À Blois, avenue Wilson, au sein de la claire et colorée boutique Déesse, une série de créations attire l’œil : des fragments d’un univers graphique qui ont la fraîcheur d’un jardin en plein essor. Ce sont les œuvres d’Alicia Léon, jeune graphiste et illustratrice qui a choisi de donner à sa pratique un nom d’atelier, Acacia Studio. Derrière ce pseudonyme végétal, il y a Alicia et un parcours qui s’est tissé patiemment, entre le dessin adolescent et les études en design graphique, entre la rigueur d’une identité visuelle et la liberté colorée de l’illustration.
Graphiste et illustratrice, elle revendique ces deux casquettes complémentaires : l’une tournée vers les besoins des entreprises, associations ou particuliers, l’autre vers un travail d’auteur plus libre, mêlant gouache, numérique et tufting.
Un langage fleuri, coloré, joyeux
Chez Alicia, tout commence par la main. Les carnets de croquis débordent d’idées griffonnées, de formes végétales et de compositions pensées d’abord au papier, même lorsque la finalité est numérique. Certaines pièces sont réalisées intégralement à la gouache, scannées puis réimprimées. D’autres prennent vie sur iPad. Mais toujours, la base est dessinée à la main. « L’idée, c’est d’avoir des choses fleuries, colorées, avec des formes graphiques », explique-t-elle. On retrouve ainsi dans ses visuels une obsession avouée pour la fleur, motif récurrent qui cohabite avec des silhouettes féminines, des animaux ou de simples éclats de nature. L’ensemble compose un univers joyeux, « peps », pensé pour transmettre de la vitalité et de la lumière. « J’ai envie que mes visuels apportent un peu de joie aux personnes », résume-t-elle.
Une vocation née au collège
La création n’est pas un accident tardif, mais une vocation installée dès l’adolescence. « Depuis le collège, j’avais envie de faire un truc de mes mains et j’avais envie que ce soit mon métier », dit-elle. Les dessins de jeunesse se transforment progressivement en projet de vie. Après un bachelor en design graphique à e-artsup, elle choisit d’ancrer sa carrière dans ce champ, convaincue que le graphisme est la rencontre parfaite entre le beau et le message, entre la liberté créative et la communication. « On peut répondre à des problématiques par des visuels », souligne-t-elle. Et si son élan créatif a pu se développer si librement, c’est qu’Alicia n’a jamais été bridée. « On m’a toujours laissé la possibilité de m’exprimer », confie la graphiste.
Explorer sans cesse, tester, élargir
Alicia Léon aime explorer, tester, s’aventurer dans de nouveaux champs créatifs. C’est ainsi qu’elle s’est tournée vers le tufting — une manière de « sortir du papier », de créer tapis et suspensions murales. « Je trouvais ça trop chouette quand je voyais les autres faire ça », raconte-t-elle. Cela fait désormais deux ans qu’elle développe cette pratique, passant de petits formats à de grandes pièces, contraintes seulement par l’espace de son appartement. Elle expérimente aussi le collage, s’essaie au vitrail, participe à des ateliers pour alimenter sa curiosité. « C’est comme ça qu’on se nourrit et qu’on développe après nos propres visuels, notre propre art », dit-elle.
Couleur et fleurs comme fil rouge
Quel que soit le support, une constante demeure : la couleur et la fleur. Ces motifs ne sont pas seulement décoratifs, ils structurent son langage graphique. Qu’il s’agisse d’un tapis tufté ou d’une affiche numérique, on y retrouve la même pâte, le même équilibre entre vivacité et délicatesse. « Peut-être une obsession », admet-elle, mais une obsession fertile, qui fait de son univers un territoire reconnaissable.
Sortir du bureau
Si Acacia Studio se déploie en ligne et à travers des commandes professionnelles, Alicia Léon tient aussi à confronter son travail au concret, à la rencontre directe avec les publics. Elle a déjà participé à des boutiques éphémères de Noël, exposé à Montoire-sur-le-Loir, pris part à des marchés. « C’est mon envie de sortir un peu de mon bureau, d’aller dans des lieux et d’avoir du concret, du physique », explique-t-elle. C’est dans cet esprit qu’elle a accepté l’invitation de Damaris Pérez Salas. Une relation de longue date les unit, puisque les deux créatrices avaient déjà collaboré autour du logo Déesse. « On a cet amour pour la couleur toutes les deux, pour les choses vivantes. Donc ça colle bien. » Pour l’avenir, Alicia ne trace pas encore de lignes trop strictes. Elle aspire surtout à « avoir plus de temps pour créer », développer des formats plus grands, explorer toujours plus de techniques. Elle avance comme elle dessine : en laissant pousser les formes, en se nourrissant de curiosité et de liberté.
Pour en savoir plus : studioacacia.fr
