Alex Pixelle : l’œil discret de Blois devenu photographe reconnue
À Blois vit, en bord de Loire, Alex Pixelle. Photographe de plateau, portraitiste reconnue et exploratrice des instants vrais, cette jeune femme s’est forgée un parcours remarquable à force d’audace, de travail et de sensibilité. Trentenaire, elle conjugue son attachement pour sa ville natale avec une carrière tournée vers les tournages, les concerts, l’événementiel et les rencontres humaines.
Un déclic lors d’un tournage à Blois
Adolescente, Alexandra Bretzner découvre la photographie par pur plaisir. C’est une passion sans prétention, qu’elle exerce en amateur avec un petit appareil photo. À Blois, entre l’architecture des châteaux et les moments du quotidien, elle expérimente son regard. Mais c’est en 2007 qu’un tournant décisif survient : le tournage de La Dame de Monsoreau investit le centre-ville de Blois, et la maison de son père sert comme point d’appui pour les caméras. « Mon père m’a dit : viens avec ton appareil, ça pourrait être sympa. » Elle passe la journée sur le plateau, se mêle à l’effervescence du tournage, observe la cinquantaine de figurants et les techniciens. C’est une révélation. Surtout lorsque le réalisateur remarque ses clichés : « Tu es meilleure que notre photographe de France 2. »
Ce compliment marque un tournant. Si elle pratique déjà la photographie par plaisir, ce moment lui fait réaliser qu’elle pourrait aller plus loin. « Ce déclic, il n’était pas seulement pour moi. Et cette phrase a montré que ce que je faisais avait du potentiel.«
De la jonglerie au portrait : les premiers projets
À cette époque, Alex est, par exemple, active dans une petite association de jonglage enflammé à Blois. Elle réalise les photos des spectacles et des prestations organisées dans les châteaux de la région. Portraits, scènes en mouvement, jeux de lumière : elle s’amuse, sans encore développer ses photos. « C’était du numérique, je n’avais même pas cette idée de développer. » Ses premières images sont des portraits et des clichés d’architecture. Déjà, son style se dessine : un attrait pour l’authenticité, la simplicité et l’esthétisme. Elle ne cherche pas à construire des mises en scène complexes. Ce qui l’intéresse, c’est ce qui se passe devant elle, dans l’instant. L’émotion et son esthétique.
L’audace comme moteur de progression
Avec l’avènement de MySpace, Alexandra se présente comme photographe sur la plateforme et commence à postuler à des tournages. Sa stratégie ? Oser. « J’envoyais des mails à tout le monde, même aux grosses productions. La plupart disaient non, mais je n’avais rien à perdre. » Cette audace lui permet de décrocher des collaborations sur des petits courts-métrages étudiants et des clips. « Ces projets étaient courts, entre un et quatre jours, mais ils me permettaient d’apprendre, de rencontrer des gens et d’évoluer. »
Son expérience s’accumule. Elle est remarquée pour son regard singulier, ses compositions naturelles et son approche respectueuse des personnes qu’elle photographie. Si elle se dit timide et introvertie, cela ne l’empêche pas de multiplier les candidatures et de persévérer, poussée par une phrase qui reste gravée dans sa mémoire, celle du réalisateur de La Dame de Monsoreau. « Cela m’a donné confiance. »
Photographe de plateau : entre discrétion et précision
Aujourd’hui, Alex Pixelle est une photographe de plateau reconnue. Ce métier, qu’elle a découvert presque par hasard, est devenu sa spécialité. « Les photos de plateau sont souvent les seules images fixes du film. Elles servent à la promotion, à l’affiche et à la communication. »
Avant chaque tournage, elle lit le scénario, étudie les scènes et se prépare minutieusement. « Je me fais un plan de travail et j’évalue les scènes sur leur potentiel visuel. Cela me permet d’être force de proposition quand il s’agit de déterminer les jours où je dois être présente. En général, pour un long-métrage, je suis là environ 15 jours. »
Sur le plateau, elle travaille en toute discrétion. Avec son appareil silencieux et ses longues focales, elle se fond dans l’ambiance. « Je prends beaucoup de photos à distance, sans que les gens s’en rendent compte. Cela leur permet de rester naturels. Ça m’arrive souvent qu’on me dise : « On ne t’a pas vu de la journée. » Et c’est mieux comme ça, parce que les gens restent naturels, pas figés. » Son objectif : capturer l’émotion brute, sans artifice.
