Blois : une mobilisation contre les violences faites aux femmes
Lundi 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, une mobilisation s’est tenue à partir de 17h30 sur l’escalier Denis Papin, au cœur de Blois. Organisée par les collectifs locaux CGT, FSU, Solidaires, Planning Familial, CDDF et Noustoustes, cette manifestation a rassemblé plusieurs dizaines de personnes. Discours engagés et chiffres accablants ont marqué cette soirée dédiée à dénoncer les violences sexistes et sexuelles.
Une mobilisation locale dans un contexte alarmant
Sur l’escalier symbole emblématique des rassemblements citoyens à Blois, les voix se sont élevées pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles, un fléau persistant en 2024. La foule, composée d’habitant·es, de militant·es syndicaux·ales et d’associations féministes, a répondu à l’appel des organisateur·ices. Dans leurs discours, elles ont rappelé l’urgence d’une action collective et la nécessité de politiques publiques ambitieuses.
Les violences sexistes et sexuelles continuent de sévir en France : 122 féminicides ont été recensés cette année, et chaque année, 213 000 femmes et personnes assignées femmes subissent des violences conjugales tandis que 94 000 viols ou tentatives de viols sont signalés. Ces chiffres, bien qu’inquiétants, restent sous-estimés, car ils reposent sur des déclarations souvent freinées par la peur ou le manque de confiance dans les institutions.
Les organisateur·ices ont également souligné le caractère intersectionnel de ces violences, qui touchent encore plus durement les femmes et personnes issues de minorités ou appartenant à la communauté LGBTQIA+. Une militante a déclaré avec force : « Ces violences sont systémiques et ne peuvent être dissociées du racisme, des LGBTIphobies et des oppressions économiques. »
Un discours poignant sur les violences patriarcales
Le discours prononcé lors de la mobilisation a mis en lumière l’omniprésence des violences patriarcales, qui s’exercent dans tous les aspects de la vie : au foyer, dans les lieux d’étude et sur les lieux de travail. Ces violences sont renforcées par les inégalités économiques, les femmes et personnes assignées femmes étant surreprésentées dans les secteurs du soin, du social et des services, où elles sont particulièrement exposées.
Les organisateur·ices ont également dénoncé l’inaction des pouvoirs publics face à ce problème. « Les politiques publiques actuelles sont insuffisantes, et les gouvernements successifs, y compris celui d’Emmanuel Macron, ont échoué à répondre à nos revendications ». Il a aussi été rappelé l’éviction du juge Édouard Durand de la CIIVISE, symbole du désintérêt croissant des autorités pour les questions féministes.
En solidarité avec les femmes du monde entier
Au-delà des violences subies en France, une dimension internationale a marqué la mobilisation blésoise. Une pensée particulière a été adressée aux femmes et personnes assignées femmes palestiniennes, ukrainiennes, congolaises, kanaks, libanaises ou afghanes, qui subissent des violences liées aux conflits armés, aux régimes autoritaires ou à des structures sociales profondément patriarcales.
Une militante du Planning Familial a déclaré : « Nous sommes ici non seulement pour dénoncer les violences en France, mais aussi pour soutenir nos sœurs et adelphes à travers le monde, celles et ceux qui n’ont pas la possibilité de manifester, celles et ceux qui sont réduit·es au silence. »
Un rejet clair des récupérations politiques
La mobilisation a aussi été l’occasion de dénoncer les récupérations politiques des violences sexistes, notamment par l’extrême droite. Le Rassemblement National a été vivement critiqué pour son instrumentalisation du sujet à des fins racistes, comme lors de l’affaire Philippine. Les intervenantes ont rappelé que les violences sexistes et sexuelles transcendent les origines des agresseurs et sont le produit d’un système patriarcal global. « Nous refusons les manipulations ignobles de l’extrême droite, qui n’utilise la lutte contre les féminicides que pour alimenter sa xénophobie. La lutte contre les violences sexistes doit être universelle, sans distinction d’origine ou de nationalité. »
Une revendication forte : un cadre intégral contre les violences
Les discours ont également mis en avant des propositions concrètes pour lutter contre les violences. Inspirée du modèle espagnol, une loi-cadre intégrale est réclamée, assortie d’un budget de 2,6 milliards d’euros, bien loin des 85 millions actuellement prévus en France pour 2025. Cette loi inclurait :
- Un congé d’urgence pour les victimes de violences conjugales, leur permettant d’effectuer leurs démarches administratives et juridiques ;
- Une facilitation de la mobilité géographique pour protéger les victimes ;
- Une sanction systématique des agresseurs sur le lieu de travail, afin d’éviter que les victimes soient contraintes de quitter leur emploi ou leur environnement.