« Bonjour », la création théâtrale pour enfants qui a besoin de vous
Au cœur de la création théâtrale pour enfants, il existe des projets qui mêlent imagination, intelligence et bienveillance. Bonjour, la création en gestation de la compagnie La Lune blanche, en est un exemple. Adaptée d’un texte de Claude Ponti, cette pièce à la fois musicale et burlesque, mise en scène par Jean-Michel Rivinoff, explore la magie des mots et la puissance du jeu verbal.
Un projet pour le jeune public
Dans le cadre d’un entretien, Jean-Michel Rivinoff nous éclaire sur l’originalité de Bonjour : « C’est un projet destiné au jeune public, à partir de 4 ans. Claude Ponti, que beaucoup connaissent pour ses albums illustrés, a aussi écrit pour le théâtre. Là, ce n’est pas une adaptation, c’est vraiment une pièce originale, et c’est ce qui m’a attiré. » La pièce, courte et rythmée, se veut accessible, avec une durée de 25 à 30 minutes. « L’idée, c’est que le spectacle puisse être joué plusieurs fois dans la journée si nécessaire. On s’adresse aux enfants en maternelle, mais on a vu que même les CM2 sont réceptifs. Le jonglage avec les mots amuse les enfants de tous âges. »
Dans Bonjour, le langage est au centre, déformé, manipulé, transformé en un véritable terrain de jeu. « Le texte est un quiproquo permanent. On a deux personnages : Koua (Quoi) et Hétoi (Et Toi). Ce sont des noms qui prêtent à confusion et qui nous font jouer sur ce que l’on entend et ce que l’on comprend. La langue devient une musique, un amusement, c’est ce qui m’a fasciné dans l’écriture de Ponti. »
Jean-Michel Rivinoff insiste sur l’importance de l’interprétation : « Le spectacle repose sur les deux actrices, Leslie Bouchet et Korotoumou Sidibé. Elles n’avaient jamais travaillé ensemble auparavant, mais dès la première résidence à Joué-lès-Tours, une belle dynamique s’est créée. C’est essentiel, car tout repose sur leur complicité et leur jeu. » Les deux comédiennes apportent des qualités complémentaires. « Leslie est aussi violoniste, et nous intégrons sa musique dans la pièce. Korotoumou a une voix très particulière, et j’y suis sensible. Elles apportent chacune une richesse au spectacle. »
La Compagnie La Lune Blanche a entamé le travail de création à l’Espace Malraux. Suivront des résidences à Pithiviers et Vendôme. « Là-bas, nous serons à l’école maternelle Jules Ferry, intégrés au rythme des enfants. Ils pourront voir l’évolution du travail, et leurs réactions nous aideront à peaufiner le spectacle. »
Cette proximité avec le jeune public est une volonté assumée : « Je voulais que ce projet soit accessible et sans contraintes techniques. Pas d’électricité, pas de décor lourd. On peut jouer dans une salle de classe, une médiathèque, une salle des fêtes. C’est important pour moi d’aller vers les enfants, de sortir des lieux traditionnels du théâtre. »
La nécessité d’un soutien participatif
La production de Bonjour n’est pas sans difficultés, et un financement participatif est en cours pour assurer la pérennité du projet. « Le spectacle se fera, mais ce financement nous permettrait de le réaliser dans de meilleures conditions. Obtenir des financements institutionnels est de plus en plus complexe, surtout pour un projet qui ne se joue pas uniquement dans des théâtres. » Via la plateforme Helloasso (ici), la compagnie espère réunir 4 500 euros pour couvrir les frais.
Jean-Michel Rivinoff explique : « Les lieux qui nous accueillent nous soutiennent en nous hébergeant et en prenant en charge les repas, mais il n’y a pas de soutien financier direct. Si la campagne réussit, nous pourrons finaliser le décor plus tôt, sans attendre l’exercice comptable de 2025. Mais oui, même si c’est de plus en plus difficile, on avance. »
En contribuant financièrement, les donateurs bénéficient d’un avantage fiscal non négligeable : pour chaque don, un reçu fiscal permet de déduire jusqu’à 66 % du montant de l’impôt sur le revenu.
Un contexte de financements en baisse
La conversation s’oriente vers les défis financiers auxquels font face les compagnies de théâtre aujourd’hui. « Depuis le Covid, la situation est compliquée. Les budgets pour le spectacle vivant n’augmentent pas, alors que les coûts, eux, explosent. Les salles de spectacle réduisent leur programmation, et cela se ressent : moins de spectacles diffusés, donc moins d’opportunités pour nous. » Une réalité qui pousse les compagnies à repenser leurs méthodes de production et à chercher des solutions innovantes.
La première de Bonjour aura lieu le 22 mars 2025, dans le cadre d’un festival à la médiathèque de Joué-lès-Tours, avec deux représentations. « C’est un moment que j’attends. Je pense qu’on a besoin, aujourd’hui, de ce type de théâtre : bienveillant, amusant, et accessible. Claude Ponti a su capturer l’esprit de l’enfance, et c’est un honneur de porter ses mots sur scène. »