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IVCH® 2026 : la révolution silencieuse de la valeur humaine

Quelque chose est en train de se déplacer dans la manière d’évaluer une entreprise, et ce déplacement vient de Blois. Le lancement national de l’IVCH® — Indice de Valorisation du Capital Humain — initié par Déborah Sciou, fondatrice du Groupe DS et de DSExpertise, marque un tournant, avec un outil objectivable qui propose de mesurer la contribution réelle du facteur humain dans la valorisation d’une entreprise.

Cette démarche émerge d’une expérience empirique, née sur le terrain. Pendant plus de dix ans, Déborah Sciou a été sollicitée pour analyser des organisations lors de cessions ou de transmissions, où comprendre la valeur réelle d’une entreprise est fondamental. Elle raconte comment, un jour, un différentiel de 60 000 euros a bloqué un rachat d’entreprise de plusieurs millions de chiffre d’affaires. Après une analyse humaine approfondie, elle a appelé le repreneur pour lui dire : « Tu arrêtes de poser des questions, les 60 000 euros, tu vas les récupérer très vite. » L’opération s’est conclue immédiatement. L’évidence, pour elle, était claire : ce que l’entreprise pouvait devenir valait largement la somme discutée. « On l’a valorisée autrement », dit-elle. Peu après, la banque destinataire du rapport l’a rappelée pour lui proposer de racheter le principe même de son approche. « Là, je me suis dit… non », confie-t-elle. C’est à cet instant qu’est née l’idée de construire une méthode normative, neutre, scientifique, opposable, reproductible.

Cette méthode, le modèle IVCH® entend « combler un vide entre les approches RSE/ESG, souvent déclaratives, et le Goodwill, purement comptable. » L’IVCH® propose une mesure prédictive, comparable, objectivable, articulant économie, management et sociologie. Déborah Sciou en résume l’esprit : « L’humain au sein d’une entreprise, c’est 70 à 90 % de la valeur d’une entreprise, mais on ne le mesure pas. On a un coût salarial, mais on ne mesure rien. La valeur d’une entreprise ne réside pas dans ce qu’elle possède, mais dans ce qu’elle sait préserver, transmettre et faire grandir. »

Le modèle attribue à toute organisation un score de maturité humaine sur cent, converti en valeur économique (VH €) et calculé à partir de la masse salariale et de la cohérence organisationnelle. Les coefficients ICM (cohérence managériale) et CS (structure interne) traduisent « la lucidité du management et la robustesse de l’organisation » L’indice n’est pas un jugement moral, mais une photographie.

La méthode identifie des postes-clés, rarement ceux mis en avant dans les organigrammes classiques. « Un poste clé, cela peut être la secrétaire », explique Déborah Sciou. Ce sont ces personnes dont la disparition ferait basculer l’équilibre, parce qu’elles incarnent la fluidité relationnelle, la mémoire interne, l’interface affective et opérationnelle. L’IVCH® rend visibles ces zones invisibles, là où se tient l’ossature humaine d’une entreprise.

L’un des points les plus sensibles de la démarche concerne la transparence autour de la valeur du travail. « En France, c’est un drame de dire les salaires entre nous. » L’indice révèle des écarts : certains salariés méritent davantage que ce qu’ils perçoivent réellement, d’autres sont payés au-dessus de leur valeur apportée, pour des raisons historiques ou stratégiques. La photographie n’a pas pour but de sanctionner, mais d’ouvrir un espace de lucidité. « A un instant T », répète-t-elle. La cohérence — ou son absence — figure également dans la structure d’analyse. « Quand il y a une distorsion entre le discours et les actes au sein d’une entreprise, on le remarque. »

La question de la neutralité est le pilier du modèle. Les audits sont menés par des auditeurs indépendants, formés mais extérieurs, qui ne connaissent ni le dirigeant ni le repreneur. Ils sont tenus à une traçabilité scrupuleuse : « C’est une traçabilité morale. » Ils doivent signaler s’ils adaptent une question ou s’ils découvrent un biais. Le comité méthodologique examine chaque rapport, vérifie les preuves, sécurise l’objectivité et garantit que le modèle ne dérive jamais vers le subjectif.

L’année 2026 marque la phase d’expérimentation nationale. Les entreprises participantes « contribueront à établir une base de référence nationale et bénéficieront d’une visibilité valorisante dans le Rapport IVCH® 2026 » Devenues « Entreprises Pionnières », elles bénéficieront d’un audit complet, d’une analyse comparative et d’une reconnaissance officielle. L’appel concerne TPE, PME, ETI et structures publiques, pour constituer un panel national de 25 à 50 organisations volontaires, en expérimentation jusqu’en juin 2026.

La perspective économique est majeure. La perspective sociale l’est tout autant. « Il est temps que les gens comprennent que l’humain a une valeur et qu’il est temps qu’on la mesure. » L’outil, s’il s’impose, pourrait modifier la culture d’entreprise, en réconciliant valeur économique et valeur humaine, en cessant d’opposer rentabilité et considération.

Lorsque l’on demande à Déborah Sciou si quelqu’un lui a dit que c’était une mauvaise idée, elle répond sans hésitation : « Jamais. » Tous ceux à qui elle a présenté le projet ont voulu y prendre part. Elle raconte comment économistes, experts-comptables, avocats, notaires et enseignants lui ont dit souhaiter participer au comité d’experts : « Quand les gens prennent le temps d’écouter et de lire la documentation, tout le monde me rappelle en me disant : ok, je veux faire partie du comité d’experts. »

À ceux qui questionnent l’ambition portée par l’IVCH®, elle répond avec simplicité : « Il y a une ambition gigantesque » — mais l’ambition n’est pas personnelle. Le mouvement doit appartenir aux autres. « Si ça fonctionne, ce sera déjà la reconnaissance. » À Blois, en novembre 2025, commence peut-être un changement de paradigme discret mais décisif. L’entreprise apparaît pour ce qu’elle est réellement : un assemblage vivant. Une phrase résume tout : « La valeur d’une entreprise ne réside pas dans ce qu’elle possède, mais dans ce qu’elle sait préserver, transmettre et faire grandir. »

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