Les coulisses : un mélange d’émotion et de technicité
Le tournage d’un film est un univers intense, mêlant concentration et improvisation. Alexandra se souvient de moments particulièrement émouvants, comme cette scène de danse entre Karim Leklou et Louise Bourgoin. « Tout le monde était ému, même derrière le combo. Mais il fallait rester silencieux pour ne pas perturber la prise. » Si elle apprécie ces instants chargés d’émotion, elle sait aussi s’adapter aux contraintes techniques. « Ce qui peut me stresser, c’est la lumière ou le manque de place. Mais je trouve toujours une solution. » Elle est également sensible aux interactions humaines sur le plateau. « Je prends en photo tout le monde : figurants, maquilleurs, caméramans, assistants… Ça leur fait plaisir d’avoir des souvenirs de leur travail, et moi, ça me permet de valoriser tous ces métiers qui sont souvent dans l’ombre. »
La musique et les concerts
Alex Pixelle exerce également son talent de photographe dans le monde des concerts et de la musique, capturant des instants sur scène et en coulisses. Si elle a débuté au Chato’do, depuis Alexandra a immortalisé des artistes renommés comme Snoop Dogg, Muse, Pharrell Williams, Ben Harper, Woodkid, Black Eyed Peas, Benjamin Biolay, Jain, Kavinsky, Orelsan, Stromae, ou encore DJ Snake. Certaines rencontres restent mémorables : elle se souvient avec enthousiasme du shooting de Snoop Dogg à Paris, où des péripéties douanières liées à son avion avaient failli compromettre l’événement… Pourtant, malgré ces souvenirs marquants, Alex voit cet univers se formater ces dernières années. « Parfois le contrôle excessif de l’image fait perdre au milieu son âme d’antan. »
Valoriser par le portrait
Au-delà des tournages et des concerts, Alex Pixelle s’est également spécialisée dans le portrait, notamment pour les professionnels. Cette activité lui permet de travailler avec des artisans, des entrepreneurs ou encore des particuliers, qu’elle valorise à travers son objectif. « Mon but est que les gens soient fiers d’eux quand ils voient mes photos. Je veux qu’ils se sentent beaux et importants. » Elle parle de cette approche comme d’une forme de photothérapie. « Pendant le Covid, j’ai commencé à photographier des artisans dans leurs ateliers. Ils étaient parfois découragés, mais en leur montrant leurs photos, ils retrouvaient une certaine fierté. »
Un attachement profond à Blois
Bien qu’elle travaille souvent à Paris, Alex reste profondément attachée à Blois, où elle réside. « J’adore cette ville. C’est calme, beau, et à taille humaine. Quand je rentre, je me sens apaisée. » Cependant, elle regrette le manque de reconnaissance locale. « À Paris, on me répond quand je postule. À Blois, c’est plus compliqué… Mais cela ne m’empêche pas de participer à des événements comme les Vitrines de l’Art. »
Des rêves et de nouvelles ambitions
Si Alex est aujourd’hui reconnue pour son travail, elle aspire à explorer de nouvelles voies artistiques. Elle rêve de suivre un berger lors d’une transhumance ou de réaliser un reportage sur des métiers oubliés. « Ce serait l’occasion de raconter des histoires humaines, avec simplicité. »
Récemment médaillée d’argent par l’Académie des arts, sciences et lettres, elle se lance également dans des projets plus personnels. « Je veux développer des séries photographiques pour des expositions. Cela demande du temps et de la réflexion, mais c’est un défi que j’ai envie de relever. » A ce jour, Alex Pixelle a déjà exposé 52 fois.
Sensible et généreuse
Ultrasensible, au fil des années, Alex Pixelle s’est imposée comme photographe, mais aussi comme une personne généreuse. « J’aime transmettre mon savoir-faire. Quand des jeunes ou des amateurs me posent des questions, je prends toujours le temps de répondre. »
- Les sites professionnels d’Alex Pixelle : pixellephoto.fr et leportraitparpixelle.fr
- Son Instagram : alexpixelle