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Illettrisme : Des JNAI pour défaire le tabou, relier les acteurs, redonner prise

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

Vendredi 12 septembre, à l’Hôtel du Département, le Loir-et-Cher a ouvert ses Journées nationales d’action contre l’illettrisme (JNAI). Les chiffres sont têtus : près de 20 000 habitants sont concernés par l’illettrisme et l’illectronisme, avec à la clé du non-recours aux droits, des fragilités dans la vie quotidienne et des accidents dans le monde du travail. Ce front n’est pas nouveau. Depuis 2018, le Département a choisi d’y faire face en adoptant un plan départemental reconduit en 2024 dans le Schéma des solidarités 2024-2028, avec six axes d’action : observer, repérer, former, mailler, communiquer, évaluer.

La conférence de presse a donné la parole à trois figures de cet engagement : Florence Doucet, vice-présidente chargée de la solidarité liée à l’action sociale, à la famille et à la protection de l’enfance ; Geneviève Baraban, chargée du plan départemental de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme ; et Isabelle Daumas, directrice du CRIA 41. Chacune a livré la même conviction : l’illettrisme n’est plus un sujet à taire, mais un combat collectif qui se gagne par le maillage patient et la constance des efforts.

« La lutte contre l’illettrisme, c’est toute l’année »

« Nous avons un programme qui s’étend sur plusieurs semaines, mais en réalité, la lutte contre l’illettrisme, c’est toute l’année », affirme Florence Doucet. La vice-présidente insiste sur la transversalité : « Toutes les directions du conseil départemental y participent. […] L’illettrisme, cela concerne tout le monde. Ce n’est pas quelque chose qui doit rester un sujet tabou. »

Le propos ne s’arrête pas à une déclaration d’intention. L’élue nomme les risques : « Un accident du travail peut survenir quand une consigne n’est pas comprise. Les effets en cascade peuvent fragiliser toute une organisation. » Elle évoque le groupement SEPIA 41, qui regroupe les EHPAD publics autonomes : « Ils savent que parmi leurs personnels, certains sont en situation d’illettrisme. Or, quand on s’occupe de personnes âgées, il y a des consignes précises à respecter. »

Elle rejette aussi les idées reçues : « Une personne en situation d’illettrisme n’est pas nécessairement une personne qui n’est pas dans l’emploi. La difficulté surgit dans la vie quotidienne. Même si l’on connaît des techniques, on peut buter. » L’élue met en garde contre les conséquences du non-recours : « Quand on est en difficulté de lecture ou face à l’illectronisme, on renonce à faire valoir ses droits, parce que les démarches et les plateformes sont trop compliquées. C’est une question fondamentale. » Son image, celle de l’arbre, revient avec insistance : « Nous avons semé des petites graines, elles ont donné des fruits, et ces fruits à leur tour repoussent. Le plan départemental, c’est cela : un travail en transversalité, où l’on seme, où l’on relie, où l’on recommence. »

« Apprendre, c’est reprendre le contrôle »

Geneviève Baraban situe l’ampleur de l’engagement : « Nous restons le seul département de France à avoir un plan illettrisme qui couvre la totalité du territoire. » Elle rappelle l’origine : « En 2018, le CRIA 41 nous a alertés très fortement : les chiffres étaient trop mauvais, il fallait faire quelque chose. » Dès lors, deux piliers ont accompagné la démarche : « Le CRIA, centre ressource où tout converge, et l’association A.L.I.R.E., centre de formation absolument indispensable. Ils travaillent non pas en concurrence mais en complet partenariat. »

L’édition 2025 marque un tournant : « Cette année, ce sont 44 actions, sur tous les territoires du département. Nous doublons le nombre par rapport à l’an dernier. Romorantin remporte la palme, avec un investissement total : chaque structure partenaire du plan illettrisme y propose une action, et les autres viennent l’accompagner. C’est une nouveauté. » Elle en tire une leçon : « On ne fait rien seuls. La ANLCI (Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme) le dit : faire ensemble. Dans ce département, on maille, on tricote, mais à des fins positives. »

Son credo s’appuie sur une phrase qu’elle répète volontiers : « Apprendre, c’est reprendre le contrôle. C’est tellement vrai. On apprend toute sa vie, et toute sa vie parce qu’on sait, on peut conduire sa vie dignement et plus facilement. »

Geneviève Baraban n’ignore pas la dimension économique et professionnelle. « Dans les entreprises, rappelez-vous, nous avons constitué un comité des ambassadeurs de l’illettrisme. Cela fait son chemin. Des DRH nous disent qu’ils n’avaient jamais pensé avoir des salariés en difficulté. Pourtant, la montée en compétences sur les savoirs de base est une obligation. » Il y a aussi le chantier administratif : « Si nous-mêmes, nous ne sommes pas en capacité de rédiger des courriers faciles d’accès, cela ne se passera pas bien. Le langage administratif doit être rendu facile à lire et à comprendre », observe Florence Doucet.

