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Musique et handicap mental : « Chanter ses maux », un film projeté à Blois le 23 mai

Le vendredi 23 mai 2025 à 20h, Cap’Ciné, à Blois, accueillera la projection en avant-première de Chanter ses maux, un long métrage documentaire réalisé par Emmanuel Thévenon. Tourné pendant six ans au sein du foyer de vie Les Tournesols, en Seine-et-Marne, ce film d’une rare intensité donne à voir comment la musique permet à des adultes en situation de handicap mental de dire – ou chanter – l’indicible. La projection sera suivie d’un échange avec le réalisateur et le musicothérapeute Stéphane Harreau.


Le fil conducteur du film, c’est Johanel, 33 ans, qui prête sa voix au récit. Victime d’une malformation du système nerveux central, marqué par des TOC sévères, des douleurs chroniques et un passé familial douloureux, il trouve dans l’écriture de chansons une forme de réparation. À son arrivée au foyer, il est replié, mutique, angoissé. En 2025, il a signé plus de 300 textes, dont certains sont interprétés par son groupe, les Patalo. À travers eux, il évoque l’abandon, le racisme, les amours contrariées, mais aussi l’espérance obstinée de revoir sa mère, disparue de sa vie vingt ans plus tôt. La Guadeloupe, son île natale, devient le motif lancinant de cette quête de soi.

Autour de lui, d’autres résidents entrent en scène : Camille, trisomique, dont l’élocution s’améliore grâce au chant ; Jean, taciturne en dehors des répétitions, mais percussionniste enthousiaste dès les premières notes ; Samuel, autiste profond, qui ponctue les concerts de ses cloches. La musique, omniprésente dans les couloirs du foyer, devient un souffle, une vibration commune, un langage de rechange.

Emmanuel Thévenon, ancien journaliste devenu documentariste, filme sans voix off extérieure, sans commentaire. Il capte à hauteur d’humain. Pas de dramatisation. Pas d’emphase. Seulement des visages, des silences, des éclats. Il s’agit ici de « suggérer » plus que de montrer, de laisser le spectateur s’approcher, sans jamais imposer. Même les moments de fragilité, de colère, de crise – inévitables dans ce type d’institution – sont traités avec délicatesse.

Le dispositif mis en place par Stéphane Harreau, éducateur spécialisé devenu musicothérapeute après un accident de la vie, est au cœur du film. Il s’est lui-même reconstruit par la musique. Il l’utilise aujourd’hui comme médiation pour tisser des liens, donner confiance, permettre à chacun de s’exprimer. La caméra suit son travail, patient, modeste, souvent invisible. Elle suit aussi les éducatrices du foyer, les gestes de soin, les rituels du quotidien, la tendresse des corps.

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