Le Département en alerte face à une dégradation budgétaire persistante

Réunis en session plénière ce jeudi 26 juin à l’Hôtel du Département, à Blois, les élus du conseil départemental de Loir-et-Cher ont dressé un constat préoccupant : une nette dégradation des équilibres financiers du Département. À l’ordre du jour figuraient l’examen du compte financier unique 2024 et le vote du budget supplémentaire pour 2025.
Des recettes en repli, tirées vers le bas par l’immobilier
Les recettes de fonctionnement ont atteint 394,1 millions d’euros en 2024, en baisse de 0,6 %. Si la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui constitue désormais la principale ressource des départements, est restée stable à 116,4 millions d’euros, les droits de mutation à titre onéreux (DMTO) ont chuté de 13,2 %, tombant à 38 millions d’euros. Seule la taxe sur les conventions d’assurance (TSCA) a affiché une progression (+6,2 %, soit 50,6 millions d’euros), devenant ainsi la recette la plus dynamique du Département. Mais cela ne suffit pas à enrayer la tendance générale à l’érosion des ressources.
Des dépenses en hausse et des charges imposées
Dans le même temps, les dépenses de fonctionnement se sont élevées à 374,2 millions d’euros, en hausse de 3,8 %. Cette évolution s’explique en grande partie par la croissance des dépenses sociales (+5,1 % dans le secteur de l’autonomie), mais aussi par l’augmentation des charges de personnel (+4,1 %, à 76,3 millions d’euros), liées notamment à la revalorisation du point d’indice de la fonction publique et à l’augmentation des cotisations CNRACL. Le soutien au SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) a également été renforcé (+6,1 %, à 19,5 millions d’euros).
Si certaines fonctions, comme l’éducation, les mobilités et le patrimoine, ont vu leurs dépenses reculer de 3,4 %, notamment en raison du retour à la normale des prix de l’énergie, le fonctionnement des collèges a été préservé.
Une épargne nette en chute libre
L’effet ciseaux — baisse des recettes et hausse des dépenses — pèse lourdement sur la capacité d’autofinancement. L’épargne nette du Département a fondu de 65 %, passant de 26,1 millions d’euros en 2023 à seulement 9,2 millions d’euros en 2024. Cette baisse efface quasiment les excédents accumulés au cours des années précédentes.
De l’investissement malgré tout
Fait notable, l’année 2024 a enregistré un niveau d’investissement record, à hauteur de 67 millions d’euros. Sur cette enveloppe, 52 millions ont été consacrés à des investissements directs. Le Département a poursuivi des projets structurants, tels que les travaux du barreau de liaison à Mer, la rénovation des collèges de Veuzain-sur-Loire et Neung-sur-Beuvron, ou encore la réhabilitation énergétique de ses bâtiments. Les subventions d’investissement via la DDSR (dotation de solidarité) et la DDAD (dotation d’aménagement durable) ont également été maintenues.
Marge de manœuvre réduite
Le solde de l’exercice 2024 s’établit à 3,4 millions d’euros, contre 25,2 millions un an plus tôt. Le budget supplémentaire voté pour 2025 repose donc sur des ajustements ciblés : un complément de 1,4 million d’euros pour les dépenses de fonctionnement (principalement l’éducation, les solidarités et l’entretien des routes), une hausse de 1,5 million d’euros des recettes de fonctionnement, et 2,3 millions d’euros supplémentaires consacrés aux investissements.
Ce budget permettra de réduire légèrement le recours à l’emprunt, ramené à 30,75 millions d’euros, soit 775 400 euros de moins que prévu initialement.
Une situation partagée mais critique
Claire Foucher-Maupetit, rapporteure du budget, a résumé l’état d’esprit des élus : « Comme l’ensemble des départements, le Loir-et-Cher se trouve dans une situation préoccupante. L’effet ciseaux a engendré une perte quasi intégrale des excédents budgétaires cumulés ces dernières années. Sans une véritable autonomie financière, il est impératif de poursuivre nos économies. » Le président du conseil départemental, Philippe Gouet, a de son côté tenu à rappeler la dimension politique de ces choix : « Nous n’avons cessé d’investir pour le territoire et de soutenir les communes et les associations. Nos dépenses d’investissement ont atteint un record en 2024. Mais il est urgent que l’État prenne ses responsabilités pour compenser au juste niveau les compétences exercées pour son compte par les départements. »