Émeutes en France : que disent l’analyse de l’Ifop et le sondage d’Ipsos
La France a récemment connu une onde de choc après la mort de Nahel le 27 juin 2023, un événement tragique qui a déclenché une série d’émeutes à travers le pays. Les données démontrent que ces violences sont d’une ampleur et d’une intensité inédites.
Le rapport de l’Ifop décrit les émeutes de 2023 comme étant beaucoup plus intenses et destructrices que celles de 2005, qui avaient duré près de 20 jours. Les statistiques sont éloquentes : près de 12.000 véhicules ont été incendiés contre 9.400 en 2005. Les attaques contre les bâtiments publics sont également en hausse significative, avec plus de 2.508 bâtiments publics ou privés incendiés ou dégradés, contre 233 en 2005.
Les forces de l’ordre ont été déployées en nombre pour rétablir l’ordre, avec près de 45.000 hommes mobilisés au plus fort des émeutes contre 12.000 en 2005. Les blessures au sein des forces de l’ordre ont également augmenté, avec 722 blessés cette année contre 217 à l’époque.
Ces émeutes ont été plus brèves, mais leur propagation a été beaucoup plus rapide qu’en 2005. Les troubles se sont répandus dans 533 communes, selon Christophe Béchu, ministre de la Cohésion des Territoires, contre 433 en 2005.
Selon l’Ifop toujours, l’escalade rapide des émeutes a été facilitée par l’utilisation des réseaux sociaux. Des plateformes comme Twitter, Facebook, Instagram et Tiktok, qui n’existaient pas lors des émeutes de 2005, ont permis la diffusion rapide d’images et de vidéos de violence, contribuant à l’effet de mimétisme qui a contribué à l’embrasement de nombreux foyers à travers le pays.
L’analyse de l’Ifop souligne également que les « corridors de feu » de 2005 se sont répétés cette année, avec de nombreux des mêmes quartiers qui ont été le théâtre de violences et de déprédations. Ces quartiers défavorisés ont une longue histoire de violences urbaines, et des compétences en matière d’affrontements avec les forces de l’ordre se sont développées au fil des ans.
Ces violences urbaines ne sont pas le fruit d’un seul facteur, mais plutôt d’un ensemble de circonstances qui se sont superposées. Les zones touchées par les émeutes sont parmi les plus pauvres de France, ce qui souligne le rôle de la pauvreté et des difficultés sociales dans l’alimentation de ces émeutes.
La mort de Nahel M., un adolescent d’origine algérienne, a été le déclencheur de ces émeutes. L’identification à Nahel de jeunes issus de l’immigration, vivant dans des quartiers populaires et ayant un rapport tendu avec la police, a été un facteur majeur dans l’embrasement des émeutes. Les relations tendues entre les jeunes hommes issus de l’immigration et la police ont créé un climat hautement inflammable. Le sentiment d’un clivage entre « nous » (les personnes issues de l’immigration) et « eux » (les « blancs », les « gaulois », « les Français ») a été exacerbé par ces événements.
La France est à un point critique, avec une population jeune et diverse confrontée à des défis socio-économiques et à des tensions avec les forces de l’ordre. Il est crucial de s’attaquer à ces problèmes de front, pour assurer une France plus unie et plus juste pour tous ses citoyens.
La droite en progression, la gauche en déclin selon le baromètre Ipsos-Le Point
Selon le dernier baromètre politique Ipsos-Le Point, les récentes émeutes qui ont secoué la France ont considérablement impacté la cote de popularité des différentes personnalités politiques. Les personnalités de droite et d’extrême droite semblent en être les principales bénéficiaires, avec une augmentation marquée de leurs cotes, tandis que celles de la gauche connaissent un net recul.
Tout d’abord, les cotes de confiance d’Emmanuel Macron, le Président de la République, et d’Élisabeth Borne demeurent stables, malgré le contexte agité. Cependant, la popularité du Président s’améliore parmi les sympathisants de LR (37%, +4 points), même si elle chute parmi ceux du RN (9%, -5 points).
À l’extrême droite, la situation est plutôt favorable. Trois personnalités parmi les cinq ayant la cote de confiance la plus élevée sont issues du RN ou de Reconquête. Marine Le Pen conserve la seconde place avec 37% (+2 points), suivie de près par Jordan Bardella qui progresse de 4 points pour atteindre 33%. Marion Maréchal gagne quant à elle trois points pour arriver à 31%.
Côté droite, Éric Ciotti, président des Républicains, voit sa cote de confiance augmenter de 3 points pour atteindre 21%, une progression principalement due à l’augmentation de sa popularité auprès des sympathisants du RN (33%, +14 points). Bruno Retailleau progresse également, avec une cote à 15% (+2 points).
Concernant les ministres ayant incarné le maintien de l’ordre lors des émeutes, Gérald Darmanin et Éric Dupont-Moretti tirent leur épingle du jeu avec respectivement 28% (+4 points) et 23% (+2 points) de cotes de confiance. Cependant, certains ministres moins marqués à droite, comme Olivier Véran et Gabriel Attal, voient leurs cotes de confiance baisser (respectivement -3 points et -2 points).
Le contexte tumultueux semble défavoriser la gauche. Toutes ses personnalités politiques enregistrent un recul, notamment Jean-Luc Mélenchon (22%, -3 points), François Ruffin (21%, -3 points), et Fabien Roussel (PCF, -4 points). Les figures de la centre-gauche, Bernard Cazeneuve et Anne Hidalgo, subissent également une baisse de leur cote de confiance de 3 points et 5 points respectivement. Le candidat écologiste Yannick Jadot n’est pas en reste, avec une baisse de 4 points (20%). L’avenir dira si ces tendances se confirment.