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Chez Aurélie Maarek, l’art circule d’une rive à l’autre avec Florence Le Marec et Yepun Yepun

C’était une douce soirée de décembre en bord de Loire. La nuit tombait sur le quai Amédée Contant, une lumière tranchait. Devant la galerie éphémère d’Aurélie Maarek, au symbolique 41, les silhouettes se pressaient, conversaient, riaient ; la porte grande ouverte laissait s’échapper un flot de voix, un mouvement continu de visiteurs. Dans l’encadrement de la façade, on apercevait les peintures bleutées et minérales de Yepun Yepun, les formes enfumées et polies de Florence Le Marec, les regards attentifs de celles et ceux qui entraient, qui sortaient, qui revenaient.

Ce soir-là, et jusqu’à dimanche, Aurélie Maarek accueille l’exposition « D’une rive à l’Autre », rencontre entre deux artistes dont les écritures, très distinctes, s’accordent en un dialogue où la matière, la couleur et le geste semblent se répondre sans s’imiter. Et au centre de ce dispositif, Aurélie, discrète et heureuse, organisatrice de ce quatrième rendez-vous artistique chez elle, un lieu privé devenu espace d’art, espace de passage, espace de lien.

galerie éphémère d’Aurélie Mareck

Aurélie Mareck : « Ouvrir les horizons, ouvrir les portes »

Tout commence avec elle, avec son histoire, avec ce long passé antillais dont elle parle avec chaleur. Pendant plus de dix ans, en Martinique, Aurélie Maarek organisait déjà des expositions dans son restaurant. Ce travail a créé un réseau artistique « sur la Caraïbe au sens large », explique la native de Blois, et a façonné sa manière de recevoir et de faire circuler l’art. Installée à Blois depuis cinq ans, elle a recréé ici ce même mouvement, cette même hospitalité. « Quand j’ai eu cet espace, je me suis dit : j’ai envie de partager l’amour de la culture. De l’ouvrir à un maximum de monde, de dynamiser les rencontres humaines autour de quelque chose de noble et accessible à tous », confie-t-elle.

Ses premières expositions blésoises ont naturellement accueilli des artistes martiniquais. « Je ne connaissais pas grand monde en arrivant, alors j’ai invité mes amis de Martinique », dit-elle. Très vite, d’autres créateurs sont venus d’eux-mêmes, attirés par le lieu, ses événements conviviaux, l’énergie qu’elle y déploie. Ce qui la motive : montrer ce qui la touche, créer du lien, rendre l’art quotidien. « Pour moi, l’art n’est pas élitiste. Rien n’interdit de venir à une expo, de visiter, de découvrir. Je trouve que ça fait du bien à l’âme, ça fait du bien aux yeux. » Dans sa voix, aucune stratégie : seulement la volonté de rendre possible. « J’aime autant le rapport humain que le rapport artistique. » Au fond, c’est cela qu’elle crée : un espace où tout le monde peut entrer, regarder, interroger, rencontrer. Un lieu où l’on s’entend, où l’on respire, où l’on ose poser des questions. Un lieu qui, ce soir-là, débordait de monde.

Florence Le Marec : « Je maîtrise un peu plus la matière… mais c’est elle qui me transcende »

Devant ses sculptures, Florence Le Marec parle d’abord de gestes, de patience, de temps long. « C’est toujours ce travail de polissage et d’enfumage qui m’intéresse », explique-t-elle. Elle relève dans ce processus « une part d’aléatoire », une imprévisibilité qui fait partie du résultat. Certaines pièces sont récentes, d’autres proviennent de son travail plus ancien autour des arbres, initié à Molineuf.

Florence Le Marec

En parallèle, pour cette période de décembre, elle a créé des ex-voto en céramique et « des petites fleurs… parce que c’est Noël, des petites pièces que les gens peuvent s’offrir. C’est difficile de s’offrir une pièce à 350 euros. Plus facile d’en offrir une à 25 ou 30. »

L’exposition présente plusieurs années d’évolution artistique : kurinuki, enfumage, taille dans la masse, émail… autant de voies explorées jusqu’à ce que la matière elle-même prenne la main. « Je connais mieux la matière, je maîtrise un peu plus la matière. » Puis elle sourit : « Je ne sais pas si moi je la transcende… mais elle, elle me transcende. » Aujourd’hui, elle se projette déjà vers un projet ambitieux pour 2027. Un projet « top secret », encore à l’état d’ébauche. « La céramique, c’est long… Il faut laisser le temps au temps. »

Yepun Yepun : « Chaque pièce est le fruit d’un moment, d’un instant »

Les toiles de la chilienne et blésoise de Yepun Yepun diffusent une vibration très différente : bleus profonds, or, fumées noires, strates qui semblent monter ou descendre. On y voit des gestes précis, lents ou impulsifs, une densité, parfois une douceur.

Sur d’autres murs, des œuvres plus anciennes, éclatées, expérimentales, où les couleurs s’entrechoquent.

« Dans cette pièce, ce sont mes premières créations. J’expérimentais les couleurs, les supports, la matière », explique Claudia, alias Yepun Yepun. Son nom d’artiste est originaire du pays de son enfance. « Ça vient du mapudungun : étoile, étoile scintillante. J’avais envie de créer des choses qui touchent, un peu inaccessibles et lumineuses. »

Aujourd’hui, la colonne vertébrale de son travail est la stabilité. Elle cherche l’harmonie, toujours dans les couleurs. Sa double culture, chilienne et française, imprègne chaque toile. « Elle inspire toutes mes créations. Il y a beaucoup du Chili, mais aussi beaucoup de France. » Pour l’avenir, elle veut explorer davantage la matière : plâtre, collage, métal. « J’ai envie que ça bouge et de faire des choses différentes tout le temps. »

Aurélie Mareck
Marc Gricourt, Yepun Yepun, Florence Le Marec, Fabienne Quinet et Aurélie Mareck.

La rencontre des deux artistes : une résonance inattendue

Florence et Claudia ne se connaissaient pas avant l’exposition. C’est Aurélie Maarek qui les réunit. Et quelque chose s’est aligné immédiatement. Yepun Yepun raconte ce moment : « J’ai posé mes toiles, et ses œuvres se sont posées sous les miennes… C’était impressionnant. » Florence Le Marec ressent la même évidence : « Quand elle a posé ses étoiles et que moi j’ai posé mes céramiques, ça marchait bien. Ça fonctionnait. » Le titre de l’exposition, « D’une rive à l’Autre », en bord de Loire, trouve là tout son sens, un autre sens : un passage, un dialogue, une circulation silencieuse entre deux écritures artistiques très différentes.

Jusqu’à dimanche, les rives se rejoignent du coté de la Creusille. Tout simplement, dans une maison ouverte. Dans un lieu qui accueille, qui relie, qui éclaire. Un lieu où l’on a envie de revenir.


📍 Galerie Éphémère — 41 quai Amédée-Contant, Blois
📅 Jusqu’au dimanche 14 décembre 2025
🕑 14h00 – 19h00
💶 Tarif : Entrée libre

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