Odile Malfray : la famille réclame la fin de l’exploitation excessive des médias
Chaque drame humain, chaque fait divers sanglant ou tragédie intime est plus qu’un simple titre ou une chronique dans une colonne de journal. Derrière les mots choisis pour décrire ces horreurs, il y a des familles en deuil, des proches submergés par le chagrin et la stupeur. Mais trop souvent, ces douleurs intimes sont brutalement exposées à la lumière des projecteurs médiatiques, exacerbant la souffrance initiale et ajoutant une couche d’indignité à une épreuve déjà insurmontable.
Le cas d’Odile Malfray illustre tristement cette réalité. Âgée de 81 ans, cette femme, décrite par ses proches comme indépendante et aimante, a été retrouvée morte dans des circonstances tragiques. Si l’horreur de sa disparition a bouleversé sa famille, c’est la couverture médiatique du drame qui a causé une deuxième onde de choc. Des détails morbides, soigneusement sélectionnés et amplifiés, ont circulé dans la presse régionale et nationale, éclipsant totalement la dignité de la victime et de sa mémoire.
Au nom d’un supposé devoir d’informer, certains médias ont choisi de décrire crûment les blessures et les circonstances sordides de sa mort. Ces détails, non essentiels à la compréhension de l’événement, alimentent une consommation voyeuriste de l’actualité, où la douleur des uns devient le spectacle des autres. Mais à quel prix ?
La famille d’Odile Malfray, déjà dévastée par sa disparition, a dû et doit encore affronter cette surexposition médiatique. Dans un communiqué, elles appellent à respecter la dignité de leur mère, tout en dénonçant le rôle des médias dans la marchandisation de la souffrance. Ces mots résonnent comme un rappel à une éthique journalistique qui semble parfois s’éclipser sous la pression des clics et de l’audience.
Le communiqué signé par les quatre filles d’Odile Malfray
Samedi matin, notre mère Odile Malfray est devenue l’octogénaire repliée dans un sac de sport retrouvé enforêt de Blois.
Dans la nuit, des policiers de la brigade criminelle de Tours étaient venus nous annoncer le décès de notre mère, que nous recherchions activement depuis plusieurs jours. Ils ont fait preuve de mesure et de pudeur en qualifiant sa mort de « non naturelle » et en précisant le lieu ou elle avait été retrouvée mais sans jamais donner de détails sordides. Nous les en remercions. Le lendemain matin, encore choquées et anéanties par notre chagrin, nous avons basculé dans l’horreur en découvrant dans la presse l’état du corps et la gravité des blessures infligés à notre mère.
Si nous sommes attachées à la liberté d’expression, nous ne pouvons pas comprendre que des détails et le choix de leur description soient utilisés dans la presse quotidienne régionale ou des médias nationaux, sans penser aux conséquences pour les proches de la victime. Les mots ont un sens, les journalises le savent bien et ils choisissent de les utiliser à dessein, sans doute pour alimenter les instincts morbides de chacun d’entre nous. Mais la liberté de la presse ne peut pas venir en contradiction avec la révérence due aux victimes et à leurs proches, le respect des personnes mortes et le secret d’une enquête en cours.
Depuis ce week-end, nous sommes sollicitées tous les jours par des médias et cela ne fait qu’ajouter de l’horreur à l’horreur, de la souffrance à la souffrance. Il convient que cela prenne fin, que la dignité de notre mère soit enfin respectée. Merci d’arrêter de nous appeler et de venir aux abords d’un de nos domiciles ou du sien, pour tenter de grappiller quelques informations.
Cette octogénaire, c’était avant tout une femme indépendante et belle, une mère et une grand-mère aimée et aimante, une habitante appréciée des personnes qui vivaient et travaillaient dans son quartier. C’est cela – et rien d’autre – qui doit être retenu.
Ses filles