L’illectronisme, aussi moyen de repérer

Isabelle Daumas montre, de son côté, comment l’illectronisme devient une voie d’entrée : « Dire “je ne sais pas utiliser le numérique” est plus acceptable que dire “je ne sais pas lire ni écrire”. Beaucoup de personnes ne savent pas utiliser le numérique sans être en situation d’illettrisme. C’est donc un moyen de repérer, et un moyen indispensable. »

Elle évoque des ateliers déjà déployés : « Nous étions samedi dernier à Mer, pour la journée des associations. Nous avons donné des informations sur l’atelier numérique du CRIA et sur les actions d’A.L.I.R.E. Beaucoup de personnes se sont intéressées, le numéro de téléphone a circulé… » La directrice du CRIA souligne l’importance des lieux : « Il est essentiel que ces ateliers se déroulent dans des lieux familiers. Les médiathèques jouent ici un rôle considérable. Elles possèdent tous les supports visuels et sonores adaptés, pour les personnes souffrant de dyslexie, de dyspraxie, de troubles de la vue. Elles offrent un accès à la lecture absolument remarquable. »

Geneviève Baraban insiste sur la richesse de ces ressources : « Il existe des ouvrages sans texte, des kamishibaï, une multitude de supports qui permettent de rebondir. Dans le cadre des partenariats avec les collèges, les enseignants ont découvert qu’ils pouvaient recourir aux médiathèques, ce qu’ils ignoraient souvent. C’est offrir aux établissements scolaires un panel de solutions insoupçonné. » Enfin, elle rappelle l’apport des missions locales : « Le “BookFace” est une façon d’aborder les livres par la tranche. C’est visuel, ludique, cela attire, et ensuite un travail est mené pour entrer dans le livre. » Pour Isabelle Daumas, cette pédagogie indirecte est essentielle : « Entrer par l’image, c’est lever la peur. »

Le programme complet des JNAI 2025 est disponible sur departement41.fr.

4-21 sept.Exposition « Quand les arts visuels rencontrent l’illettrisme » – Hôtel du département, Blois
5-27 sept.Exposition « L’illettrisme, parlons-en ! » – Médiathèque Cœur de Sologne, Lamotte-Beuvron
6 sept.Forum des associations – Parc de la Corbillière, Mer
11 sept.Portes-ouvertes A.L.I.R.E. Formation – Blois
12 sept.Projection du film « Illettré » – Via Formation, Romorantin-Lanthenay
12 sept.Conférence de presse de lancement des JNAI – Hôtel du département, Blois
12 sept.Des livres à France Service ! – Lamotte-Beuvron
13 sept.Solidarité et JNAI – Emmaüs, Romorantin-Lanthenay
15-16 sept.Ateliers d’initiation au numérique – Romorantin-Lanthenay
15 sept.Sensibilisation aux gestes de premiers secours – Pruniers-en-Sologne
16 sept.Atelier EVA – Neung-sur-Beuvron
16 sept.Ateliers d’écriture « Chacun sa plume » – CCAS, Romorantin-Lanthenay
17 sept.Cours public d’euphonium – Conservatoire, Romorantin-Lanthenay
17 sept.Rallye photo Lu Di’k – Tsiganes 41, Romorantin-Lanthenay
17 sept.Lire ensemble : Cabane d’Histoires – Romorantin-Lanthenay
17 sept.Un banquet sans faute – MAJO Ethic Étapes, Romorantin-Lanthenay
17 sept.Ateliers lecture – MDS, Romorantin-Lanthenay
17 sept.Rallye photo – Espace Robert Serrault, Romorantin-Lanthenay
17 sept.Atelier EVA – Maison France Service, Salbris
17 sept. & 8 oct.Communication autour des JNAI – Marché Coty, Blois
18 sept.Atelier EVA et jeu « En parler pour avancer » – Espace Saint-Exupéry, Romorantin-Lanthenay
19 sept.Dictée intergénérationnelle « Un mot après l’autre » – Romorantin-Lanthenay
19 sept.Accompagnement numérique – Atelier numérique, Romorantin-Lanthenay
19 sept.Défi papiers et logement – Marché des Favignolles, Romorantin-Lanthenay
19 sept.Atelier EVA – Médiathèque Jacques-Thyraud, Romorantin-Lanthenay
20 sept.Spectacle « Les mots font signe » – Médiathèque Jacques-Thyraud, Romorantin-Lanthenay
25-26 sept.Formation « Pourquoi lire aux tout-petits ? » (volet 2) – Saint-Laurent-Nouan
30 sept.-18 déc.Micro-Folie, musée numérique itinérant – Droué
16 oct.Projection gratuite de « Champion » – Maison de Bégon à Blois
16-17 oct.Formation « Pourquoi lire aux tout-petits ? » (volet 2) – Saint-Aignan
21 oct.Formation FALC – CRIA 41, Blois
7 nov.BookFace, Tranches poétiques et Expo-quiz – Mission Locale, Blois
13 nov.Ciné-échange « Champion » – Centre culturel, Vendôme
14 nov.Matinée de sensibilisation et d’informations – Centre culturel, Vendôme
15 nov.Coup de cœur Facile à lire – Bibliothèque, Nouan-le-Fuzelier
19 nov.Coup de cœur Facile à lire – Médiathèque La Fonderie, Fréteval
20-21 nov.Formation « Pourquoi lire aux tout-petits ? » (volet 2) – Lamotte-Beuvron
20-21 nov.Expo-quiz « L’illettrisme parlons-en » – MDS, Blois
21 nov.Coup de cœur Facile à lire – Médiathèque, Selommes
22 nov.Coup de cœur Facile à lire – Bibliothèque, Vineuil
26 nov.Coup de cœur Facile à lire – Médiathèque Cœur de Sologne, Lamotte-Beuvron
28 nov.Coup de cœur Facile à lire – Bibliothèque Jules Verne, Mondoubleau

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