Autisme et écrans : déjà distinguer corrélation et causalité
La question du lien entre l’usage des écrans et l’autisme suscite de vives discussions et des études variées. Une étude longitudinale d’envergure au Japon a révélé une association significative entre le temps passé devant les écrans à un an et le diagnostic d’autisme posé à trois ans chez les garçons. Cette étude a suivi près de 90.000 paires maman-enfant et a contrôlé divers facteurs, tels que le niveau socio-économique et l’état de santé mental de la mère, ainsi que le développement cognitif de l’enfant à un an. L’étude a trouvé que le risque de diagnostic d’autisme augmentait avec le temps passé devant les écrans, mais elle a aussi noté que cette association ne prouvait pas une causalité directe.
Cependant, il est important de distinguer corrélation et causalité. Selon Autisme Info Service, de nombreuses informations erronées circulent concernant l’autisme et ses causes. Une étude citée par cette source indique que l’impact global de l’exposition aux écrans sur le développement cognitif est très faiblement négatif, suggérant que les longues durées passées devant les écrans pourraient se substituer à des interactions sociales et verbales importantes pour le développement. Les personnes autistes, en raison de leurs spécificités cognitives, peuvent être plus attirées par les écrans et les nouvelles technologies, ce qui ne signifie pas que les écrans causent l’autisme.
Le terme « autisme virtuel » a été utilisé pour décrire des troubles du comportement observés chez les jeunes enfants surexposés aux écrans, mais cette dénomination a été controversée en raison de son association avec l’autisme, un diagnostic bien défini et irréversible. Les troubles associés à une surexposition aux écrans sont souvent réversibles avec un sevrage et une prise en charge adaptée, contrairement à l’autisme.
Une autre perspective vient d’une étude qui propose un modèle de causalité du trouble du spectre autistique (TSA) lié à l’exposition aux écrans, suggérant qu’une surexposition aux écrans pendant la petite enfance pourrait interférer avec l’apprentissage social et contribuer à l’augmentation des diagnostics de TSA. Cette théorie repose sur l’idée que l’exposition excessive aux écrans pourrait engendrer une hyper-connectivité sensorielle du cerveau, affectant le développement social et cognitif de l’enfant.
Dans le cadre des Assises des Solidarités, mardi dernier, Jean-Marc Soulard est intervenu sur le sujet en tant que directeur du Sessad à Vineuil, un établissement pour enfants présentant des troubles du spectre de l’autisme. « Dans notre département, nous observons environ 300 nouveaux cas potentiels par an, avec une augmentation notable de ces diagnostics. Les causes de l’autisme restent complexes et largement inexpliquées, combinant des facteurs génétiques et environnementaux. Parmi les hypothèses environnementales émergentes, l’exposition aux écrans est régulièrement évoquée, surtout chez les très jeunes enfants, a expliqué l’expert. Bien qu’il n’y ait pas d’étude démontrant un lien de cause à effet direct entre les écrans et l’autisme, des corrélations ont été observées entre l’exposition aux écrans et certains troubles du développement, notamment cognitifs. Cependant, ces corrélations doivent être interprétées avec prudence. Il est important de considérer le type d’usage des écrans et le contenu, car ils peuvent influencer différemment le développement de l’enfant. Dans notre pratique, nous constatons que les écrans, lorsqu’ils sont utilisés de manière encadrée et dans le cadre d’un projet personnalisé, peuvent être très bénéfiques. Ils servent d’outils de communication alternatifs et augmentés, à la fois à l’école et à la maison, facilitant la communication et l’interaction sociale des enfants. Il est crucial de trouver un équilibre entre les bénéfices et les risques, en adaptant l’utilisation des écrans aux besoins individuels de chaque enfant. »
Ces études et théories soulignent l’importance de la prudence dans l’interprétation des liens entre l’exposition aux écrans et l’autisme. Elles rappellent également la nécessité d’une utilisation réfléchie et encadrée des écrans, en particulier chez les jeunes enfants, tout en tenant compte des facteurs individuels et environnementaux qui peuvent influencer le développement de chaque enfant.