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COP29 : quelle place pour les défenseurs de l’environnement ?

La 29ᵉ Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) s’ouvre aujourd’hui, 11 novembre 2024, à Bakou, en Azerbaïdjan, et se poursuivra jusqu’au 22 novembre. Ce sommet annuel réunit des représentants de gouvernements, d’organisations non gouvernementales, du secteur privé et de la société civile pour discuter des mesures à prendre face à l’urgence climatique.

Un contexte géopolitique complexe

Le choix de Bakou comme hôte de la COP29 a suscité des débats. L’Azerbaïdjan, dont l’économie repose largement sur les exportations de pétrole et de gaz, est critiqué pour son engagement limité en matière de transition énergétique. De plus, des tensions régionales, notamment son agression de l’Arménie, ajoutent une dimension géopolitique à cette conférence. La participation à la COP29 semble moins importante que lors des éditions précédentes.

De plus, le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite des inquiétudes quant à l’engagement américain dans la lutte contre le changement climatique, affaiblissant potentiellement les négociations en cours.

Les enjeux majeurs de la COP29

Parmi les principaux objectifs de cette conférence figurent :

  • Financement climatique : Les pays développés doivent définir un nouvel objectif de financement pour aider les nations en développement à faire face aux impacts du changement climatique. Le précédent engagement de 100 milliards de dollars par an, établi en 2009, a été difficilement atteint en 2022. Les discussions actuelles visent à déterminer un nouveau montant pour la période post-2025. Les estimations des besoins financiers des pays en développement varient, certains rapports suggérant des montants annuels de l’ordre de 1 000 milliards de dollars ou plus.
  • Révision des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) : Les pays sont encouragés à soumettre des plans actualisés avant la COP29, bien que la date limite officielle soit fixée à février 2025. Ces plans sont essentiels pour aligner les engagements sur l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C.

Margot Jaymond (Amnesty International) dénonce l’acharnement contre les défenseurs de l’environnement

Alors que s’ouvre la COP29, Margot Jaymond, chargée de plaidoyer sur la justice climatique à Amnesty International France, publie une tribune dans La Croix. Dans ce texte, elle met en lumière un paradoxe inquiétant : les défenseurs de l’environnement, pourtant en première ligne pour préserver la planète, subissent des répressions croissantes dans le monde entier.

Un combat pour la planète payé au prix fort

Margot Jaymond commence par rappeler un chiffre glaçant : entre 2012 et 2023, plus de 2 100 militants écologistes ont été tués à travers le monde, selon l’ONG Global Witness. Ces victimes, souvent issues des populations autochtones ou rurales, sont la cible de violences pour avoir tenté de protéger leurs terres contre des projets destructeurs.

La tribune souligne que cette répression n’est pas l’apanage des régimes autoritaires. Au Canada, pourtant souvent présenté comme un modèle en matière de climat, le chef autochtone Dsta’hyl a été condamné à 60 jours d’assignation à résidence pour avoir défendu pacifiquement ses terres contre un gazoduc. En France, les opposants à l’autoroute A69, surnommés les « écureuils », subissent une répression si intense que l’ONU a réclamé une enquête.

Margot Jaymond y voit une tendance inquiétante : même dans les démocraties, le droit de manifester et de défendre l’environnement est remis en question. Ces atteintes aux libertés fondamentales freinent, selon elle, la transition écologique et renforcent les pratiques polluantes.

Des COP sous l’emprise des lobbys

La tribune critique également la présence massive de lobbies industriels lors des conférences sur le climat. À la COP28 de Dubaï, plus de 2 400 représentants des industries fossiles ont participé aux débats, dépassant en nombre les délégations des pays les plus vulnérables. Ce déséquilibre a conduit à un affaiblissement des engagements. L’exemple le plus frappant est le recul sur la sortie des énergies fossiles, remplacée par une « transition juste et équitable », une formule vague et peu contraignante.

Exclure les défenseurs, un échec collectif

Pour Margot Jaymond, la marginalisation des défenseurs de l’environnement dans les grandes instances internationales est une erreur stratégique majeure. Ces militants, souvent issus de la société civile et des peuples autochtones, apportent une expertise précieuse sur les impacts réels des politiques climatiques. En les excluant, les gouvernements et les entreprises se privent d’alliés essentiels pour répondre à l’urgence climatique.

Selon les dernières estimations du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la trajectoire actuelle du réchauffement global atteindrait +3,1 °C d’ici la fin du siècle. Un constat qui montre que les décisions prises jusqu’ici sont insuffisantes. Protéger les militants écologistes, garantir leur sécurité et les inclure dans les discussions ne relèvent pas seulement des droits humains. C’est aussi, insiste-t-elle, une nécessité pour affronter la crise climatique. Car, sans ces « sentinelles de la planète », les politiques climatiques risquent de rester lettre morte.

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