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Ben, « À bas l’impérialisme ! » : la Fondation du doute ouvre sa saison à Blois

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La saison 2025-2026 de la Fondation du doute s’ouvre sur une exposition qui a valeur d’hommage et de manifeste. Intitulée « À bas l’impérialisme ! », elle rassemble à Blois, du 4 octobre au 14 décembre, une sélection d’œuvres de Ben Vautier (1935-2024). Le commissariat a été confié à sa fille, Éva Vautier, qui a choisi de mettre en lumière un axe central de la pensée de l’artiste : la critique des rapports de domination, qu’ils soient culturels, politiques ou symboliques.

Une exposition en résonance avec l’histoire

Le titre reprend celui de plusieurs tableaux-écritures de Ben. Il dialogue directement avec le thème 2025 des Rendez-vous de l’histoire de Blois, « La France ? ». Sur près de deux cents mètres carrés, le parcours condense soixante-dix ans d’une œuvre foisonnante et radicale. Une œuvre « joyeusement protéiforme et terriblement sincère », marquée à la fois par l’esprit néo-Dada de Fluxus et par la pensée ethniste de l’indépendantiste occitan François Fontan, proche de Ben.

Il s’agit moins d’une rétrospective que d’une plongée dans une critique en actes. Les toiles, installations et objets rassemblés dénoncent le centralisme français, l’universalité proclamée par l’Occident et la mise à l’écart des cultures dites minoritaires. Pour Ben, chaque langue est une vision du monde : l’étouffer, c’est supprimer l’imaginaire qu’elle porte. L’exposition rappelle cette conviction qui fut l’un des moteurs de sa création.

« Pour Ben, une exposition n’était jamais un simple accrochage », souligne Éva Vautier, sa fille. C’était « un lieu de tension, de friction, de jeu », un espace où l’art devait interroger le spectateur et le pousser à réagir. Dans son travail de commissariat, elle dit avoir repris les méthodes apprises à ses côtés : goût du choc visuel, clarté du message, densité maîtrisée, respiration dans le parcours. Ce dialogue, désormais intérieur, lui a servi de guide. La Fondation du doute, confiée à Ben en 2013, apparaît dans cette continuité : un lieu à mi-chemin entre laboratoire et happening, fidèle à l’esprit Fluxus, « intensément vivant ».

Le plan scénographique décline six séquences : « À bas la culture » ; « À bas l’impérialisme » ; « Message des cultures » ; « Paris n’est pas le centre du monde » ; « Gloire, pouvoir, argent » ; « Nous et les autres ». Au centre, une table ronde et des fauteuils accueillent « Guerre & Paix » (2023), installation où le visiteur est invité à s’asseoir. Ainsi se dessine un cheminement thématique, où slogans, mots et images se font autant de coups de semonce.

Des œuvres comme manifestes

De pièce en pièce, l’exposition fait résonner les phrases-chocs de Ben : « À bas l’impérialisme » (1993), « Paris n’est pas le centre du monde » (1993), « Pas de peuple sans sa langue » (1995), « Attention la culture manipule » (1994). D’autres œuvres portent le regard sur l’actualité : « Génocide en cours » (2023), « Souriez on est en guerre » (2023). Le triptyque « Pouvoir », « Gloire », « Argent » (1991) condense les ressorts de la domination. Les miroirs peints – « C’est vous l’autre » (1987), « Qui êtes-vous ? » (2019), « Je suis en guerre avec moi-même » (2003) – impliquent directement le spectateur. L’installation « On nous raconte des histoires » (1991), avec six pupitres d’écoliers en plusieurs langues, expose la pluralité des récits. Chaque pièce, qu’elle soit toile, objet, collage ou miroir, prolonge la même interrogation : comment préserver la pluralité des imaginaires face aux forces normalisatrices ?

Ben, l’art comme doute

Artiste notable du XXᵉ siècle, Ben a marqué la scène française et internationale par son impertinence et sa capacité à provoquer le débat. Ses tableaux-écritures, devenus iconiques, ne furent qu’une des formes de son travail. Il a utilisé tracts, manifestes, mail-art, gestes et actions pour produire un « choc tactile et moral ». Proche de Duchamp, compagnon de route de Fluxus dès 1962, il a cherché à brouiller les frontières entre art et vie. Sa pratique de la signature radicale — « signer tout » — posait la question même de l’art : « tout est art ? ». Passeur infatigable, il créa des lieux de rencontres et de dialogues, du Laboratoire 32 à Nice (1958) à la Fondation du doute (2013), en passant par la galerie « Ben doute de tout » (1965).

Une programmation autour de l’exposition

Le vernissage est prévu le vendredi 3 octobre à 18 h 30. Le lendemain, samedi 4 octobre, un hommage intitulé « Faites le mur ! » rappellera la commande publique inaugurée en 1995 à Blois : le Mur des mots, rétrospective de 313 plaques émaillées. La journée comprendra une visite avec Éva Vautier (16h) et, en soirée, une réinterprétation de « Window music », concert inaugural dirigé par Ben en 1996.

Suivront plusieurs rendez-vous : un dialogue d’objets dans le cadre du festival AR[t]CHIPEL et des Rendez-vous de l’histoire (9 octobre), un café historique « Fluxus, Maciunas et le design graphique » avec Benoît Buquet (13 décembre), ainsi qu’une rencontre annoncée autour de « Fluxus et l’anti-impérialisme ».

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