Fermeture de l’usine Poulain : la CGT dénonce Eurazeo
Eurazeo est un groupe d’investissement global, leader européen dans la gestion d’actifs privés, qui exerce principalement dans trois grands domaines : le capital-investissement (Private Equity), la dette privée (Private Debt), et les actifs réels (Real Assets). Le groupe opère à l’international et gère environ 35 milliards d’euros d’actifs, avec une influence notable dans le développement des entreprises à moyen et grand potentiel de croissance. Pourquoi parler d’Eurazeo ? Parce que le groupe Eurazeo détient une participation majoritaire dans la holding CPK, qui possède Carambar & Co. Cette structure a été mise en place lorsque Eurazeo a acquis plusieurs marques de confiserie de Mondelēz International en 2016, regroupant ces marques (Kréma, La Pie Qui Chante, Malabar, Pastilles Vichy, Suchard, etc) sous le chapeau de CPK, avec Carambar & Co comme filiale opérationnelle. Lors de la création de Carambar & Co par Eurazeo, plusieurs marques emblématiques, dont Poulain, ont été regroupées sous cette nouvelle entité. Et désormais, même si Poulain se porte bien, il est question de fermer l’usine de Villebarou, ultime site qui lie la marque à son berceau : Blois (1848).
Ce jour, la CGT 41 dénonce les agissements d’Eurazeo qui déjà en 2020, « avait annoncé la fermeture du site site historique de Carambar… avec comme conséquence la suppression de plusieurs emplois et autant de familles plongées dans la précarité. » Et effectivement la direction de Carambar & Co avait annoncé la fermeture du site historique de Marcq-en-Barœul, qui devait entraîner le déménagement de la production à Bondues. Cette annonce comprenait un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) offrant 105 postes de reclassement, mais avec des baisses de salaires pouvant aller jusqu’à 25%, ce qui a suscité de vives réactions et des grèves parmi les salariés. La direction justifiait ces changements par la nécessité de regrouper les activités dans un site plus moderne et de répondre aux problèmes de compétitivité.
« Trois ans après la fermeture du site de Marcq-en-Baroeul, c’est le site de Blois que Eurazeo menace de fermeture ! », s’indigne la CGT. « Cette fois ce sont 109 emplois menacés. Les arguments de la direction sont plus incongrus les uns que les autres : surcapacité de production, frais fixes trop importants, investissement de 18 millions d’euros pour remettre le site à niveau et assurer sa conformité avec le marché. » Et le syndicat poursuit : « Le fonds Eurazeo, après s’être gavé via des exonérations de cotisations sociales, des réductions d’impôts sur les bénéfices et des aides de l’Etat sous toutes les formes en veut toujours plus. À titre comparatif, les 18 millions d’euros d’investissement nécessaire représentent seulement 3 % des bénéfices annuels du fonds d’investissement ou 10 % des dividendes versés aux actionnaires sur les chiffres 2022. A titre d’exemple, pour l’actionnaire principal, JC Decaux, avec 17,83 % du capital, aurait alors perçu 28 millions d’euros en lieu et place des 31 millions qu’il a perçus pour l’année 2022, seulement pour le groupe Carambar&Co. Eurazeo possède 590 entreprises… pas de quoi mettre en péril sa rentabilité. »
Autre argumentation choc lancée par la CGT, « chaque salarié en CDI pour l’année 2022 a produit près de 150.000 euros de richesse, soit plus de 12.000 euros par mois et a permis de verser en moyenne plus de 45.000 euros de dividendes par actionnaire inscrit au nominatif ! »
L’intersyndicale organise une manifestation dans les rues de Blois le samedi 22 juin, à 10 heures, depuis la préfecture, en direction de l’ancienne chocolaterie. Ceci trois jours avant la prochaine session du CSE à l’usine de Villebarou. Une pétition en ligne (ici) accompagne ce combat en faveur de l’usine Poulain de Villebarou.