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Comment un arrêt parisien de 1577 a servi de tremplin à nos vins locaux

À première vue, un arrêt du Parlement de Paris datant de 1577 peut sembler n’avoir aucune importance aujourd’hui. Pourtant, cette législation a eu un impact majeur et durable sur la viticulture en France, en particulier dans le Loir-et-Cher. En effet, ce texte législatif interdisait aux marchands et cabaretiers parisiens de s’approvisionner en vin dans un rayon de moins de vingt lieues (environ 88 km) de la capitale, afin de décourager les productions de basse qualité. Plus de quatre siècles plus tard, les vignobles du Loir-et-Cher, comme les domaines produisant les vins de Cheverny et de Cour-Cheverny, en récoltent toujours les fruits.

Source : Vins du Val de Loire

Durant le sommet de l’Ancien Régime, deux groupes de la population rurale en Île-de-France se démarquent : les vignerons et les agriculteurs. Ils constituent le socle social de la région.

La vigne, à côté des céréales, représente l’une des principales sources de richesse de l’Île-de-France, et c’est le marché parisien qui en stimule le développement. Au 16e siècle, la vigne se trouve partout dans la région, aussi bien sur les pentes des vallées proches de Paris que dans les zones riches en céréales. Le vignoble de la région parisienne est important tant en termes de superficie que de qualité, offrant des vins blancs de qualité depuis le Moyen Âge. Ces vins proviennent de cépages nobles importés de Bourgogne ou du Val de Loire, tels que le Pinot Gris et le Chardonnay. En revanche, des cépages moins prestigieux, comme le Gamay ou le Gouais, sont utilisés pour produire des vins de qualité inférieure.

Ces vins bon marché sont vendus dans les tavernes et les cabarets de la ville, satisfaisant la soif du peuple mais irritant la bourgeoisie. Cette dernière voit en ces vins une menace à la réputation des crus régionaux et tente sans succès de freiner leur expansion.

Le paysage viticole connaît alors un bouleversement majeur à la fin du 16e siècle, en grande partie à cause de l’arrêt du Parlement de Paris en 1577, qui restera en place deux siècles. En effet, il empêche les commerçants parisiens de s’approvisionner en vin dans un rayon de 88 kilomètres autour de la capitale. L’impact est significatif : il réduit considérablement la demande pour les vins de l’Île-de-France. Bien que la production locale continue d’être consommée, c’est à une échelle beaucoup plus petite. Ceux qui sont épargnés par cette restriction sont principalement les nobles et les bourgeois possédant leurs propres vignobles.

Pour satisfaire la demande croissante, l’agrandissement des vignobles commence initialement aux environs d’Orléans (au delà de vingt lieues), avant de s’étendre progressivement vers le sud, en direction de Blois, la Vallée du cher, la Sologne, et Tours. Voilà comment un arrêt parisien de 1577 a servi de tremplin à nos vins locaux.

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