Aux Lobis, Dites-lui que je l’aime, Les Enfants vont bien, La Condition et ciné-débats

Aux Lobis, cette semaine s’organise autour de films qui interrogent la transmission, la maternité, l’absence et les liens que l’on tente de reconstruire quand les images manquent et que les histoires familiales se fracturent. Laëtitia Scherier, directrice du cinéma, présente la programmation. Et nous raconte ses coups de cœur.
Le premier film mis en avant est Dites-lui que je l’aime, de Romane Bohringer. Pour Laëtitia, c’est un choix profondément personnel. « C’est un très gros coup de cœur pour moi, que j’ai découvert à Cannes, puisqu’il était en séance spéciale. » Le film adapte le livre de Clémentine Autain consacré à sa mère, Dominique Laffin, actrice disparue à trente ans en plein début de carrière. Mais le projet a pris une autre dimension. « À la base, elle était supposée faire uniquement une adaptation du livre, mais ses producteurs l’ont convaincue de réécrire le scénario et d’injecter sa propre histoire dedans. »

Car ici, deux trajectoires se croisent : Clémentine Autain, qui a perdu sa mère brutalement à douze ans, et Romane Bohringer, marquée par la disparition d’une mère partie quand elle n’avait que neuf mois. « Les deux jouent leur propre rôle. Elles parlent elles-mêmes de ce qui leur est arrivé. » Le film devient un objet hybride, entre documentaire et fiction. « Elles reconstruisent des images parce qu’il leur manque des images de ces mères absentes. » Autour d’elles, une psychologue accompagne les tentatives de compréhension, le pardon et la question centrale : comment devenir mère quand le modèle a manqué. « C’est un film extrêmement touchant, auquel tout le monde peut s’identifier, même si on a grandi avec une mère ou pas. »

La deuxième sortie nationale est Les Enfants vont bien, de Nathan Ambrosioni. C’est son cinquième long-métrage. Au début du film, une mère célibataire arrive épuisée chez sa sœur, jouée par Camille Cottin. Et au petit matin, elle disparaît en laissant ses enfants derrière elle. « Plutôt que de suivre sa fuite à elle, le réalisateur va suivre Camille Cottin et les enfants, et s’intéresser à ceux qui restent et à la douleur du silence d’un proche qui disparaît sans laisser de traces. » La présence de Juliette Armanet, très brève mais déterminante, ouvre la narration. Et Camille Cottin surprend : « Ça fait beaucoup de bien de la voir dans un vrai rôle dramatique. »

Pour le jeune public, le cinéma propose Première neige, un programme de courts-métrages pour les enfants à partir de trois ans : « Un programme de sept courts-métrages sur les plaisirs et les joies de l’hiver. » Une rareté se glisse dans le dispositif : « On entend la voix des enfants qui narrent certains films. »
Cette semaine est aussi marquée par des ciné-débats autour de la question du soin et de la fin de vie. Jeudi soir (20h30), Les Yeux ouverts, documentaire tourné à l’hôpital Jeanne-Garnier à Paris : « Il a tourné pendant un peu plus d’un an, auprès des patients et des équipes soignantes. » La séance est animée par le Comité départemental de soins palliatifs du 41, dans le cadre de la Journée mondiale des soins palliatifs.

Dans le cadre d’un partenariat mis en place cette année avec le Salon des Vins du Coin, une double exposition de l’Épicurienne Anonyme et de la photographe Anila Gill est installée dans le hall du cinéma jusqu’au 20 décembre. Vendredi, à partir de 19h, aura lieu une dégustation de vin avec deux paysans-vignerons, Thomas Guiouillier et Félix Gautier, suivie à 20h30 de la projection du documentaire « Levure indigène » de Justine Saint-Lô, en présence de la réalisatrice pour un débat. Le bar sera ouvert samedi de 14h à 19h.
Et ce n’est pas fini… lundi 8 décembre : Berlinguer, la grande ambition, séance organisée avec Ciné’Fil et Europe Ensemble, autour de la figure politique d’Enrico Berlinguer. « Le film retrace l’ascension du chef du plus puissant parti communiste d’Europe occidentale. »

Mardi 9 décembre (20h30), enfin, l’avant-première de La Condition, de Jérôme Bonnell, adaptation du roman Amours de Léonor de Récondo, publié en 2015. Laëtitia Scherier précise : « C’est le huitième film de Jérôme Bonnell. L’action se déroule en 1908, au tout début du XXᵉ siècle. C’est un film sur la sororité, sur les rapports de pouvoir et sur la condition des femmes. » Elle décrit le trio d’interprètes : « On suit un trio de personnages, avec Swan Arlaud — qui est vraiment excellent — sa femme, et une domestique qui est aussi sa maîtresse. »
Laëtitia raconte l’élément déclencheur : « La domestique tombe enceinte. À partir du moment où la grossesse est découverte, la femme pose une condition. » Elle ne dévoile pas la nature de cette condition, « pour ne pas raconter le film », mais poursuit : « Tout le film est vraiment basé sur les conventions, les non-dits de cette époque-là. » Le dispositif visuel fait partie du propos : « L’essentiel du film se déroule en huis clos, dans une grande maison bourgeoise. On ressent très fortement l’enfermement des personnages, notamment dans leur condition de femmes et de mères. » Elle développe également l’enjeu dramatique :
« On voit la tentative de trouver une échappatoire pour pouvoir échapper à un mari, un amant qui finit par devenir un bourreau. » Et elle conclut : « C’est un très beau film. » Voilà qui donne envie.
Horaires et informations : blois-les-lobis.cap-cine.fr

