Ce « Usu vetera nova » qui nous invite à y réfléchir
En flânant rue Pierre de Blois, on ne peut s’empêcher de remarquer la porte emblématique de la maison au n° 1, gravée des mots « Usu vetera nova ». Ces mots résonnent à travers le temps, témoignant de la capacité de la bâtisse à se régénérer et renaître. Traduit grossièrement, cela signifie « avec le temps, le vieux devient neuf » ou « le vieux devient neuf par l’usage qu’on en fait. »
Construite au XIIe siècle, cette maison a vu des remaniements majeurs au XVIe siècle. Les époques se sont succédé, mais l’idée de recyclage et de renaissance a persisté. Les archives du Loir-et-Cher dévoilent un récit intéressant. En 1465, Pierre Goret, locataire, s’est lancé dans des réparations majeures, transformant presque entièrement la maison. Grâce à cette initiative, il a réussi à négocier une réduction de loyer auprès des religieux de la collégiale Saint-Sauveur.
En 1525, un autre chapitre de son histoire se dévoile. Jacques Viart, un dignitaire du comté de Blois, a conclu un bail emphytéotique de 99 ans pour la propriété, s’engageant à d’importantes réparations. C’est durant cette période que la façade, l’inscription emblématique et le tabernacle riche en détails ont été ajoutés. Ces motifs, inspirés des œuvres de Rosso Fiorentino à Fontainebleau, attestent de l’influence de l’art de la Renaissance, lit-on dans « Blois, histoire et patrimoine », de Pascal Nourrisson et Jean-Paul Sauvage (Editions Sutton).
Mais comme toute vieille dame, la porte « Usu vetera nova », faite à l’origine de tuffeau, a connu des périodes sombres. Son état s’est détérioré au fil des ans. Heureusement, grâce à la détermination de monsieur Thomas, et avec le soutien indéfectible de l’association des Amis du vieux Blois, elle a été restaurée à sa gloire d’antan.
À Blois, cette maison ne se contente pas d’exister; elle philosophe. Elle rappelle une époque où les murs étaient des toiles racontant des histoires, éduquant les passants. Son enseigne, regrattée, nous parle de la cyclicité de la vie, de l’érosion et de la renaissance, de la dualité entre le vieux et le neuf.
Le charme du latin, dans lequel l’inscription est gravée, ajoute une touche de mystère. Les multiples interprétations de « Usu vetera nova » invitent à la réflexion sur la nature éphémère et pourtant perpétuellement renouvelable de tout ce qui nous entoure.
On peut comprendre « Si l’on s’en sert, les vieilles choses se font neuves » comme « Si l’on s’en sert, les choses neuves se font vieilles ». Ou bien : « À l’expérience, le vieux peut se révéler neuf ». Ou encore : « L’ancien, avec le temps et l’usage, retrouve une nouvelle jeunesse ».
Mais en fin de compte, qu’importe la traduction exacte… C’est la question, le voyage à travers le temps et la réflexion sur la régénération, qui compte. La vieille maison, avec ses inscriptions malicieuses, sert de rappel vivant que tout, même le plus ancien, peut être renouvelé avec soin et amour.