À Blois aussi une manifestation contre le racisme et l’extrême droite

Samedi 22 mars, dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, un rassemblement a eu lieu devant la préfecture de Blois. Plus de 350 personnes ont manifesté leur opposition à la montée du racisme, des discriminations et de l’extrême droite, en France comme ailleurs.
Proclamée par l’ONU à la mémoire du massacre de Sharpeville en 1960, la Journée internationale du 21 mars contre le racisme a donné lieu, ce samedi, à des mobilisations dans plus d’une centaine de villes en France. À Blois, le rassemblement a donc réuni environ 350 personnes. Dans le cortège, des militant·es communistes, socialistes, insoumis·es, écologistes, membres du NPA, de la CGT, de la FSU, des soutiens à la cause palestinienne, des associations de solidarité comme la Cimade, ainsi que de nombreuses pancartes dénonçant les expulsions, les discriminations ou appelant à la régularisation.

« C’est toujours important de faire une piqûre de rappel sur la nécessité de lutter contre l’obscurantisme et l’extrême droite, expliquait Simon Blin, des Jeunes Socialistes du Loir-et-Cher. On a l’impression de revivre quelque chose qu’on croyait révolu. » Il faisait notamment référence à une proposition de loi récente au Sénat sur la laïcité dans le sport : « Les sénateurs ont voté assez largement l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives amateurs. Sous principe de laïcité, on remet en cause la liberté de conscience et des principes constitutionnels. »
La fédération du Parti communiste français (PCF) a elle aussi pris la parole par l’intermédiaire de Johann Elbory pour rappeler que le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des accidents isolés, mais des leviers politiques. « Ce sont des armes de division massive qui alimentent les fractures et permettent aux idéologies identitaires et à l’extrême droite de progresser », a affirmé le communiste, dénonçant « la parole du Premier ministre qui évoque la submersion migratoire » et « la circulaire dangereuse » du ministère de l’Intérieur. Et il a pointé le rôle du préfet dans le département : « Le zèle dans le déclenchement des OQTF favorise la parole raciste. »
Les militantes de la CIMADE ont dénoncé une politique migratoire « indigne », aggravée par la loi Darmanin et la circulaire Retailleau. « Ces mesures renforcent une politique dangereuse qui consiste à stigmatiser, suspecter et précariser les personnes étrangères », ont-elles déclaré. Elles ont mis en cause une logique de tri, « expression d’un héritage colonial raciste et discriminatoire », et rappelé que certaines mères avec enfants sont hébergées jusqu’au 31 mars par la Ville de Blois, grâce au collectif Pas d’enfants à la rue, avec le soutien de plusieurs organisations.

Didier Richefeux, de la Ligue des droits de l’Homme, a rappelé l’appel lancé le 18 décembre 2024 lors de la Journée internationale des migrants, pour « une société de tous les droits, pour toutes et tous ». Il a dénoncé une intensification des discours de haine et une stigmatisation constante des populations d’origine étrangère. « La justice couvre toujours les coupables, et c’est l’État qui organise cette politique raciste et de répression », a-t-il souligné. « L’absence d’accès aux droits des uns n’a jamais donné plus de droits aux autres. »
L’AFPS 41 a pris la parole pour exprimer sa solidarité avec le peuple palestinien. « Le peuple de Gaza est toujours victime des actes génocidaires de l’État d’Israël, de son gouvernement fasciste, suprémaciste, colonial. En Cisjordanie, les colons poursuivent leur entreprise d’accaparement des terres. » La porte-parole a également rappelé une intervention militaire israélienne dans la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, le vendredi précédent, en plein Ramadan. « Nous sommes là pour affirmer notre solidarité avec toutes les personnes victimes de racisme, d’islamophobie et d’oppression. »

Enfin, le NPA 41 a dénoncé un État raciste et autoritaire, évoquant une politique islamophobe visant à diviser la classe ouvrière. « Dans nos quartiers, la police, et particulièrement la BAC, se comporte en milice d’occupation », a déclaré un militant. Il a cité plusieurs noms de personnes tuées par la police ou la gendarmerie, notamment Angelo Garand, abattu à Seur en 2017, et Nahel, Adama, Zied, Bouna, Yannis et Zakaria. « Ce qui arrive aux musulmans, aux sans-papiers, aux jeunes des quartiers, c’est l’affaire de toute la classe ouvrière. »

Le groupe local de La France insoumise a lu un texte rédigé collectivement, dénonçant la montée du racisme en France et l’alignement croissant du gouvernement sur les positions de l’extrême droite. Le discours a mis en cause la loi Darmanin, la circulaire Retailleau et plus largement « les attaques renouvelées contre les personnes étrangères, avec ou sans papiers, d’origine étrangère ou simplement perçues comme telles ». « Diviser les êtres humains par la race ou le genre ne sert que les intérêts capitalistes », a poursuivi Claudio, militant insoumis, en dénonçant la « déshumanisation » à l’œuvre et la stigmatisation médiatique. LFI a rappelé son attachement à l’universalité des droits : « Tous ceux qui adhèrent au programme liberté, égalité, fraternité sont citoyens français, et donc égaux. » Le texte a également critiqué « le rôle de la bourgeoisie qui s’appuie sur l’extrême droite pour maintenir sa domination », appelant à un sursaut collectif. « Il y a des moments dans l’histoire où il faut se lever et faire entendre sa voix. Nous sommes dans un tel moment. » Et d’affirmer enfin : « La situation est grave et urgente, mais nous sommes la majorité. Nous pouvons gagner. »