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Législatives : les engagements de Reda Belkadi et de Mona Cazin

Les prochaines élections législatives, en deux tours, se tiendront les 30 juin et 7 juillet 2024. Ces élections ont été convoquées suite à une décision du président Emmanuel Macron en réponse aux résultats des élections européennes de 2024. Le Nouveau Front Populaire, lancé le 10 juin, est une coalition des principaux partis politiques de gauche. Cette alliance a été formée en réponse à la montée de l’extrême droite et en opposition aux partis de la majorité présidentielle soutenant Emmanuel Macron. Elle inclut La France Insoumise, le Parti Socialiste, Les Écologistes, le Parti Communiste Français, ainsi que d’autres partis comme Place Publique et Génération.s.

Cette coalition cherche à présenter un front uni pour les élections législatives de 2024, proposant un programme commun axé sur la rupture avec la politique actuelle, l’opposition au projet de l’extrême droite, et la défense des libertés démocratiques. Le programme du Nouveau Front Populaire souligne également des engagements éthiques contre la diffusion de fausses informations, la calomnie et le cyberharcèlement, tout en mettant l’accent sur les urgences sociales, écologiques, démocratiques et pour la paix. Nous avons rencontré Reda Belkadi, candidat dans la 1ere circonscription de Loir-et-Cher, et Mona Cazin, colistière. Avec d’autres militant.es. le moment était au tractage devant l’usine Saint-Michel, à Contres.

Blois Capitale : Voter pour vous dimanche, c’est voter pour le programme du Nouveau Front Populaire, voter pour La France Insoumise, voter pour Reda Belkadi, voter pour Jean-Luc Mélenchon ? Comment définissez-vous votre candidature ?

Reda Belkadi : Je suis aussi bien investi et soutenu par la France Insoumise que par les autres partis, à savoir le Parti Socialiste, les écologistes, les communistes, et en réalité un éventail bien plus large qu’en 2022, notamment avec Place Publique et G.S, en fait, tout ce qui compose en France la gauche institutionnelle. Donc, quand on vote pour le nouveau Front Populaire, on vote d’abord et avant tout pour un programme qui a été rédigé par l’ensemble de ces parties prenantes. C’est le même vote à Blois que dans le reste du pays, indépendamment de l’étiquette du candidat. Il s’agit d’abord d’un engagement sur un programme.

Blois Capitale : Elu député le 7 juillet, Reda Belkadi représentera à la fois les socialistes, les écologistes, les communistes, les insoumis, tout le monde ?

Reda Belkadi : C’est le sens de cette investiture commune. Cela signifie qu’il n’y a pas une étiquette qui prédomine sur l’autre, une étiquette que j’assume au demeurant. Je suis le candidat, et je serai le député, si je suis élu, non seulement de tout cela mais évidemment de tous les habitants de la circonscription. Cela représente un mandat qui implique d’être à l’écoute et de représenter tout le monde.

Blois Capitale : On doit vous le demander, qui serait Premier ministre en cas de majorité de gauche ?

Reda Belkadi : La décision serait collective de toute façon. Personne ne s’est déclaré Premier ministre. Jean-Luc Mélenchon avait dit en 2022 qu’il le serait, aujourd’hui on n’est plus dans cette position. Il a dit qu’il ne se retirait pas, mais ne s’avançait pas non plus. Ce sera une décision collective. Nous verrons à ce moment-là qui sera le mieux à même de rassembler toute cette coalition et, au-delà de cela, qui sera bien vu par l’ensemble des Français.

Blois Capitale : Donc voter dimanche pour Reda Belkadi, ce n’est pas voter pour Jean-Luc Mélenchon.

Reda Belkadi : On vote pour le programme, on vote pour une coalition et pour une coalition qui intègre toutes les personnalités, toutes les sensibilités de gauche.

Blois Capitale : Pourriez-nous expliquer comment s’est décidée l’investiture dans la 1ere circonscription sachant que Marc Gricourt était candidat à la candidature ?

Reda Belkadi : Oui, la décision a été nationale. Le contexte on le connaît, celui d’une dissolution qui implique de tous les partis politiques une responsabilité d’union au nom des électeurs de gauche, avec un cadre encore plus large vu les circonstances exceptionnelles. Donc, c’est parti de là, des négociations à la fois sur le programme, qui est central pour nous, et sur la répartition des circonscriptions en tenant compte de la réalité électorale du soir du 9 juin. Donc, cela a impliqué une reconfiguration par rapport à 2022, avec l’octroi aux socialistes de 100 circonscriptions supplémentaires.

Blois Capitale : Est-ce que le RN peut remporter la circonscription ?

Reda Belkadi : On se bat contre cela, c’est aux électeurs d’en décider, donc oui, tout est possible. Une victoire du RN est possible ici, une victoire de Marc Fesneau est possible, une victoire du Front Populaire aussi, et ça, c’est aux électeurs de décider.

Blois Capitale : Une triangulaire peut changer la donne ?

