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Aurélien Bigo : « Une voiture thermique va consommer environ 10 tonnes de pétrole »

Le Collectif Blois Autopartage et l’association étudiante Gree’NSA proposent une conférence à l’INSA, à Blois, lundi 18 septembre 2023 à 19h00 sur le thème : « Quel avenir pour la voiture et nos mobilités ? ». Un des intervenants sera Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports (associé à la Chaire Énergie et Prospérité) et auteur de Voitures, dans la collection « Fake or not » (Tana éditions). Or, le chercheur était jeudi 7 septembre 2023 l’invité de la Terre au carré, sur France Inter. L’occasion d’avoir un avant-goût sur le sujet traité.

Les chiffres à connaître

« Les chiffres montrent que plus de 80% des ménages en France possèdent au moins un véhicule, et environ 35% possèdent même deux véhicules. Cela signifie qu’une grande partie de la population a accès à une voiture. En ce qui concerne la mobilité, environ deux tiers de nos déplacements sont effectués en voiture, que ce soit en nombre de trajets, en temps passé dans les transports (environ 2/3 du temps), ou en nombre de kilomètres parcourus. La voiture occupe donc une place dominante dans notre mobilité, et de nombreux ménages en dépendent », souligne Aurélien Bigo. « Cette dépendance à la voiture est encore plus marquée dans les zones rurales, où environ 92% des ménages ont une voiture, tandis que dans les zones urbaines denses, ce chiffre baisse à environ 67% en moyenne. Ces variations se reflètent également dans le nombre de trajets effectués en voiture, car les déplacements sont plus courts en ville. […] En outre, on a des véhicules qui sont assez largement surdimensionnés par rapport à nos besoins. Les voitures font souvent autour d’une tonne, 1.5 tonne voire plus… et souvent elles ne transportent en moyenne que 100 kilos de charge utile. »

Et il poursuit l’état des lieux : « En ce qui concerne les longs trajets, ils ne représentent qu’une petite partie de nos déplacements, avec en moyenne seulement 6 voyages par an de plus de 80 km du domicile. Les inégalités de mobilité sont plus marquées pour les déplacements de longue distance, avec une fréquence plus élevée pour les personnes ayant plus de moyens. »

La place de la voiture dans la mobilité est donc prédominante, mais elle est également source d’inquiétude en raison de son impact environnemental. Les émissions liées aux transports, dont une grande partie est due à la voiture, représentent environ 30% des émissions totales en France, avec des émissions de CO2 importantes tout au long de la vie d’une voiture thermique. « La transition vers des modes de transport plus durables, tels que le vélo, les transports en commun, le covoiturage, et l’auto-partage, est essentielle pour réduire notre dépendance à la voiture et l’impact environnemental associé. Une voiture thermique sur l’ensemble de sa durée de vie va consommer environ 10 tonnes de pétrole », explique Aurélien Bigo. « Cependant, cela nécessite des investissements dans des infrastructures adaptées et des politiques de mobilité favorables.« 

Les comportement vertueux

A terme, l’idée est donc de gommer le réflexe voiture quand une alternative vertueuse s’offre. « En gros sur les plus petites distances, la marche est à privilégier quand c’est possible, jusqu’à 1 km, voire un petit peu plus, si on peut prendre un peu son temps, que le trajet est agréable et cetera », détaille le chercheur. « Après sur des trajets jusqu’à 5 km voire plus : le vélo. Avec le vélo à assistance électrique, on peut faire des trajets de 10 km, et plus. Le vélo doit être privilégié quand c’est possible. Et puis, après les transports en commun, mais ça va dépendre un peu des des localités. Bien évidemment, quand il y a des zones plus denses, il y a plus d’offres et donc c’est plus simple de de pouvoir les utiliser. »

Dans certains territoires, il est plus aisé de se passer de la voiture que dans d’autres. Ainsi, dans les zones rurales, la dépendance à l’égard de la voiture reste plus importante. Dans ces cas, la transition vers des véhicules électriques semble adaptée, et elle peut passer par une co-propriété du véhicule. « Il est également important d’encourager l’utilisation de véhicules plus sobres », commente Aurélien Bigo. « De nombreuses personnes en zone rurale possèdent deux voitures, souvent surdimensionnées pour les besoins familiaux. Il serait donc possible de remplacer au moins l’une de ces voitures par un modèle plus adapté. […] Il est important de noter que la transition vers des véhicules électriques n’est qu’une partie de la solution. Pour réduire réellement notre empreinte environnementale, il est nécessaire de privilégier des véhicules plus légers lorsque cela est possible. De plus, il faut éviter la construction de nouvelles autoroutes, car cela va à l’encontre de la réduction des impacts environnementaux et climatiques. La dépendance à la voiture a été favorisée par des politiques publiques qui ont soutenu l’industrie automobile et les infrastructures routières. Il est temps de réorienter ces politiques en faveur de solutions de mobilité plus durables. Les ressources financières ainsi économisées pourraient être réinvesties dans le développement d’alternatives de transport efficaces. Il est également crucial de ne pas uniquement se concentrer sur les avancées technologiques, mais aussi sur la sobriété dans nos choix de mobilité.« 

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