Prochainement une école ÊTRE en Loir-et-Cher

Dans le Loir-et-Cher, une initiative d’avenir prend forme : la création d’une école du réseau national ÊTRE (Écoles de la Transition Écologique). Porté conjointement par deux tiers-lieux, Les Greniers de Vineuil et l’Écolieu La Filerie, ce projet vise à offrir aux jeunes de 16 à 25 ans des formations pratiques et manuelles, en réponse à deux défis cruciaux : l’insertion professionnelle et les enjeux liés à la transition écologique.
Le projet trouve tout son sens dans un contexte régional préoccupant. En Centre-Val de Loire, 20 % des jeunes âgés de 15 à 25 ans quittent le système scolaire sans diplôme, un chiffre qui peut atteindre jusqu’à 60 % dans certaines zones, selon les données de l’académie Orléans-Tours. « Nous avons un territoire fortement impacté par le décrochage scolaire, ce qui renforce l’urgence de proposer des solutions adaptées », explique Jérôme Bargue, cofondateur de l’écolieu La Filerie.
Face à ces réalités, l’école ÊTRE du Loir-et-Cher souhaite offrir une alternative concrète et engageante pour ces jeunes. En les sensibilisant aux métiers d’avenir liés à la transition écologique, le projet espère également répondre aux tensions de recrutement qui frappent les secteurs techniques et manuels, essentiels pour bâtir une société durable.

Deux tiers-lieux au service de la transition écologique
Les Greniers de Vineuil et La Filerie, deux tiers-lieux engagés dans la transition écologique, se sont donc associés pour porter ce projet. Les Greniers de Vineuil, situés en zone périurbaine, offrent des infrastructures adaptées, notamment un atelier de menuiserie et une cuisine semi-professionnelle. « Depuis notre création en 2018, nous avons toujours eu à cœur de valoriser les talents locaux et de transmettre des savoir-faire », explique Christelle Faucheux-Lamine, présidente des Greniers.
De son côté, l’écolieu La Filerie, implanté en milieu rural près du Controis-en-Sologne, s’appuie sur un environnement naturel préservé, avec un potager, un étang et une grange aménagée. « Nous travaillons autour de trois grands axes : l’éco-construction, l’alimentation durable et la préservation de la biodiversité », précise Caroline Guisset. Ce lieu, fondé en 2019 par Cécile Decognier et Jérôme Bargue après un tour du monde, incarne une vision citoyenne de la transition écologique, soutenue par un réseau de plus de 200 bénévoles.
Dans le cadre d’un réseau national
Le projet local s’inscrit dans le réseau national des écoles ÊTRE, qui compte actuellement 29 établissements en France. Créées en 2017, ces écoles visent à répondre à un double enjeu : l’insertion des jeunes éloignés de l’emploi et le développement des compétences nécessaires à la transition écologique. Ce réseau, reconnu pour son professionnalisme, met à disposition des outils pédagogiques, des données d’impact et un cadre collaboratif. « Ce qui nous a convaincus, c’est le soin apporté à la coopération entre les écoles. Tout est pensé pour favoriser le partage des ressources et des bonnes pratiques », confie Caroline Guisset
Les écoles ÊTRE se distinguent par une pédagogie fondée sur la pratique et l’immersion. Cette approche sera au cœur de la première remobilisation test, prévue en mars 2025 dans le Loir-et-Cher. « L’objectif est d’immerger les jeunes dans des activités concrètes pour leur redonner confiance et les sensibiliser aux métiers liés à la transition écologique », explique Cécile Decognier. Le programme de cette semaine inclura des ateliers de menuiserie aux Greniers de Vineuil, où les jeunes apprendront à manipuler les outils et à réaliser un projet collectif ; une initiation à l’apiculture et au maraîchage à La Filerie, avec des activités de semis, de repiquage et de récolte; des visites de fermes locales, comme la ferme de la Guilbardière, pour découvrir des métiers tels que l’élevage, la production de farine ou la transformation alimentaire ; une découverte des métiers de la mobilité douce, avec une initiation au métier de réparateur cycle. Chaque journée sera ponctuée de bilans individuels et collectifs pour permettre aux participantes et participants de faire le point sur leurs acquis et leurs ressentis.
Un projet ancré dans le territoire
Le projet repose sur une dynamique de coopération locale forte. Les partenariats avec des structures comme le lycée hôtelier de Blois, les Jardins de Cocagne ou encore l’ADDEAR (agriculture paysanne) enrichissent les parcours proposés. Ces collaborations permettent d’ancrer les formations dans les réalités économiques et sociales du territoire. « Nous voulons créer des passerelles concrètes entre les formations et les débouchés professionnels. Chaque activité doit avoir du sens pour les jeunes et les conduire vers des perspectives claires », souligne Cécile Decognier.
Le projet des écoles ÊTRE vise également à déconstruire les stéréotypes associés aux métiers techniques et manuels. Aujourd’hui, 82 % des emplois dans les secteurs verts et verdissants sont occupés par des hommes. « Nous souhaitons encourager les jeunes femmes à intégrer ces métiers d’avenir », insiste Cécile Decognier. Une autre spécificité de l’école du Loir-et-Cher sera l’hébergement sur place, une option rare dans le réseau national. « Ces moments partagés permettent de créer une véritable cohésion de groupe et d’échanger de manière plus informelle sur les aspirations et les besoins des jeunes », explique Jérôme Bargue.
Des ambitions à long terme
Si le projet débute par des sessions de remobilisation d’une semaine, l’objectif à long terme est de proposer des formations préqualifiantes sur plusieurs mois, voire des parcours qualifiants. « Nous construisons pas à pas, en fonction des besoins identifiés sur le territoire et des retours des jeunes. » En s’appuyant sur un modèle qui a déjà fait ses preuves au niveau national, les porteurs du projet espèrent faire de cette école ÊTRE un pilier de la transition écologique dans le Loir-et-Cher. « Ce projet, c’est une chance pour notre territoire, mais surtout pour ces jeunes qui découvrent qu’ils ont un rôle à jouer dans la transition écologique », conclut Cécile Decognier.