Croix-Chevalier : une initiative qui fait entendre les habitant·es

Depuis cet hiver, Cultures du Cœur 41 mène un projet dans le quartier Croix-Chevalier, à Blois, avec un objectif clair : mettre en avant une image positive du quartier à travers la parole de ses habitant·es. L’association, récemment implantée sur ce territoire, souhaitait aller à la rencontre des résident·es pour recueillir leur perception du lieu où ils vivent. Plutôt que de se limiter à une simple enquête, elle a choisi de mettre en place un dispositif original en enregistrant ces témoignages dans d’anciens téléphones. Ces derniers, installés dans plusieurs endroits du quartier (salle Jorge-Semprun, médiathèque Maurice-Genevoix, Maison des Associations et le complexe sportif Eric-Tabarly) permettront aux habitant·es de continuer à partager leurs récits et d’écouter ceux de leurs voisin·es. L’installation restera en place jusqu’au 31 mai 2025.

« Nous voulions rencontrer les habitants et savoir ce qu’ils pensaient de leur quartier sous un versant positif, car on entend souvent beaucoup de choses négatives. L’objectif était de valoriser ce qui existait déjà, et cela nous semblait important de le faire à travers leur propre parole », explique Léa Bléteau, chargée de projets de l’association.

Pour recueillir ces témoignages, Cultures du Cœur s’est appuyée sur une présence active en pied d’immeuble. Plutôt que d’inviter les habitant·es à se déplacer, l’association a mis en place un dispositif visible et attractif. « Nous mettions en place un étrange parasol coloré, qui attirait l’attention. La Maison de Bégon avait aussi un camion qui suscitait la curiosité. Avec cet ensemble visuel, les gens s’approchaient naturellement. C’était du micro-trottoir sans que nous allions directement à leur rencontre », décrit Léa Bléteau. Ce contact direct a permis d’instaurer un dialogue spontané et de récolter des ressentis variés, allant des impressions positives aux attentes concrètes pour améliorer le cadre de vie.

Les échanges ont révélé des aspects appréciés du quartier, comme l’entraide entre voisin·es, la richesse de l’offre culturelle ou encore la diversité des générations et des origines. « Il y a beaucoup de respect, d’enthousiasme et des sourires. On se fait aider quand on est dans l’entrée, quand on a besoin de monter des courses ou autre chose, parce qu’il y a des escaliers avant l’ascenseur », témoigne une habitante. D’autres ont mis en avant les infrastructures culturelles et les activités proposées aux jeunes comme aux adultes. « La médiathèque à côté, la salle Semprun, le centre Quinière, Bégon… C’est super pour les enfants et les adultes ! » commente une résidente. Pour certain·es, la diversité du quartier et la convivialité qui en découle sont des éléments essentiels. « Il y a des grands, des petits, des cultures différentes et on est tous ensemble, mélangés. Il n’y a pas de différence entre nous », raconte un autre habitant.

Si ces témoignages mettent en avant les atouts du quartier, ils soulignent aussi des besoins concrets. L’entretien des espaces verts, l’organisation d’animations en extérieur et la gestion des déchets sont des préoccupations évoquées. Pour répondre à ces attentes, l’association souhaite aller plus loin en 2025 et engager une réflexion collective. « Nous allons organiser des temps réguliers avec les habitants pour qu’ils décident eux-mêmes des axes prioritaires et des actions à mettre en place pour améliorer le quartier. Ensuite, nous mettrons ces idées en application avec eux », précise Léa Bléteau. Ce mode de fonctionnement, déjà expérimenté à Quinière, repose sur une implication active des habitant·es et une co-construction des initiatives à venir.

Pour marquer une première étape du projet, un temps festif a été organisé avec les habitant·es ce mardi 28 janvier. « Il s’agissait de remercier ceux qui ont témoigné, mais aussi d’en rencontrer d’autres, qui pourront s’investir dans la suite du projet », explique Léa Bléteau. Cette journée a permis à celles et ceux qui le souhaitaient de laisser leurs coordonnées afin de participer aux futures réunions. À partir de maintenant, l’association ne procédera plus par micro-trottoir, mais par des rencontres organisées où les habitant·es auront un rôle clé dans la diffusion et l’évolution du projet. Pour clore l’événement, un concert organisé par Afrik’Consult a rassemblé les résident·es autour des performances de la chanteuse Nana Menthe et du spectacle de percussions L’Appel du Tam Tam.

Ce projet ne s’arrêtera pas là. Cultures du Cœur 41 sera présente dans le quartier jusqu’en 2027, au moins. « Ce projet va continuer à se développer en 2026 et 2027. Il s’inscrit dans le cadre du contrat de ville de Blois », précise Léa Bléteau. Loin d’être une initiative ponctuelle, cette démarche s’inscrit dans le temps et ambitionne d’accompagner les habitant·es vers une transformation positive de leur quartier. « Je savais qu’il y avait du positif, mais je pense que c’est un aspect dont on parle trop peu », conclut Léa Bléteau. Avec cette initiative, les habitant·es ne sont plus seulement des témoins de leur environnement, mais bien des acteur·rices de son évolution.