Reda Belkadi : Elle est possible parce qu’on s’attend à une participation plus importante, et ça implique forcément, mathématiquement, qu’on risque d’avoir plus de candidats au second tour que d’habitude, ce sont les règles du scrutin. Si le RN est très haut au premier tour, ça peut poser problème bien sûr, mais c’est dimanche soir qu’on pourra analyser la situation.

nouveau front populaire 41

Blois Capitale : Un des procès qui est fait à LFI c’est l’antisémitisme, que répondez-vous ?

Reda Belkadi : Sincèrement, on sent que ces attaques se multiplient et ce que nous avons à dire est très simple : nous n’avons jamais été condamnés pour antisémitisme. Nous disons que tous les Français sont égaux, doivent être égaux, et que les fractures qui existent dans ce pays entre les différentes confessions, et d’autres strates de la société, ne sont pas le fait de La France Insoumise ni de la gauche mais d’abord et avant tout de ceux qui gouvernent ce pays. Donc, nous le disons très clairement : nous ne faisons aucune distinction entre les Français en raison de leur confession ou de leurs origines. Quand nous parlons d’antisémitisme, nous ne parlons pas uniquement de religion ; c’est aussi une question de racisme. Mais soyons clairs, je ne militerais pas dans un parti antisémite !

Mona Cazin : Pour compléter, au sein de la France Insoumise, personne n’a été condamné pour des propos antisémites, mais ce n’est pas le cas à l’extrême droite où certains élus ont été condamnés pour des propos antisémites. Et moi, je n’ai jamais entendu personne avoir des propos antisémites au sein de notre parti. Ce serait très condamné si c’était le cas, au sein même de nos rangs.

Blois Capitale : Autre procès, un procès économique disant que votre projet n’est pas viable…

Mona Cazin : Nous avons des économistes comme Julia Cagé ou Esther Duflo, qui est quand même prix Nobel d’économie, et qui a chiffré le programme en assurant que celui-ci était réaliste. Les attaques disent que c’est un programme exorbitant, que c’est impossible d’aller chercher les 300 milliards, mais nous proposons d’aller chercher des ressources là où ni la Macronie, ni le Front National ne veulent aller, à savoir la taxation des superprofits. Voilà, c’est une question de choix politique avant tout, l’économie est avant tout politique. Nous sommes les seuls à avoir un programme chiffré. Ce n’est pas le cas du Rassemblement National !

Reda Belkadi : Et ce n’est pas le cas de la majorité, d’ailleurs c’est souvent d’eux que viennent les attaques. Nous voyons aujourd’hui à l’exercice du pouvoir que leur programme n’est pas viable ; ils poussent les gens dans la précarité sans même régler le problème de la dette. Donc, leur programme, leur bilan montre qu’ils ne sont fiables d’aucune manière sur le sujet économique !

Mona Cazin : Surtout quand on a Bruno Le Maire qui n’a aucune formation économique, si on regarde bien son parcours, et il a quand même réussi à faire baisser la note de performance financière de la France, qui a perdu le triple A. Ce qui est quand même assez fort !

Reda Belkadi : Ce que nous proposons, c’est une relance keynésienne, c’est un choix politique qu’il faut faire. Que les marchés s’en inquiètent, c’est une chose, mais au final, nous sommes convaincus que les gens s’y retrouveront et que ça permettra d’enclencher un cercle vertueux pour la consommation, pour nos industries, pour nos emplois.

Blois Capitale : Quelle est votre motivation pour devenir député ? Que souhaitez-vous accomplir ? Quels sont les sujets qui vous tiennent à cœur ?

Reda Belkadi : Ce que je veux faire, c’est ce que je fais déjà en réalité, en tant que simple citoyen de Blois : être un soutien pour les habitants, être présent dans les moments de lutte quand ils se battent pour améliorer leurs conditions de vie, pour la dignité de leur travail. Lors des mobilisations, par exemple à Poulain, ma présence ce samedi dernier n’était pas opportuniste et liée à l’élection, mais c’est un engagement de longue date que je souhaite amplifier en le portant cette fois-ci à l’Assemblée nationale. Il y a tout un tas de secteurs en lutte dans la circonscription et je souhaite que ces salariés, ces travailleurs, souvent dans l’ombre, se sentent enfin représentés, que leur voix soit entendue à Paris.

Blois Capitale : Y a-t-il des projets de loi spécifiques que vous souhaitez initier ou des commissions que vous souhaitez rejoindre ?

Reda Belkadi : C’est surtout autour des questions sociales que je souhaite travailler : la valorisation du travail, comment faire en sorte que l’on voie une différence entre travailler et ne pas travailler, car les gens nous demandent à quoi cela sert puisque tout augmente et au final, ils peinent à survivre. Nous voulons que les travailleurs ne soient plus dans une logique de survie mais vraiment en mesure de profiter des fruits de leur travail. Il s’agit donc de la revalorisation des salaires et de la question des retraites également, pour que chacun puisse partir avant qu’il ne soit trop tard.

Blois Capitale: Quels sont vos parcours en politique ?

