Bonneau : « Nous nous dirigeons vers une société d’usage et non de propriété »

Aujourd’hui, au Château royal de Blois, dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire, on trouvait à la même table que Clément Beaune, le ministre chargé des transports, François Bonneau. Le président de la région Centre-Val de Loire depuis 2007 a exprimé son point de vue sur la question épineuse des transports (premier budget avec 442M€ en 2020 par exemple).
« J’évoquerai d’abord mon histoire personnelle, illustrant l’évolution de la mobilité. J’ai grandi dans un milieu ouvrier où la voiture représentait le symbole de la modernité et de l’émancipation. Car à l’origine, mon père allait travailler à vélo, a expliqué François Bonneau, avant de louer l’autopartage. Aujourd’hui, la vision de la voiture comme objet de propriété évolue. Nous nous dirigeons vers une société d’usage et non de propriété. À ce propos, Marc Gricourt travaille sur un projet de voiture partagée, qu’il expérimente dans des zones rurales. Ces voitures, électriques, pourraient révolutionner la mobilité locale. »
Le président de la région a rappelé des erreurs du passé : « Le TGV, malgré ses avancées, a eu pour conséquence la fermeture de nombreuses petites lignes jugées non rentables. Or, la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, par exemple, est vitale pour l’aménagement du territoire. La grande vitesse est une fierté nationale, mais elle ne doit pas cannibaliser les autres moyens de transport. Pour réduire la dépendance aux avions sur les trajets courts, nous devons promouvoir le train. Nous devons aussi repenser notre matériel roulant. La tendance actuelle est aux trains lourds, alors qu’il nous faudrait des trains plus légers pour des lignes secondaires. »
L’élu local a expliqué certains défis en cours : « La transition énergétique est également un sujet majeur. D’ici 2028, tous les bus scolaires fonctionneront sans diesel, et nous avons déjà entamé des projets de conversion. L’hydrogène, à partir d’électricité non carbonée, pourrait être une solution d’avenir, adaptée à différents moyens de transport. »
Sur le plan financier, le budget des transports a augmenté significativement, passant de 29% à 41% du budget régional en seulement 5 ans. Ce chiffre illustre les efforts déployés, même si des insatisfactions demeurent. « La question de la mobilité ne se limite pas à des considérations techniques ou économiques. Elle est également sociale. La transition énergétique ne doit pas se faire au détriment de certains groupes de population. Nous devons éviter une nouvelle fracture sociale », a lancé François Bonneau.
En bref, le président de la région Centre-Val de Loire a plaidé pour une approche holistique, combinant différents modes de transport et sources d’énergie. Une collaboration avec le gouvernement est essentielle à ses yeux, pour garantir un financement pérenne. Une question qui dépasse les frontières nationales et doit aussi être abordée à l’échelle européenne.