Avec l’Artothèque emprunter de l’art est possible pour les particuliers et professionnels

Depuis 2000, l’Artothèque de Blois, également appelée Artothèque Val de Loire, joue un rôle particulier dans le paysage artistique local en tant que « bibliothèque » d’œuvres d’art, permettant au public d’emprunter des créations contemporaines à la manière de livres. Cette initiative originale, qui conjugue démocratisation de l’art et soutien aux artistes locaux, est dirigée par Jean-Jacques Milhem. Nous l’avons rencontré.
Un modèle accessible et détonant
« L’idée, c’est de rendre l’art accessible à toutes et tous, sans préjugés de style ou d’expression », explique Jean-Jacques Milhem, soulignant la mission culturelle de l’Artothèque. Pour un abonnement annuel de 90€, les particuliers comme les entreprises peuvent emprunter des œuvres d’art à exposer dans leurs espaces privés ou professionnels. « Les gens viennent souvent en famille, et ce sont les enfants qui choisissent les œuvres », raconte Jean-Jacques, illustrant ainsi l’aspect convivial et inclusif de cette démarche.
L’Artothèque compte environ 250 œuvres disponibles, provenant de 21 artistes. On y trouve des créations des peintres Paule Honoré, Edith Lanquetin, Philippe Moller, Pierre Beaufils, Mayi, Laurence Brignon, Gérard Guéguen, Janet Biggs, Stéphanie Soutif (aka FANNY), Svetlina Petrova, André Quétard, Françoise Icart, et des regrettés André Vidgrain et Jacques El Khaddar. Mais aussi des photographies de Bernard Mosettig et d’Armelle Flahault, ou encore des œuvres des plasticiens Pascal Jullien, Bruno Salaün, Stéphane Buissart et des sculpteurs Etienne Magen et Dominique Denichère.
« Les artistes déposent généralement une dizaine d’œuvres », précise Jean-Jacques Milhem. Ces œuvres sont ensuite prêtées à des clients variés, comme le lycée hôtelier de Blois, où certaines œuvres ornent les restaurants d’application. Ce modèle permet à des publics divers d’interagir avec l’art contemporain de manière quotidienne et intime.

Au-delà de la diffusion de l’art, l’Artothèque peut servir d’intermédiaire. « Nous n’avons pas encore assez de clients pour rémunérer les artistes via les locations, mais certains clients finissent par acheter les œuvres qu’ils louent », explique Jean-Jacques Milhem.
Des expositions, et des défis…
Les expositions organisées par l’Artothèque sont également un levier pour la visibilité des créateurs. « Nous faisons des expositions. Lors de la semaine ‘Elles’, par exemple. » A venir : « Format carré – sculptures libres » les 15,16,17, 23,24, 30 novembre et 1er décembre 2024.
Malgré la force de son concept, l’Artothèque doit relever plusieurs défis, notamment en matière de visibilité. « Nous avons du mal à attirer de nouveaux clients, certainement à cause de notre emplacement », constate Jean-Jacques Milhem. En effet, située au premier étage de l’entreprise Portevin, 138 avenue de Châteaudun, l’Artothèque ne peut bénéficier de la curiosité du badaud en pleine déambulation.

En outre, « louer une œuvre n’est pas encore un réflexe pour beaucoup, mais une fois que les gens essaient, ils se rendent compte de la valeur ajoutée que cela apporte à leur quotidien », rapporte Jean-Jacques Milhem.
D’où vient le concept ?
Ce concept de diffusion des œuvres est apparu au début du XXe siècle à Berlin grâce à l’artiste-peintre d’origine roumaine Arthur Segal, dans le but de diffuser l’art contemporain et de rendre les œuvres accessibles au plus grand nombre. En France, ce modèle s’est particulièrement développé dans les années 1980 avec l’objectif de démocratiser l’accès à l’art contemporain.
L’histoire de l’Artothèque de Blois débute officiellement en 2000, mais son concept remonte à une première expérience menée en 1987 au Château de Blois. À cette époque, la conservatrice du château, Martine Tissier de Mallerais, accompagnée de l’Association des Amis du Château, avait lancé une artothèque temporaire pour une durée de six mois. L’idée était de proposer un service de prêt d’œuvres d’art, permettant ainsi au public de découvrir et d’emprunter des créations artistiques contemporaines. Bien que cette initiative n’ait duré que quelques mois, elle a planté les graines de ce qui deviendra, treize ans plus tard, l’Artothèque Val de Loire.
C’est en 2000 qu’un collectif d’artistes de la région Centre-Val de Loire décide de formaliser cette démarche en créant une artothèque plus pérenne, d’abord virtuelle, via un site internet. Puis, en 2001, ils ont rouvert un espace d’exposition dans Les Voûtes Du Puits Châtel. Ce n’est qu’en 2005 que l’Artothèque trouve son lieu actuel au sein des locaux de l’entreprise Portevin, où elle continue de fonctionner grâce à un partenariat de longue date.
Informations pratiques
Ouverture tous les premiers samedis du mois (sauf en août) de 15h à 19h, ou sur rendez-vous. Prochaines dates d’ouverture les samedi 5 octobre et samedi 2 novembre 2024. L’Artothèque est située à l’Espace Portevin (contourner le bâtiment par la droite et prendre l’escalier en colimaçon) au 138, avenue de Châteaudun à Blois.
Pour en savoir plus : artotheque-valdeloire.com