« Prêt à tout » : Stanislas Tain dévoile les dessous de son premier roman
Dans son premier roman Prêt à tout (aux éditions Cent mille milliards), Stanislas Tain explore des thématiques comme la pression familiale et l’émancipation, à travers une histoire inspirée d’un fait divers. Lors de notre échange avant sa rencontre-dédicace le samedi 19 octobre prochain (15h) à la librairie Labbé, l’auteur blésois s’est ouvert sur son processus créatif, ses inspirations littéraires et ses réflexions sur la relation père-fille, au cœur du récit.
Une relation père-fille sous tension
Le cœur de Prêt à tout repose sur la relation étouffante entre un père ambitieux et sa fille, Alice, jeune joueuse de tennis. « On pourrait qualifier cette relation d’un peu toxique », confie Stanislas Tain. Dans le livre, le père incarne « l’archétype d’une forme de sévérité et de stakhanovisme », prêt à tout pour que sa fille atteigne la victoire. « C’est plus qu’une question de sport, c’est un rapport de domination, et la fille tente de s’affranchir de cette emprise », explique-t-il. La complexité de cette relation transcende le cadre sportif, et Stanislas Tain met en lumière les sacrifices et les conséquences émotionnelles de cette quête obsessionnelle de succès.
Le roman tire sa force d’une réflexion sur les limites du soutien parental. Le père de l’héroïne incarne l’exigence absolue, souvent au détriment de la santé mentale de sa fille. « Le sport reste un jeu, mais ici, l’ambition du père dépasse ce cadre », commente Stanislas Tain, qui voit dans cette relation un miroir des excès observés dans la vie réelle.
Un personnage féminin pour se décentrer
Un des choix narratifs forts du roman est l’incarnation d’un personnage féminin. Stanislas Tain a choisi de raconter cette histoire du point de vue d’Alice, jeune femme de 17 ans, un exercice qui l’a particulièrement stimulé. « Écrire à la première personne a été une décision inspirée par mes lectures », poursuit l’auteur, mentionnant son admiration pour certains romans des Éditions de Minuit. « Je me suis dit que c’était possible de raconter une histoire à la première personne, même en utilisant un temps que certains considèrent comme désuet, le passé simple ». Cet exercice d’écriture stylistique, bien qu’exigeant, a permis à Stanislas Tain d’apporter une touche d’authenticité à la voix de son personnage principal.
Un fait divers comme déclencheur
Le point de départ du roman provient d’un fait divers découvert dans Tennis Magazine en 2003. Ce récit, qui ne l’a jamais quitté, est devenu l’inspiration principale du livre. « C’est un sujet qui m’a toujours marqué, d’autant plus que je jouais moi-même au tennis », explique l’auteur. Ce fait divers, bien qu’anecdotique dans le monde sportif, soulève des questions universelles sur la parentalité, la pression sociale et l’obsession de la réussite.
L’histoire originelle concernait un père et son fils, mais Stanislas Tain a pris la liberté de transposer cette relation en une dynamique père-fille. « Je ne sais pas exactement pourquoi, mais j’ai trouvé intéressant de raconter l’histoire à travers une fille », avoue-t-il, soulignant que cela lui permettait de se décentrer et de ne pas s’identifier trop directement à son personnage.
Un nouvel ouvrage en préparation
Si Prêt à tout marque le début de la carrière littéraire de Stanislas Tain, ce dernier ne s’arrête pas là. « J’ai déjà commencé un nouveau livre », révèle-t-il. Une nouvelle fois, c’est la lecture d’un fait divers qui a déclenché cette nouvelle histoire. « Je crois que je fonctionne à travers les faits divers », sourit-il, tout en admettant que l’écriture reste un moyen pour lui de traiter des thématiques sociales qui le touchent profondément.