La mortalité des arbres a augmenté jusqu’à 80 % en 10 ans
Au cours des dix dernières années, la mortalité des arbres dans les forêts françaises a augmenté de manière spectaculaire, atteignant près de 80 %. Cette situation est révélée par l’inventaire forestier national de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), qui fournit des données détaillées sur l’état des forêts en France. Cette hausse est principalement attribuée aux effets du changement climatique, qui met les forêts sous une pression croissante.
Les causes multiples de la mortalité accrue
Les dernières données montrent que la mortalité des arbres est passée à 13,1 millions de mètres cubes par an entre 2013 et 2021, contre 7,3 millions de mètres cubes entre 2005 et 2013 selon la Banque des Territoires. En termes de superficie, cela représente environ 670 000 hectares de forêts dépérissantes, soit 4,1 % de la forêt française.
Les périodes de sécheresse prolongée ont affaibli les arbres, réduisant leur capacité à absorber l’eau nécessaire à leur survie. Par exemple, les vagues de chaleur de 2019 et 2020 ont provoqué des stress hydriques extrêmes, ce qui a entraîné une mortalité accrue.
Les invasions de parasites sont aussi un facteur. Les scolytes, un type de coléoptères, sont devenus une menace majeure pour les forêts, en particulier les forêts de conifères. Ces insectes prolifèrent en raison des hivers plus doux, ce qui permet à leurs populations d’augmenter de manière incontrôlée. Les scolytes creusent des galeries sous l’écorce des arbres, perturbant ainsi le flux de nutriments et d’eau, ce qui peut tuer l’arbre en quelques mois.
Les incendies de forêt, de plus en plus fréquents et intenses en raison de la chaleur et de la sécheresse, ont également contribué à la mortalité des arbres. Bien que la superficie totale brûlée reste relativement faible en comparaison avec d’autres causes, les incendies aggravent le stress global des forêts et accélèrent la mortalité des arbres déjà affaiblis.
Impact sur la capacité des forêts à absorber le CO2
Les forêts jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique en absorbant le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère. Cependant, la mortalité croissante des arbres affecte cette capacité. Entre 2013 et 2021, la capacité d’absorption de CO2 des forêts françaises a diminué, avec une moyenne de 40 millions de tonnes de CO2 absorbées par an, soit une baisse d’un tiers par rapport à la décennie précédente. Cela signifie que les forêts contribuent moins efficacement à la réduction des gaz à effet de serre, ce qui aggrave encore le problème du changement climatique.
Conséquences écologiques et socio-économiques
La dégradation des forêts a des conséquences étendues. Sur le plan écologique, la perte d’arbres affecte la biodiversité, car de nombreuses espèces animales et végétales dépendent des forêts pour leur habitat. Les forêts sont également essentielles pour la régulation du cycle de l’eau, la prévention de l’érosion des sols et la fourniture de ressources telles que le bois.
Sur le plan socio-économique, la forêt est une ressource économique importante, particulièrement pour les industries du bois et du papier. La baisse de la productivité forestière, causée par la mort des arbres, pourrait entraîner des pertes économiques significatives pour ces secteurs. En outre, les forêts sont également un lieu de loisir et de bien-être pour de nombreuses personnes, et leur dégradation réduit la qualité de ces espaces naturels.
Quelles solutions pour l’avenir ?
Il est essentiel d’adapter les méthodes de gestion forestière aux nouvelles conditions climatiques. Cela peut inclure la sélection d’espèces d’arbres plus résistantes à la sécheresse et aux parasites, ainsi que la diversification des plantations pour réduire les risques liés aux monocultures. Le renforcement de la surveillance et de la gestion des parasites va compter. L’utilisation de méthodes biologiques pour contrôler ces insectes est à l’étude. Plus généralement, des investissements dans la recherche sont nécessaires pour mieux comprendre les impacts du changement climatique sur les forêts et pour développer des pratiques qui pourraient atténuer ces effets.