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Diaspora et entrepreneuriat : une conférence à Blois a pointé les défis

Le vendredi 6 décembre 2024, à l’Hôtel Le Cosy de Villebarou, s’est tenue la deuxième édition de la conférence-dînatoire « Diaspora, les acteurs de l’entrepreneuriat, ici et là-bas », organisée par Pascal Amar Khodja, président de l’association Euro Berbère Économie, et Fioyi Ayikon, président de l’association CAN 41. Ce rendez-vous a rassemblé entrepreneurs, représentants associatifs et professionnels pour échanger sur le rôle des diasporas dans l’entrepreneuriat, et renforcer les liens entre acteurs économiques, élus et citoyens. Rachid Meress et Mathide Desjonquères étaient parmi les invités.

Clémence Garon : mutualiser les ressources pour amplifier l’impact

Première à intervenir, Clémence Garon, présidente du COSIM Centre-Val de Loire, a exposé les ambitions de son organisation : fédérer et accompagner les associations issues des migrations. Créé en 2018, le COSIM (Collectif des Organisations Solidaires Issues des Migrations) a pour mission de structurer l’action des diasporas autour de trois axes principaux : accompagnement des associations dans le montage de leurs projets, mutualisation des ressources et partage d’expériences pour renforcer l’efficacité des initiatives. Clémence Garon a souligné l’importance des projets menés par les diasporas dans leurs pays d’origine, tels que la création d’écoles ou la rénovation d’hôpitaux. Elle a rappelé que ces initiatives bénéficient de subventions gérées par un organisme national, permettant aux associations de financer des actions concrètes sur le terrain. « Nous sommes là pour rassembler et soutenir toutes les associations issues des migrations. Ce travail collectif est essentiel pour maximiser l’impact de nos efforts, » a-t-elle expliqué, avant d’inviter les associations présentes à collaborer avec le COSIM.

Steve Mambou

    Steve Mambou et sa solution

    Steve Mambou, entrepreneur et fondateur de Songo Money, a présenté sa start-up qui s’attaque à une problématique récurrente au sein des diasporas : la transparence dans l’utilisation des fonds envoyés aux proches. « Le paiement de factures à distance est une solution qui garantit que l’argent envoyé par la diaspora est utilisé pour les besoins prévus, » a-t-il expliqué. En prenant un exemple concret, il a détaillé le fonctionnement du service : un proche en Afrique se rend dans une pharmacie partenaire avec une ordonnance. La pharmacie envoie la facture via le réseau Songo Money. Le membre de la diaspora en France paie directement la facture, et le proche reçoit ses médicaments.

    Steve a souligné que ce service est actuellement opérationnel au Cameroun et répond à une demande forte des diasporas. « Beaucoup de personnes se plaignent que l’argent qu’elles envoient est détourné. Songo Money est là pour régler ce problème, » a-t-il affirmé. Malgré une levée de fonds réussie via le modèle Love Money, où des membres de la diaspora ont contribué pour financer le projet, Steve a évoqué les difficultés à attirer des investisseurs institutionnels. « Les réseaux jouent un rôle crucial dans l’accès aux fonds d’investissement, et le manque de connexions ou d’un parcours dans de grandes écoles peut être un frein, » a-t-il confié.

    Il a également partagé les défis rencontrés dans la mise en place du service, notamment le développement d’un maillage territorial efficace au Cameroun. « Nous avons dû construire un réseau de partenaires, incluant des pharmacies, des librairies et des quincailleries, pour répondre aux besoins des familles, même dans les zones reculées. »

    Fredy Mitouamona

    Fredy Mitouamona : une transition de la tech à la franchise

    Fredy Mitouamona, franchisé Carrefour, a présenté son parcours entrepreneurial, en insistant sur la spécificité de la franchise comme modèle d’entrepreneuriat. « La franchise est une manière d’entreprendre où vous êtes indépendant, mais avec l’appui d’un grand groupe, » a-t-il expliqué. Après une expérience dans les start-ups et un passage dans le secteur logistique, Fredy a choisi de se lancer dans la franchise. Aujourd’hui, il dirige un magasin avec une équipe de 17 salariés. Il a décrit les avantages de ce modèle : une indépendance dans la gestion quotidienne, et le soutien d’un groupe structuré pour gérer les problématiques sociales et opérationnelles. « C’est une approche différente de l’entrepreneuriat pur, mais tout aussi exigeante, » a-t-il précisé. Fredy a également souligné l’importance de la polyvalence dans son parcours, ayant évolué de la tech à un business physique, ce qui lui permet d’adopter une perspective élargie sur l’entrepreneuriat.

    Ibrahima Théo Lam : résilience et impact au cœur de l’action

    L’intervention d’Ibrahima Théo Lam, entrepreneur sénégalais, a marqué par son authenticité et son franc-parler. Entrepreneur depuis 20 ans, il a raconté son expérience, en insistant sur les défis de l’entrepreneuriat et l’importance de l’impact social. « Je ne pense jamais à l’argent. Je pense aux besoins et à l’impact. Cela me permet de continuer malgré les difficultés, » a-t-il affirmé.

    Ibrahima a partagé une anecdote avec DSP Afrique, une association qu’il a soutenue en mettant à disposition sa vaste maison au Sénégal pour des ateliers avec des jeunes. Pendant quatre jours, des experts ont travaillé avec ces jeunes pour les aider à structurer leurs projets. « Ces moments d’échange et de partage sont essentiels et devraient être multipliés, » a-t-il déclaré. Cependant, il a également évoqué les défis liés à son engagement. Ayant investi dans des écoles, cabinets et incubateurs dans plusieurs pays africains, il a admis que la gestion simultanée de ces initiatives s’est avérée difficile. « Si c’était à refaire, je limiterais mon engagement initial pour mieux maîtriser les charges, » a-t-il confié. Ibrahima a conclu en appelant à une tolérance accrue et à une collaboration renforcée au sein des diasporas : « Nous devons apprendre à accepter les imperfections et à travailler ensemble pour construire quelque chose de durable. »


    La conférence a permis de souligner une constante : l’importance de la solidarité, de la structuration et du réseau pour maximiser l’impact des initiatives diasporiques. Ces échanges ont montré que, malgré les défis, les diasporas entendent représenter une force vive pour le développement économique, tant ici qu’ailleurs.

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