Mona Cazin : Mon lien avec la politique s’est d’abord fait dans un cadre universitaire puisque j’ai étudié les sciences politiques à Rennes, ce qui m’a vraiment forgé sur le plan idéologique. J’ai mis un peu plus de temps à aller sur le terrain. J’ai commencé à participer à des mobilisations étudiantes en première année à Sciences Po, où j’ai manifesté avec mes camarades contre la réforme de l’université. C’est en 2022 que j’ai commencé à militer activement, en vue de la campagne présidentielle. À l’époque, je militais dans le 8e arrondissement, un quartier peu favorable à mes idées. C’est là que j’ai vraiment pris conscience du choc des inégalités. Je me souviens, par exemple, des Galeries Lafayette, où l’on voyait des personnes dormir le long des vitrines de luxe la nuit. Cela m’a vraiment marquée, et c’est à partir de là que je suis vraiment entré dans le militantisme de manière active. À la suite de la présidentielle de 2022, j’ai rencontré Reda et j’ai rejoint le groupe de Blois. En parallèle, j’ai repris des études de droit, car les questions de justice, qu’elles soient sociales ou liées à l’égalité devant la loi, me tiennent à cœur. La France Insoumise est un mouvement qui se base sur le militantisme. J’ai besoin d’être active. Nous n’existerions pas sans nos militants et notre mobilisation. Pour moi, il est nécessaire d’opérer une rupture avec les anciennes approches, notamment celles portées par des personnes comme François Hollande. Pour mener les combats de justice sociale et d’égalité, il faut cette rupture. Pour information, j’ai travaillé ici (Saint-Michel, ndlr) quand j’étais étudiante en tant que saisonnière, et déjà à l’époque, la préoccupation de mes collègues qui travaillaient à l’usine Saint-Michel, c’était celle-ci : les salaires et les retraites. Donc voilà, aujourd’hui, certes le contexte a un peu évolué, mais je pense que ça doit être encore plus préoccupant pour eux aujourd’hui. Je me souviens que, quand je travaillais ici, je trouvais ça très dur, parfois même aliénant. J’étais à côté de personnes qui travaillaient ici depuis 30 ans, et c’est aussi là que j’ai vraiment pris conscience de l’importance des métiers essentiels et de la pénibilité du travail tout simplement parce que je n’avais jamais été confronté à cela auparavant. Pour moi, c’était évident : tu perds ta vie à essayer de gagner ta vie… et puis tu n’es même pas sûr d’avoir des perspectives, tu abîmes ta santé, tu n’es même pas sûr de pouvoir profiter de ta retraite. Il y a quelque chose qui nous tient à cœur dans cette campagne, c’est qu’il y a une grande partie du vote ouvrier, qui historiquement était à gauche, qui aujourd’hui a basculé vers le Rassemblement National. Donc pour nous, il est important de parler à ces personnes-là, de leur montrer que nous sommes sur le terrain, que nous sommes présents à leurs côtés, et que nous nous battons pour leurs droits. Et que le RN ne leur apportera finalement rien sur ces questions sociales.

Reda Belkadi : Je me suis lancé en 2015. Mes premières manifestations concernaient la loi travail. On se sentait attaqué. C’est en 2017 que j’ai rejoint La France Insoumise et suis devenu militant. Dès qu’il y avait une lutte sociale, j’apportais mon soutien aux salariés en lutte. Je rejoins ce que dit Mona : A LFI, c’est par l’action que nous existons. Nos structures de base s’appellent des groupes d’action, car nous n’existons pas sans action tout au long de l’année, qu’il y ait ou non des élections. C’est en agissant depuis 2017 que je me suis formé et que j’ai pris la responsabilité en 2022 de conduire la NUPES dans la circonscription.

Blois Capitale: Qu’est-ce que vous vous engagez à faire si vous êtes élu ?

Reda Belkadi : Mon engagement, en tant que Blésois de naissance et de résidence, est d’être un député présent, disponible, à l’écoute, et qui fera en sorte que les différentes voix dans la circonscription, qui sont en souffrance et se sentent abandonnées, soient entendues. Nous parlions tout à l’heure des salariés de Poulain, et bien les salariés de Poulain et de toutes les usines qui sont en lutte, qui sont menacés de fermeture ou de délocalisation, pourront compter sur l’appui d’un député qui sera présent pour être à la fois sur les piquets de grève aux côtés des parties prenantes de ces décisions, et évidemment au sein de l’Assemblée nationale pour porter cette voix-là.

CANDIDATURES ENREGISTRÉES POUR LE 1ER TOUR DE SCRUTIN – 1re CIRCONSCRIPTION (BLOIS) :

Candidat.eColistiere.eParti
François DassonnevillePatricia MartinetIndépendant
Jean-Marc TranPatricia LefebvreIndépendant
Marc FesneauMathilde DesjonquèresMoDem
Reda BelkadiMona CazinNouveau Front populaire
Marine BardetCédric PeléRassemblement national
Gildas VieiraPatrick PinsonLa France autrement
Alain LombardMichel VilaLutte ouvrière
Pierre-Gilles ParraAnne-Sophie AubertLes Républicains
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