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Alors, ça va votre mémoire ?

« Alors, ça va votre mémoire? », telle était la question posée ce mardi 11 juin à l’Espace Semprun, à Blois, dans le cadre d’une réunion-débat organisée par l’UDAF. Question comme une boutade posée à une assemblée venue nombreuse et qui répond à une inquiétude l’âge aidant. Et si ce n’était pas thème initial , la maladie d’Alzheimer n’a pas tardé à dominer les discussions.

Le docteur Bernard Mercier, chef du service, et Adeline Boutet, psychologue – neuropsychologue à l’Unité Cognitive Comportementale du Centre Hospitalier de Blois ont pris le temps d’expliquer les rouages de nos mémoires. Celle de court terme, la mémoire de long terme, la mémoire consciente liée à un évènement, contrairement à la mémoire sémantique qui ne l’est pas, la mémoire procédurale qui stocke les informations apprises mécaniquement… Bref, la mémoire est plurielle et complexe, c’est un formidable réseau où chaque cellule possède une fonction bien spécifique.

Il est normal d’oublier, pas de panique

Pour retenir l’information, la mémoire procède à son encodage, à sa conservation, puis à son traitement pour permettre son rappel ultérieur. Confrontée à une abondance d’informations, la mémoire sélectionne celles à conserver. Madame Boutet souligne l’influence des émotions : notre expérience émotionnelle joue un rôle crucial dans la détermination des informations que nous retenons en mémoire.

La mémoire n’échappe pas au vieillissement, la perte de capacité est naturelle

Tout comme les autres fonctions du corps, le cerveau devient moins souple avec l’âge et la mémoire vieillit. Garder une mémoire en forme signifie l’entrainer par des activités intellectuelles variées, et le docteur Mercier de louer la lecture, les sudokus et autres exercices cérébraux. Il est également important de maintenir une activité physique et d’avoir des interactions sociales fortes.

Alzheimer

En cas de suspicion de d’affection neurodégénérative, le service du Dr Mercier offre des consultations spécialisées en mémoire. Un diagnostic complet nécessite l’usage de multiples techniques, chaque patient étant un cas unique. Le Dr Mercier a souligné les avancées réalisées lors de l’inauguration de l’Unité Cognitive Comportementale en 2008, dans le cadre du plan national Alzheimer.

Le simple mention de la maladie d’Alzheimer suscite une vive inquiétude. Cette affection détruit progressivement les neurones du cerveau, un par un, et la cause de cette dégénérescence demeure inexpliquée. À ce jour, aucun traitement médicamenteux n’est disponible pour guérir la maladie; seuls les symptômes sont gérés.

Chaque patient est unique, nécessitant une approche prudente. Le premier choc pour les patients est souvent la prise de conscience de leurs troubles cognitifs, tandis que le second est le moment où le diagnostic est confirmé par le médecin. Et là commence l’accompagnement par une prise en charge avant tout sociale et humaine.

La maladie affecte plus fréquemment les femmes que les hommes et se manifeste principalement entre 70 et 75 ans. À ces facteurs de sexe et d’âge s’ajoute la dépression, qui peut exacerber les conditions de maladies dégénératives. Dans ce contexte, le docteur Mercier plaide ardemment en faveur du bonheur : aspirons à être le plus heureux possible et à rendre nos enfants également très heureux. Bien que le facteur génétique soit présent, son influence reste relativement mineure.

Plus une société est humaine, mieux elle sait prendre en charge ses malades

Avec l’apparition de la maladie, la pensée peut devenir moins structurée et entraîner une perte d’autonomie, aboutissant à divers handicaps chez les malades. Il incombe alors à la société de pallier ces handicaps par la mise en place d’aides destinées aux patients et à leurs aidants. Un réseau complet se forme, intégrant une multitude de professionnels, de structures et d’associations, que le docteur Mercier mentionne avec grande gratitude.

Le témoignage courageux de Théo et de sa maman

Théo et sa maman prennent la place des soignants sur la scène. Théo est victime à 19 ans d’un accident de voiture. Après plusieurs mois de coma, il reprend conscience mais doit tout réapprendre. Théo explique ainsi qu’il ne se souvient pas de ce qu’il a mangé au déjeuner mais qu’il se souvient du dernier film qu’il a vu, « Un p’tit truc en plus ». Cet exemple montre l’interaction entre mémoire et émotions.

Théo raconte qu’il fait un stage à l’ESAT (Etablissement Et Service D’Aide Par Le Travail) mais que cela est difficile car il doit « s’adapter à ses soucis et s’adapter aux soucis des autres ». Sa maman précise toutefois que travailler dans un cadre normal pour Théo parait compliqué. Il a besoin d’un environnement protégé et de tâches répétitives.

Accompagner Théo au jour le jour, lui faire confiance tout en le protégeant, s’autoriser enfin 15 jours de vacances sans lui, la maman de Théo raconte son parcours de mère et d’aidante corps et âme. Théo apparait certes hésitant mais heureux d’être là devant l’assemblée, capable de témoigner et de dire sa reconnaissance à sa maman. Ce témoignage à deux voix et cœur nu bouleverse le public.

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