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Pourquoi tendait-on des chaînes… rue de la Chaîne

La rue de la Chaîne. Bien que son nom puisse sembler anodin au premier abord, plongeons-nous dans le passé de cette voie pour découvrir pourquoi on y tendait autrefois des chaînes.

Un nom énigmatique

La rue de la Chaîne, située dans le quartier de Vienne, non loin des rives paisibles de la Loire, tire son nom d’une pratique médiévale surprenante avec nos yeux : tendre des chaînes aux accès non défendus de la ville, surtout en période de troubles. Cette pratique n’était pas unique à Blois, mais elle offre un aperçu fascinant de la vie urbaine au Moyen Âge.

Des chaînes pour protéger la cité

Pendant le Moyen Âge et jusqu’au début du XVIIe siècle, il était courant de placer des chaînes aux angles des rues, aux portes des villes et des faubourgs, ainsi qu’à l’entrée des ponts. Ces chaînes, lourdes et robustes, étaient fixées d’un côté à un gros anneau solide et de l’autre, elles s’accrochaient à un crochet ou à une barre de fer spéciale, équipée d’un moraillon. Pour garantir la sécurité de la ville, on verrouillait ces chaînes à l’aide d’une serrure, empêchant ainsi toute intrusion non autorisée.

Lorsque les chaînes étaient tendues dans une ville, elles rendaient la circulation de la cavalerie impossible, ralentissant même les piétons à chaque coin de rue. Les maisons des rues urbaines permettaient de sceller ces chaînes à leurs parois. Cependant, sur les routes, à l’entrée des ponts ou des faubourgs, en dehors des portes et passages, les chaînes étaient attachées à des poteaux de bois avec des contrefiches. Ces supports étaient appelés « estaques. »

En temps de paix, les portes des villes restaient souvent ouvertes la nuit, et on se contentait de tendre les chaînes, attachées à l’extérieur, d’une tour à l’autre. Mais en temps de troubles, ces chaînes jouaient un rôle crucial pour protéger la ville contre d’éventuelles menaces, y compris le jour.

La rue de la Chaîne à Blois

Revenons à Blois et à la rue de la Chaîne. Cette rue remonte au moins au XIIIe siècle. Son nom est attesté dès la fin du XIVe siècle, en 1391, sous le nom de « rue de la chéene. » Jusqu’à la construction du Quai Amédée Contant au milieu du XVIIIe siècle, vers 1765, elle était la voie principale longeant la rive sud de la Loire. Cette rue faisait partie de l’axe Paris-Bordeaux, contournant le centre-ville et les péages d’entrée.

La rue de la Chaîne était située en dehors des murs fortifiés de la ville. C’était un quartier plus populaire bien que la présence de nombreuses échoppes et auberges témoigne du trafic continu qui l’animait. Les rez-de-chaussée des maisons étaient souvent dédiés à des commerces. Par conséquent, la rue de la Chaîne était un lieu de rencontre et d’échanges.

La légende

Dans « Histoire de Blois » de MM Dupré et Bergevin, on peut lire qu’on prétendait autrefois que « la
chaine des forçats passait en Vienne et logeait dans une maison de cette rue. »
La chaîne des forçats est une pratique ancestrale française liée à l’histoire carcérale et judiciaire. Cette institution a été méthodiquement organisée à partir de l’époque de Colbert, devenant un moyen de répondre aux besoins en effectifs de la Marine royale. Les forçats, souvent humiliés et victimes de violences tout au long de leur périple vers les bagnes des ports, voyaient se transformer leur voyage en une véritable épreuve, suscitant à la fois la curiosité et la terreur chez les spectateurs. Cette expérience visait également à initier la rédemption des condamnés. Mais la rue de la Chaîne à Blois n’a pas de lien avec ceci.

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