Fermeture de classe à Marolles : mobilisation contre une décision brutale

Le ton est grave, la mobilisation déterminée. Parents d’élèves, élus locaux et citoyens du Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) Marolles–Averdon–Champigny-en-Beauce se mobiliseront une nouvelle fois mardi 1er juillet 2025 pour dénoncer la fermeture d’une classe annoncée brutalement, à une semaine des vacances scolaires, sans consultation préalable des mairies concernées.
La journée débutera par un blocage de l’école rurale de Marolles (2 maternelles et 1 CP), suivi d’un rassemblement à 14h15 devant les locaux de l’inspection de l’Éducation nationale, 31 mail Pierre Charlot à Blois. À 14h30, une délégation de représentants des parents d’élèves a été convoquée à un rendez-vous officiel avec les services de la DSDEN (Direction des services départementaux de l’Éducation nationale).
Cette mobilisation est une nouvelle manifestation d’une colère profonde née d’une décision vécue comme brutale, injuste et prise dans une opacité totale. « Notre petite école rurale est frappée d’une fermeture de classe à une semaine ou deux semaines des vacances, sans qu’à aucun moment les élus n’aient été avertis d’un quelconque risque », dénonce une habitante de Marolles. « Le RPI ne faisait même pas partie de la carte scolaire initiale. C’est donc la stupéfaction totale. Les maires n’ont jamais été contactés par la DSDEN. »
Une décision annoncée… par téléphone
C’est cette méthode, autant que la décision elle-même, qui suscite une vive indignation. Une lettre ouverte signée par les parents, les élus des trois communes et des habitants engagés, circule depuis ce weekend. Elle dénonce « une violence institutionnelle » qui heurte en profondeur les principes que l’école est censée incarner. « Nous, parents, élus, et citoyens du RPI Marolles–Averdon–Champigny-en-Beauce, souhaitons alerter publiquement sur une décision aussi brutale qu’injuste : la fermeture d’une classe, annoncée à deux semaines des vacances scolaires, sans concertation, sans dialogue, sans respect. »
Selon ce texte, la décision a été communiquée par un simple appel téléphonique à une enseignante, sans consultation des maires, ni même des conseils d’école. Une situation d’autant plus incompréhensible que l’inspection avait assuré, quelques semaines plus tôt, qu’aucune fermeture n’était envisagée, et que le RPI n’apparaissait pas dans la carte scolaire 2025 rendue publique au printemps.
Un seuil arbitraire qui fait basculer l’équilibre
La Dasen (directrice académique des services de l’Éducation nationale), Solène Berrivin, a justifié cette fermeture par des raisons d’ajustement d’effectifs : 132 élèves sont attendus à la rentrée, alors que 135 sont requis pour maintenir le nombre actuel de classes. Ce seuil, fixé par l’administration, rend possible une réaffectation des moyens vers une autre école du département, en l’occurrence Saint-Claude-de-Diray, où une ouverture est prévue. Mais sur le terrain, ce raisonnement strictement comptable ne convainc pas. « L’école n’est pas un tableau Excel. C’est un pilier de la République. »
Ces mots, en conclusion de la lettre ouverte, résument l’amertume ressentie par les familles et les élus. La méthode – absence de dialogue, annonce téléphonique, revirement de position – suscite une crise de confiance, d’autant plus aiguë dans des communes rurales où l’école reste un service public vital, structurant le lien social. « Nous dénonçons ici une violence institutionnelle. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une violence faite aux personnels éducatifs, aux élus locaux, aux familles, et surtout aux enfants. »
La lettre insiste aussi sur le déni de démocratie locale : alors même que les maires sont responsables de l’entretien des bâtiments scolaires, qu’ils participent aux conseils d’école, et qu’ils sont souvent les premiers à se battre pour attirer de nouvelles familles, leur mise à l’écart totale du processus de décision choque profondément.
Un appel au dialogue et à la responsabilité
Les signataires appellent à un « sursaut », un retour au dialogue, et l’annulation immédiate de la fermeture annoncée. « Derrière les chiffres, il y a des visages, des parcours, des villages qui se battent pour garder une école vivante. »

La journée de mardi pourrait marquer un tournant. Si l’inspection académique choisit d’ouvrir une véritable concertation, la mobilisation citoyenne pourrait obtenir gain de cause. À l’inverse, si la fermeture est maintenue en l’état, elle risque d’accentuer le sentiment de relégation des petites communes rurales face à une administration perçue comme lointaine et rigide.