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Les écoles ETRE : un levier pour la transition écologique et l’insertion des jeunes

La transition écologique, désormais impérative pour nos sociétés, repose sur une restructuration profonde des emplois et des compétences. Dans ce contexte, les Écoles de la Transition Écologique (ETRE) se positionnent comme un acteur, offrant des formations gratuites et pratiques aux jeunes âgés de 16 à 25 ans, souvent en décrochage scolaire ou en quête de sens dans leur parcours professionnel. La table ronde organisée lundi soir à la Halle aux Grains, à Blois, dans le cadre du festival « Génération Climat », a permis de mettre en lumière ce réseau national innovant, ses objectifs et les enjeux qu’il adresse.

L’événement a réuni plusieurs intervenant·es, parmi lesquel·les Suzanne Wachnick, chargée de développement territorial du réseau ETRE, et Solène Tournus, chargée du pôle scientifique. Ensemble, elles ont exposé les défis liés à la transition écologique et le rôle clé des écoles ETRE dans la formation et l’accompagnement des jeunes. Suzanne Wachnick a ouvert la présentation en rappelant que ces écoles, implantées sur tout le territoire national, sont destinées à répondre à deux problématiques majeures : l’exclusion des jeunes sans diplôme du marché du travail et la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers liés à la transition écologique. Elle a insisté sur le fait que ces formations, entièrement prises en charge, permettent aux jeunes de s’immerger dans des apprentissages concrets et de renouer avec la confiance en eux.

Solène Tournus a poursuivi en détaillant l’évolution des métiers et leur adaptation aux exigences environnementales. Elle a évoqué les projections de l’ADEME, qui estime qu’un million d’emplois seront créés dans la transition écologique d’ici 2050, et a souligné que ces postes couvrent tous les niveaux de qualification, contrairement à l’image répandue selon laquelle seuls les ingénieur·es et chercheur·es bénéficieraient de cette mutation. Les métiers techniques et manuels, tels que couvreur·euse, charpentier·ère ou technicien·ne en énergies renouvelables, jouent un rôle fondamental mais souffrent d’un manque d’attractivité, accentué par des tensions importantes sur le marché de l’emploi.

Écoles de la Transition Écologique

Cette table ronde a été le moyen de bien faire la différence entre les concepts de métiers verts et verdissants. Les premiers sont intrinsèquement liés à la préservation de l’environnement, comme ceux de gestion des déchets ou de protection de la biodiversité, tandis que les seconds concernent des professions traditionnelles, dans des secteurs comme le bâtiment ou les transports, qui doivent désormais intégrer des compétences et des pratiques adaptées aux enjeux écologiques. Solène Tournus a précisé que, bien que ces métiers verdissants représentent environ 14 % des emplois aujourd’hui, cette estimation est encore trop restrictive, car elle n’intègre pas des secteurs essentiels comme l’agriculture biologique. Elle a également mis en garde contre le mythe selon lequel les métiers de demain n’existent pas encore : la réalité est que ce sont les métiers actuels qui devront se transformer pour intégrer les nouvelles exigences environnementales.

Les intervenantes ont également abordé les défis structurels auxquels ces métiers font face. Les secteurs techniques et manuels souffrent d’une mauvaise image, souvent perçus comme pénibles, mal rémunérés ou dévalorisés sur le plan scolaire. Ce manque d’attractivité s’accompagne d’une forte disparité de genre, 82 % des emplois dans ces domaines étant occupés par des hommes. Les écoles ETRE s’efforcent de changer cette dynamique en favorisant la mixité : actuellement, elles accueillent en moyenne 40 % de femmes, un chiffre encourageant mais encore loin d’une parité idéale.

Écoles de la Transition Écologique

Au-delà des formations, les écoles ETRE s’engagent à redonner du sens au travail. Les jeunes y découvrent des métiers concrets, porteurs d’impact et de valeurs. L’apprentissage, fondé sur le « faire », leur permet de développer des compétences pratiques tout en renforçant leur confiance en eux. Cette approche répond à un constat alarmant : de nombreux décrocheurs scolaires évoquent une perte de motivation due à un manque de sens perçu dans leur parcours éducatif.

La première école ETRE, créée près de Toulouse par l’association 3PA après huit ans d’expérimentation, reste un modèle pour le réseau, qui compte aujourd’hui 29 établissements répartis sur tout le territoire français. Chaque école est adaptée aux besoins spécifiques de son territoire, qu’elle soit en milieu urbain ou rural.

Le réseau ETRE s’appuie sur un programme d’incubation structuré en quatre phases : rêver, explorer, agir et célébrer. Ce processus permet aux porteurs de projets de concevoir des formations adaptées aux réalités locales, en intégrant les besoins des jeunes et des prescripteurs. L’objectif est d’implanter une école par département, afin de garantir une couverture nationale tout en évitant une concurrence inutile pour les financements publics. Dans le Loir-et-Cher, un projet porté par l’Écolieu La Filerie et les Greniers de Vineuil, est en cours.

En 2024, plus de 1 000 jeunes ont été formés par ces écoles, avec un taux de réinsertion positive de 87 %. Ces résultats incluent des retours à l’emploi, des formations qualifiantes, des stages, ou encore des démarches vers des projets personnels tels que le passage du permis de conduire. Les écoles ETRE démontrent ainsi que la transition écologique peut être un levier puissant pour l’insertion sociale et professionnelle, tout en répondant aux besoins d’un marché du travail en pleine mutation.

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