[Municipales] Gildas Vieira se lance dans la bataille de Blois avec le docteur Marchand

La campagne municipale de 2026 à Blois prend une nouvelle tournure. Gildas Vieira, ancien adjoint de Marc Gricourt de 2014 à 2019, passé ensuite dans l’opposition, officialise sa candidature à la mairie. À ses côtés, il a choisi de former un ticket inédit avec le docteur Thierry Marchand, médecin généraliste bien connu dans les quartiers nord de la ville. Cette alliance, placée sous le signe du « autrement », entend incarner une alternative aux équilibres traditionnels de la vie politique blésoise.
Un binôme revendiqué
« On lance quelque chose d’un peu original parce qu’on aime bien ce qui est autrement », explique Gildas Vieira. Aux côtés du conseiller municipal d’opposition, le docteur Marchand prend une place de premier plan. Pour le praticien, l’engagement découle directement de son expérience personnelle dans le contexte de sa suspension : « C’est le seul homme politique qui soit venu me voir. » Son soutien repose sur une fidélité, mais également sur un constat : « J’ai interrogé mes patients pour savoir ce qu’ils pensaient de Gildas, et je n’ai eu que des retours positifs. »
Le docteur Marchand a repris son activité le 3 mars 2025 après six mois de suspension prononcée par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins. Il lui était reproché d’avoir prescrit en 2021 et 2022 de l’ivermectine associée à de l’azithromycine pour soigner le Covid-19, alors que cette indication n’était pas prévue par les autorisations de mise sur le marché. Suspendu depuis le 1er septembre 2024, il avait laissé près de 2 000 patients sans généraliste. « On peut juger que j’avais fait une faute grave, mais c’est simplement prescrit hors AMM, sans erreur médicale », plaide-t-il. Ce vécu a nourri sa volonté de s’impliquer. Le médecin revendique par ailleurs une certaine indépendance d’esprit : « Je suis plutôt de droite, pour le travail, pour l’effort, pour la récompense. » Sa critique porte plus largement sur un système politique miné par la dette et par une logique de court terme.
Commerce en difficulté, figures associées
Le ticket Vieira–Marchand entend s’appuyer sur d’autres personnalités locales. Parmi elles, Floriane Piednoir, ex-gérante du restaurant Veget’Halles à Blois. Après neuf ans d’activité, elle a dû fermer son établissement à la suite d’une liquidation judiciaire prononcée le 23 mai 2025. Pendant plus d’un an, elle ne s’était plus versé de salaire. Les ennuis avaient débuté en 2022, lors du renouvellement du bail, lorsque le propriétaire avait augmenté le loyer. Pour Gildas Vieira, cette trajectoire illustre les fragilités du tissu commercial blésois : « On trouve que la santé et le commerce sont des piliers aujourd’hui du changement, ou des points de pouvoir public sur lesquels le maire sortant a échoué. Les commerçants se retrouvent dans des situations dommageables, parfois sans soutien. »
Une candidature après des négociations
Gildas Vieira insiste : son objectif premier n’était pas de conquérir la mairie à tout prix. « L’idée pour moi, ce n’était pas d’être maire de Blois, c’était d’être dans une liste où La France Autrement aurait assez de poids pour influencer certaines politiques publiques. » Il avait rencontré la plupart des candidats déclarés et posé ses conditions. « On s’est retrouvés dans des discussions où on n’était pas leur priorité. À partir de là, le comité stratégique de La France Autrement s’est réuni le 20 septembre. On a laissé une semaine pour se décider. On n’a pas eu de réponse positive. Donc, en respectant la décision du comité stratégique, je me lance aujourd’hui. »
Pour lui, ce lancement ne relève toutefois pas de l’improvisation. « On a la chance d’être des citoyens organisés. La France Autrement n’est pas un parti politique, on est plutôt un mouvement citoyen. Avec des personnes qui ont su, au fil du temps, s’organiser pour faire des campagnes, pour être au plus près de la population, pour être réactifs ensemble. »
Les angles d’attaque
