Blois, 22 avril 1994 : une nuit mémorable, entre chocolat et futur
La nuit du 22 avril 1994, une page s’est tournée à Blois. Une transition nette entre le passé et le futur, sous la forme d’une soirée hors du commun. Au cœur de la vieille usine Poulain, désaffectée et prête pour la démolition, l’effervescence était à son comble avec une grande fête populaire. Cette nuit-là, les Blésois.es étaient venus en masse, précisément 12.000 âmes, pour célébrer une page qui se tournait et pour accueillir l’aurore d’un nouveau chapitre dans l’histoire de leur ville.
Quand le passé rencontre le futur
C’était l’inauguration des travaux de l’Espace Gambetta, un projet colossal dans le cadre du réaménagement du quartier de la Gare. Et pour l’occasion, la compagnie Airvag, avec un génie artistique, avait installé d’imposantes sculptures gonflables colorées sur le site de la friche industrielle. Des cornes lumineuses bordaient l’allée centrale de l’ancienne usine, illuminant la rue maintenant connue sous le nom de rue de la Chocolaterie. Le contraste entre ces structures modernes et l’architecture robuste en brique de l’ancienne chocolaterie était une véritable métaphore visuelle de la ville en pleine transition.
La fête bat son plein
À 21 heures précises, le coup d’envoi fut donné. Le son des rires, des conversations animées et de la musique se propageait dans chaque recoin de l’usine, chaque note résonnant comme un hommage au passé et une célébration de l’avenir. En point d’orgue de cette soirée, un funambule aérien traverserait le ciel étoilé, évoluant avec grâce sous les étoiles gonflables. Cette performance artistique, presque surréaliste, avait pour but de suspendre le temps, comme pour rappeler à tous l’importance de chasser la nostalgie et d’embrasser l’avenir. Derrière cette grande fête, l’ambition était claire : recoudre les morceaux de la ville.
Chocolaterie Poulain : plus qu’une usine
La chocolaterie Poulain, avec ses lourds bâtiments de briques et ses structures ajoutées successivement depuis le XIXe siècle, était plus qu’une simple usine. Elle représentait une époque, une identité. Dominant la Loire et surplombant la vieille ville qui dévale le coteau, elle était un repère pour tous. Mais en 1991, un tournant majeur s’était opéré avec le transfert de la chocolaterie dans une usine ultramoderne à Villebarou, imaginée par l’architecte renommé Jean Nouvel.