stock de toiles inutilisées dans mon atelier, des peintures que je trouvais « vides » et vouées à être jetées. J’ai décidé d’y découper les silhouettes et de les intégrer dans de nouvelles compositions », confie l’artiste.
Ses figures humaines, découpées dans ses propres peintures, sont ensuite insérées dans un environnement composé d’éléments provenant de magazines, de gravures anciennes ou d’autres supports. Pour elle, le recyclage est une démarche artistique autant qu’écologique : « Plutôt que de créer à partir de matériaux neufs, je donne une seconde vie à mes anciennes œuvres. Cela correspond à mon engagement pour replacer l’humain au centre du vivant, et non au-dessus. »
Nathalie, connue pour ses créations très colorées, souligne également la difficulté de préserver l’harmonie dans ses compositions : « Mes toiles ne sont jamais repeintes. Je travaille avec les couleurs déjà présentes, ce qui demande une attention particulière pour trouver des formes et des silhouettes cohérentes dans chaque découpe. »
Pour rendre ses œuvres plus accessibles et durables, elle utilise la digigraphie, un procédé artistique de reproduction haute définition. « Ce processus permet de conserver les détails et le relief du collage original, tout en créant une œuvre durable, imprimée sur un papier d’art contrecollé sur un dibond. C’est une façon contemporaine de prolonger la vie de mes créations », explique-t-elle.
Jean-Marc Aviolat : un onirisme critique et minutieux
Jean-Marc Aviolat, quant à lui, privilégie un travail manuel dans sa forme la plus pure. Ses collages originaux, réalisés sans support numérique, plongent le spectateur dans un univers onirique, parfois critique, parfois humoristique. « Chaque élément de mes collages — qu’il s’agisse des paysages, des objets ou des bâtiments — est issu de mes propres créations : dessins, photos, peintures, etc. Seules les figures humaines proviennent de gravures anciennes », précise-t-il.
L’artiste accorde une grande importance au titre de ses œuvres, discrètement inscrit en bas à gauche, qui oriente l’interprétation. « Le titre donne le ton. Par exemple, dans Citadins en burn-out, on voit un homme assis sur une chaise à deux pieds, regardant une lune — ou le monde, selon votre interprétation — posée à ses pieds. Derrière lui se dresse une ville. On peut imaginer que cette ville est la cause de son mal-être. C’est une réflexion critique sur l’impact de l’urbanisation. » Malgré son message parfois sombre, Jean-Marc n’hésite pas à injecter une dose d’humour dans ses créations.
Deux visions complémentaires sur l’environnement humain
L’exposition explore un thème commun : la nature transformée par l’homme. Cependant, la manière dont Nathalie Leroy et Jean-Marc Aviolat abordent ce sujet diffère radicalement. Dominique Morand-Nizinski décrit ainsi leur complémentarité : « Nathalie nous laisse une grande liberté d’interprétation. Elle ajoute parfois des petits indices, comme des haïkus, mais ses œuvres restent ouvertes. Jean-Marc, lui, guide le spectateur avec ses titres, qui donnent une lecture plus structurée. »

L’art de Nathalie, plus introspectif, joue sur les couleurs et la subtilité des détails. « Avec ses collages, il faut prendre le temps de regarder. Chaque œuvre regorge de petites surprises, mais elles ne se révèlent qu’à ceux qui s’y attardent », ajoute Dominique. Jean-Marc, de son côté, fascine par sa précision technique et son engagement dans le collage manuel. « Aujourd’hui, beaucoup d’artistes utilisent le numérique pour leurs collages. Jean-Marc, lui, reste fidèle au travail manuel, et son niveau de minutie est tel que l’on pourrait croire à un travail numérique. C’est une prouesse », conclut-elle.
À travers cette exposition, la Galerie Dominique offre une plongée dans deux univers distincts mais liés par une technique commune et un thème central. Que ce soit dans l’approche éthique et poétique de Nathalie Leroy ou dans l’imaginaire critique et onirique de Jean-Marc Aviolat, chacun.e est invité.e à questionner la place de l’humain dans son environnement. L’exposition est visible jusqu’au 26 novembre 2024.