Dans ses propos, Gildas Vieira décline plusieurs domaines où il juge l’action municipale défaillante. « La droite est divisée, la gauche est en perte de vitesse, avec un maire qui a déjà trois mandats et plusieurs points négatifs : la santé, le commerce, mais aussi le logement, l’emploi et l’économie plus largement. Blois est une belle ville, où il fait bon vivre, mais malheureusement qui se dégrade. » Il cite la sécurité, où il appelle de ses vœux une « vraie police de proximité », et des sujets plus quotidiens : « Je pourrais vous parler des trottoirs. Ça n’a l’air de rien, la voirie, mais lorsqu’on veut travailler sur une partie plus écologique et mettre en avant la circulation à vélo, je ne suis pas sûr que juste le rond-point Médicis soit la solution. Il y a déjà beaucoup de routes et de trottoirs à réaménager, et la gratuité des parkings en centre-ville est à envisager. »
La critique s’étend à la politique du logement : « J’ai des personnes qui viennent régulièrement me voir parce qu’elles n’arrivent pas à trouver un logement à Blois, pourtant intégrées, avec des enfants parfois, qui ont fait des demandes depuis plusieurs mois. Je dois intervenir directement pour essayer de décanter les choses. »
Sur la santé, le directeur général de la Fraps est catégorique : « L’hôpital ne se porte pas bien, et la santé, de manière globale, non plus. On est l’un des départements les plus reculés en termes de désertification médicale. Quand on n’est pas en capacité de soutenir un médecin suspendu et qu’on laisse des patients à la rue, ça dit quelque chose de la politique de santé à Blois. »

Une stratégie de rassemblement
Face à une gauche qu’il juge affaiblie et à une droite divisée, Gildas Vieira revendique l’ouverture. « Il faut qu’on réponde aux besoins du Blaisois. Et pour ça, il faut qu’on soit assez ouverts. À Blois, je ne vois pas de mouvement qui le soit. Il y a de plus en plus de sectarisme, aussi bien à gauche qu’à droite. » Il en appelle aux abstentionnistes : « On invite ceux qui ne votent pas, ceux qui ont envie véritablement de changement à Blois. J’espère que je leur ai montré durant ces cinq années d’opposition que je peux être cette alternative. » L’argument central reste la proximité humaine : « Lorsqu’on a, au cœur de cette liste, le docteur Marchand, je pense qu’il n’y a pas plus grande preuve pour l’humain, la personne et la santé aujourd’hui dans notre ville. »
Un programme en construction
Si le programme détaillé n’est pas encore publié, La France Autrement en a posé les axes : « La santé, la sécurité, le commerce et le bien-vivre. » Le mouvement citoyen veut rompre avec ce qu’il appelle le « saupoudrage » des politiques publiques : « Il faudrait une vision globale. » Dans cette perspective, des consultations ont commencé au printemps 2025. « On poursuit cette démarche pour nourrir un programme qui corresponde vraiment aux Blésois », assure l’élu. Le programme complet devrait être présenté dans deux mois.
L’organisation de campagne est en place : une directrice de campagne, un comité stratégique d’une vingtaine de membres, un premier squelette de liste. « Mais on ne ferme pas la porte. S’il y a des personnes de qualité qui souhaitent nous rejoindre, on garde l’ouverture », précise Gildas Vieira.
Une promesse : faire autrement
Tout au long de ses interventions, Gildas Vieira revient à une formule : « faire autrement ». Le slogan revendiqué devient ici une méthode : « Faire autrement, ça passe par une implication personnelle des têtes de pont de la municipalité. Je ne me vois pas être assis sur mon fauteuil ou avoir un mandat au conseil régional pendant que les Blésois ont besoin de moi. Je ne me vois pas rester tranquille alors que le docteur Marchand est en difficulté, qu’il y a des patients qui vont être à la rue. » Sa candidature se construit sur ce double ancrage : une critique appuyée de la majorité sortante et de ses choix, et la volonté affichée d’incarner une alternative à travers un binôme inédit avec un médecin revenu d’une suspension disciplinaire. « Plutôt que de ne plus voter ou de voter Rassemblement national, on vous donne une véritable alternative à Blois », conclut-il.