Les Beaux Débuts : cabaret, carrousel chorégraphique, ferveur sportive et grande boum!

La Halle aux grains – Scène nationale de Blois a choisi de tenir son cap : commencer tôt, et commencer fort. Bien avant l’habitude d’un paysage culturel qui s’ébroue souvent en octobre, le temps fort « Les Beaux Débuts » installe dès la mi-septembre (du vendredi 12 au dimanche 14) la couleur d’une saison assumée comme festive, chorégraphique et tournée vers le partage. « Historiquement — avant même mon arrivée — c’est un engagement de la Scène nationale de commencer mi-septembre. L’Été sans fin, avant, et Les Beaux Débuts aujourd’hui, c’est le même principe : ça a changé de nom, pas d’intention », résume le directeur Frédéric Maragnani. La logique tient à un « tuilage » volontaire avec l’été blésois et ses rendez-vous de plein air ; une façon de prolonger l’élan sans laisser retomber l’énergie du public.
Jour de Fête : un carrousel chorégraphique offert Port de la Creusille
Le dispositif assume les deux dimensions du lieu et du territoire : à l’intérieur, un music-hall en état de grâce ; dehors, sur Loire, un ballet populaire qui se prolonge en manège. C’est au Port de la Creusille que Jour de Fête d’Arthur Perole (spectacle gratuit et sans réservation) va installer le weekend du 13 et 14 septembre 2025 son carrousel chorégraphique, un vrai manège pour enfants précédé de quarante minutes d’allégresse dansée par quatre interprètes « très pailletés ». Le signe est clair : La Familia, la scène itinérante jeune public (dès 8 ans) de la HAG, ouvre la marche. « Plus d’un tiers de la programmation est dédiée au jeune public — au sens plein : c’est pour les enfants, mais c’est fait pour les adultes aussi, pour la famille », observe Sandrine Lhuillier. La suite de la saison la verra voyager sur les communes de l’agglomération et du département, « 18 spectacles et 54 représentations », précise-t-elle.
Dérapage : le cabaret jubilatoire des Sea Girls
Même esprit de fidélité et de redémarrage pour Dérapage des Sea Girls, qui ouvre officiellement la saison dans l’hémicycle. Accompagnées de trois musiciens, les trois complices reviennent à Blois, cette fois sous la houlette de Pierre Guillois, dont la patte dramaturgique se déploie dans un dispositif de coulisses renversées : « Le principe de base, c’est qu’elles arrivent dans une ville pour jouer, elles sont en coulisses… et elles se sont trompées de sens. Nous, on voit les coulisses, alors qu’elles se croient derrière le rideau à paillettes. À un moment, évidemment, elles se rendent compte qu’elles ne sont pas du bon côté. La patte de Guillois est super intelligente », s’enthousiasme Frédéric Maragnani. La vie d’artiste s’y raconte au scalpel tendre : « Elles tournent depuis vingt-cinq ans ; elles racontent les gares, les valises à roulettes, l’hôtel qu’on ne trouve pas, le restaurant fermé, la fatigue qui fait se tromper d’entrée ou de costume… Elles chantent divinement, elles dansent, elles sont drôles. »
Une boum pailletée dans la grande halle
Au-delà du plateau, la soirée s’ouvre littéralement : le vendredi, les Sea Girls enchaînent par une boum gratuite dans la grande halle ! Au programme, « playlist de rêve des Sea Girls & Boys », DJette à paillettes, karaoké possible et codes vestimentaires assumés. « Je leur ai demandé ce qu’elles aimeraient faire à la Halle aux grains, qu’elles connaissent bien. Elles m’ont dit : “On veut faire une boum.” Alors, faisons une boum pour la rentrée ! S’il y a de la joie et de l’amusement, c’est l’essentiel », sourit Frédéric Maragnani. L’invitation est ouverte à toutes et tous, qu’on ait vu le spectacle ou qu’on vienne seulement danser ; c’est une « bombe de convivialité », comme un sas d’entrée dans la saison.
