AgendaCultureDécouvrirVie locale

Candy Pastre propose une autre expérience du Bar Céramique à Blois

​Le concept de « Bar Céramique » désigne des lieux où l’on peut créer ou décorer des objets en céramique tout en profitant d’une ambiance conviviale, souvent accompagnée de boissons ou de petites collations. Pas de cours ici, juste un moment partagé. Ce loisir entre activité artistique et expérience sociale, offre une alternative aux sorties traditionnelles.

Avec son Bar Céramique qu’elle a inauguré ce dimanche à Blois, Candy Pastre, médiatrice culturelle et fondatrice d’Explore Loire Valley, propose un concept qui mêle création artistique sur bol, assiette, carreau ou mug, convivialité mais aussi histoire de l’art. A travers un échange intergénérationnel et un travail sur la motricité fine, les six à dix participant.es se réapproprient un savoir-faire. Une initiative qui vient pallier un manque : celui d’un espace culturel où l’on ne se contente pas de consommer, mais où l’on se réapproprie le geste et la matière.

Le plaisir du faire

Et justement, Candy Pastre n’est pas une néophyte en la matière. Pendant dix ans chez Hermès, elle a travaillé à la mise en avant des savoir-faire d’excellence, avant de s’orienter vers des missions de valorisation des métiers d’art au sein d’associations. Elle a notamment été responsable régionale de l’association « De l’or dans les mains », qui promeut les métiers manuels. Ces expériences lui ont permis de mesurer l’attrait grandissant du public pour la fabrication artisanale, mais aussi la nécessité de créer des espaces de déconnexion et de partage. « Les gens redécouvrent le plaisir du faire. Il y a un besoin de renouer avec un savoir-faire, de retrouver une motricité fine perdue. Mais il y a aussi une demande pour un cadre où l’on peut échanger, se retrouver sans écran, sans pression extérieure », explique-t-elle. « La céramique a aussi cet avantage d’offrir un résultat tangible. Même une pièce que l’on trouve « ratée » prend une autre dimension après cuisson. Les couleurs changent, la brillance apparaît, et on ressent une fierté de l’avoir réalisée soi-même. Cela valorise la créativité de chacun et crée un vrai moment de partage. »

Une approche culturelle

Chaque séance, le dimanche, reposera sur une thématique artistique et historique. « J’ai bien vu que les gens ne veulent pas seulement peindre un objet, ils veulent comprendre d’où vient cette tradition, pourquoi ces motifs existent, ce que raconte une céramique« , précise Candy Pastre. Ainsi, le premier atelier a abordé l’origine de la décoration sur céramique. La prochaine édition, le 23 mars 2025, à l’Hôte Bureau, baignera dans les univers des Dali, Miro ou Matisse. L’objectif est de partir d’artistes connus, dont l’esthétique graphique est facile à reproduire, avant d’explorer des thèmes plus pointus. « Je veux casser l’idée que l’histoire de l’art est réservée à une élite. L’art est partout, il suffit d’avoir des clés pour le lire. Les thématiques que je vais développer tourneront autour de la mythologie, des symboles, des grands artistes et du patrimoine local. »

C’est pourquoi cette médiatrice culturelle, forte de l’itinérance de cette proposition, entend proposer des interventions « Bar Céramique » dans des centres de loisirs, des maisons de retraite, voire intégrer des activités de team-building. « Travailler ces thématiques pourrait être intéressant, car cela permet de mêler différents publics et de créer du lien à travers l’art. »

Bar Céramique à Blois

Un cadre propice aux échanges et à l’apprentissage

L’un des éléments fondamentaux du projet est la taille restreinte des groupes. « Je limite les ateliers à six à dix personnes maximum, pour que l’on puisse vraiment discuter et échanger. Dès qu’on dépasse ce nombre, on perd cette proximité », souligne l’organisatrice. L’intention est également d’instaurer une dynamique intergénérationnelle, où enfants, parents, actifs et retraités peuvent se retrouver autour d’une même table.

Autre choix significatif : organiser ces séances le dimanche après-midi, à partir de 14h, pendant 2h30. « C’est un créneau où l’on est généralement plus détendu, disponible, sans la pression du quotidien. À Blois, le dimanche, on a déjà visité les châteaux et les expositions sont souvent fréquentées par un cercle restreint d’habitués. Il fallait un espace où tout le monde peut venir sans se sentir exclu. »

Bar Céramique à Blois

Au-delà des ateliers, Candy Pastre nourrit une ambition plus vaste : reconnecter le public avec l’histoire régionale. Par exemple, Tasciaca, l’ancien site gallo-romain de Thésée, site trop méconnu. « On sait que c’était un centre de production et d’échanges, notamment autour de la céramique et du vin. On a retrouvé sur place des céramiques de luxe comme la Terra Sigillata, mais aussi des poteries venues d’Italie, preuve d’un commerce international dès le IIᵉ siècle après J.-C. Les murs du site font sept mètres de haut, c’est impressionnant. On peut encore voir la technique de construction romaine, c’est un patrimoine extraordinaire. »

La céramique comme témoin des sociétés

En remontant le fil de l’histoire lors de cette première session dimanche dernier, Candy Pastre a expliqué comment chaque civilisation a repris et enrichi les techniques des précédentes. « Les Égyptiens ont introduit la couleur et des représentations figuratives très codifiées : le vert pour la fertilité, le bleu pour le divin, l’or pour l’éternité. » Elle cite en exemple le Petit Noun, un célèbre hippopotame bleu exposé au Louvre, retrouvé dans la tombe d’un haut fonctionnaire. « L’hippopotame était à la fois un animal sacré et redouté. Certaines figurines avaient même les pattes cassées volontairement, pour conjurer le sort. »

L’art du décor céramique en Grèce a atteint son apogée à travers plusieurs traditions artistiques distinctes. En Crète, durant la période minoenne (vers 2000-1450 av. J.-C.), les poteries se distinguent par des motifs marins et végétaux, inspirés d’un monde dominé par la mer et le commerce. Plus tard, avec la civilisation mycénienne (vers 1600-1100 av. J.-C.), ces influences se prolongent et évoluent vers des compositions géométriques intégrant des figures humaines et animales, amorçant ainsi une forme de narration picturale. Ce n’est toutefois qu’à Athènes, à partir du VIIᵉ siècle av. J.-C., que la céramique grecque connaît une véritable révolution avec l’apparition des figures noires, puis des figures rouges, permettant une plus grande finesse dans le dessin et la mise en scène. « Les figures rouges ont révolutionné la peinture sur céramique, en permettant un niveau de détail inégalé : drapés, chevelures, armes… Cela a transformé la poterie grecque en véritable art pictural. » Voilà ce qu’on peut apprendre de la bouche de Candy Pastre tout en créant sa propre décoration, de manière conviviale.

Prochains rendez-vous du Bar Céramique : 23 mars, 6 et 27 avril, 4 et 18 mai à L’Hôte Bureau, 2 bis Pierre de Blois. Tarif : 25€. Plus d’informations et réservations ici : exploreloirevalley.com

l'amour qui s'éprouve

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR