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Harcèlement d’une enseignante à Salbris : le maire Alexandre Avril toujours au cœur de la polémique

Alors que le procès de l’assassinat de Samuel Paty touche à sa fin, le parquet a requis lundi dix et douze ans de réclusion criminelle contre les deux hommes responsables de la « campagne de haine » ayant visé le professeur, et quatorze et seize ans contre deux amis du tueur. Dans ce contexte lourd, la polémique qui secoue actuellement Salbris résonne d’une manière particulière. Une enseignante de la commune est la cible d’une déferlante de haine, déclenchée par un message posté sur X (ex-Twitter) par Alexandre Avril, maire Union des droites pour la République (UDR) de Salbris.

Un goûter de la Saint-Nicolas à l’origine de la polémique

Le 6 décembre 2024, un goûter est organisé par la mairie pour célébrer la nouvelle halle de Salbris. Dans une communication adressée aux parents via le cahier électronique des écoles, le maire mentionne une référence à la Saint-Nicolas, une figure religieuse. Une enseignante de l’école s’interroge sur une éventuelle atteinte à la laïcité et demande à l’élu de modifier son message. Alexandre Avril accepte, reconnaissant que la neutralité doit être respectée dans l’espace scolaire.

Pourtant, le 3 décembre à 18h39, le maire publie un message sur X qui relance l’affaire :

« Mon quotidien de maire : nous invitons les enfants de Salbris à un goûter vendredi après l’école, offert par la mairie pour la Saint-Nicolas. xxx de l’école s’indigne et fait un signalement à l’inspectrice pour ‘atteinte à la laïcité’. Tout va bien. »

Le message, qui accuse l’enseignante d’avoir effectué un signalement à l’inspection académique — ce qui est inexact —, entraîne des conséquences dramatiques.

Une campagne de haine en ligne

Suite à cette publication, l’enseignante est la cible d’un déferlement de haine sur les réseaux sociaux. Parmi les messages reçus, certains appellent explicitement au viol et d’autres à la mort. Ces attaques, dont la violence rappelle tristement les mécanismes ayant précédé le drame de Samuel Paty, ont nécessité la mise en place d’une protection fonctionnelle pour l’enseignante concernée.

Alors que le rectorat de l’académie Orléans-Tours et Alexandre Avril déclaraient le 4 décembre à France 3 Centre-Val de Loire que l’affaire était « réglée », il n’en est rien. Le maire avait tenté d’apaiser la situation en expliquant que le goûter aurait lieu en dehors du temps scolaire et en précisant avoir retiré son post. « C’est un goûter qui se fera en dehors du temps scolaire donc il n’y a pas d’atteinte à la laïcité. J’ai enlevé mon post. Donc c’est réglé », déclarait-il.

Les communiqués s’enchaînent

L’affaire a provoqué des réactions fermes des organisations syndicales et politiques locales. La FSU avait dénoncé des méthodes caractéristiques de l’extrême droite et rappelait les précédents incidents impliquant Alexandre Avril. En juin 2022, ce dernier s’en était pris aux enseignants du collège de Salbris suite à une action d’éducation à la citoyenneté et à la lutte contre les discriminations. La FSU exige : Un rappel à l’ordre des autorités de l’État, un soutien public ferme et inconditionnel envers l’enseignante, et l’examen des suites judiciaires à donner. « Alexandre Avril utilise des méthodes bien spécifiques à l’extrême droite pour intimider ou se venger des personnels qui font respecter les principes républicains », affirme la FSU.

Communiqué commun des partis de gauche

Un communiqué commun, signé par La France Insoumise, le PCF, Génération.s, le PS et Les Écologistes du Loir-et-Cher, apporte un soutien total aux enseignants et appelle à la responsabilité face aux usages des réseaux sociaux. Les signataires rappellent que ces outils peuvent devenir des « catalyseurs de haine », évoquant là encore l’assassinat de Samuel Paty. « Il s’agit ici de protéger l’enseignement et ceux qui, au quotidien, permettent de faire grandir nos enfants pour une meilleure société », soulignent-ils.

Des responsabilités en question

Si Alexandre Avril déclare que l’affaire est close, les faits montrent que ses publications ont déclenché un véritable déchaînement de violence en ligne. La situation soulève plusieurs questions : Quelle est la responsabilité des élus dans la modération de leurs discours publics ? Comment protéger les enseignants face à de telles attaques, alors que les conséquences peuvent être dramatiques ? La comparaison avec l’affaire Samuel Paty, en cours de jugement, invite à une réflexion plus large sur la protection des personnels éducatifs et sur la lutte contre la haine en ligne.


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