Le Tir sacré : quand la danse épouse la voix du sport
Entre ces deux spectacles de Dérapage, Le Tir sacré de Marine Colard installe la dimension chorégraphique qui fait l’identité de la Scène nationale de Blois. Deux interprètes, une partition écrite dans et avec les voix du sport, du ping-pong en japonais à l’haltérophilie ou au slalom, la ferveur des commentateurs transformée en musique des corps. « Elles ont créé toute leur chorégraphie à partir de la musicalité des mots. C’est drôle, mais pas seulement. C’est millimétré, poétique. Même en japonais, on comprend aussitôt le tennis de table. J’ai ressenti beaucoup d’émotion : l’intelligence de l’émotion visuelle et l’intelligence du rapport au son », confie le directeur. Il souhaitait l’accueillir pour les JO, le calendrier en a décidé autrement ; le geste reste, puissant, pour affirmer qu’une Scène nationale « très chorégraphique » place la danse au fronton de sa rentrée.
La joie comme boussole
Ce choix d’ouverture dessine une ligne, plus qu’un thème. « La fête et la joie deviennent presque un désir politique », lâche Frédéric Maragnani, pesant ses mots. « Il s’agit de se rassembler, de se retrouver, d’apporter de l’oxygène sans plomber une actualité déjà lourde. La peur n’est pas bonne conseillère ; la fête, le rire, apprendre ensemble, cela permet, dans une moindre mesure, de conjurer la peur. » Le propos n’exclut ni complexité ni réalité. Mais pour l’heure, la boussole assume la « respiration ». « Il y a quinze ans, ma pensée était plus didactique : faire apprendre, donner des lignes de force pour comprendre. Cette dimension reste, mais au second plan. Aujourd’hui, au premier plan : le plaisir de se retrouver ensemble. »
Cette éthique du partage se traduit dans la fabrique de la programmation, qui tient plutôt du compagnonnage que de la cueillette. Dérapage s’est imposé « comme spectacle de rentrée » dès la première vision. Avec Arthur Perole, l’idée du manège en extérieur a pris sens pour cette rentrée à Blois. Le Tir sacré est un coup de cœur ancien, attendu, enfin possible. « Pour faire aimer, il faut aimer. C’est compliqué autrement. L’important, c’est qu’il se passe quelque chose. Les formes proposées, je les revendique », dit Frédéric Maragnani. Le public répond. À vive allure. « Dérapage, la première soirée est complète. La deuxième n’est pas loin ; il reste des places le samedi. Le Tir sacré, c’est pratiquement complet », note Sandrine Lhuillier. Jour de Fête, gratuit et sans réservation, s’annonce comme une évidence au Port de la Creusille.
Un public fidèle et renouvelé, porté par l’adhésion
Bon à savoir, la Halle aux grains – Scène nationale de Blois a remplacé l’abonnement par l’adhésion. Dix euros, un tarif préférentiel dès le premier spectacle, et la liberté de composer sa saison sans contrainte. « Cinq spectacles pour un abonnement, c’était contraignant. La carte à 10 € et le tarif préférentiel dès le premier spectacle font que les gens prennent ce qu’ils veulent, quand ils veulent », explique Sandrine Lhuillier. Et l’accompagnement se fait à la voix humaine. « Quand on connaît bien son public, on peut recommander. »
Date & Heure | Spectacle | Lieu |
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Ven. 12 sept. – 20h00 | Dérapage – Les Sea Girls / Pierre Guillois | Hémicycle de la Halle aux grains |
Ven. 12 sept. – 21h30 | After Show – Playlist des Sea Girls & Boys | Grande halle de la Halle aux grains |
Sam. 13 sept. – 16h00 | Jour de Fête – Arthur Perole / Cie F | Port de la Creusille |
Sam. 13 sept. – 18h00 | Le Tir sacré – Marine Colard / Petite Foule Production | Théâtre Nicolas Peskine |
Sam. 13 sept. – 20h00 | Dérapage – Les Sea Girls / Pierre Guillois (audiodescription) | Hémicycle de la Halle aux grains |
Dim. 14 sept. – 15h00 | Jour de Fête – Arthur Perole / Cie F | Port de la Creusille |
Pour en savoir faire et réserver : halleauxgrains.com/site/les-temps-forts/les-beaux-debuts/