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Farouche : « J’ai un univers assez particulier »

Un clip tourné la semaine dernière au KB9 de Blois, un concert à venir au Chato’do le jeudi 30 novembre 2023, l’actualité du rappeur Farouche est dense. Blois Capitale s’est entretenu avec l’artiste blésois.

Blois Capitale : Quel est le début de l’histoire ? Comment avez-vous découvert le hip hop ?

Farouche: Je me souviens, c’est tout bêtement en allant chez mon oncle. Il avait des CD, et il me dit, « tiens, je te les prête », c’était un CD de IAM et un de NTM. Donc j’ai commencé directement comme ça. Après, le troisième, c’était un CD de Missy Elliott, et j’ai beaucoup moins accroché parce qu’à 10 ans, je ne comprenais pas les paroles en anglais. Cela m’a orienté naturellement vers le rap français, dans lequel je me suis profondément immergé. Les paroles m’ont touché, m’inspirant énormément, au point de tomber littéralement amoureux de ce genre. Cela m’a ouvert les yeux sur la puissance de l’expression et de l’inspiration tirées de divers sujets. À partir de mes 10 ans, ma curiosité s’est élargie et j’ai commencé à explorer un éventail d’artistes, me lançant dans l’écriture vers 11 ou 12 ans, en autodidacte. J’ai enregistré pour la première fois un peu plus tard quand j’ai rencontré des mecs un peu plus âgés que moi, qui avaient un studio d’enregistrement. Ils avaient besoin d’une prise de voix et c’est là où j’ai découvert et vu que j’étais dedans. Je me suis dit, pourquoi pas commencer à enregistrer des choses. Donc ouais, à 13 ans, j’ai commencé à enregistrer mon premier titre.

Blois Capitale: Vous avez cité quelques artistes, mais y a-t-il des albums ou des titres qui vous ont particulièrement marqué ?

Farouche : En influence, beaucoup d’artistes. Je ne peux pas tous les citer, mais ça a commencé par IAM et NTM, du vieux rap français. Quand j’ai commencé à écrire, j’étais beaucoup influencé par des artistes comme Soprano, Sniper, la Fonky Family. Mais s’il y en a un qui m’a influencé pendant longtemps, c’est peut-être Soprano et après plein d’autres. Aujourd’hui, je suis plus dans l’écoute indépendante, moins connue, comme Swift Guad, Scylla, Demi Portion, etc.

Blois Capitale : Comment décrivez-vous votre évolution depuis le premier album ?

Farouche : Inapprivoisable, c’est un projet très vieux. Je l’ai commencé très jeune, à 13-14 ans. J’ai fait un album de 20 titres. L’évolution est énorme. Je pense que j’ai fait des choses trop jeune, trop vite. Aujourd’hui, je cherche plus la qualité que la quantité. J’ai toujours été assez solitaire dans ma musique, pas parce que je ne veux pas m’entourer de gens, mais parce que j’ai un univers assez particulier. Maintenant, je suis plus perfectionniste. Je pense que j’aurais du mal à trouver une entente avec un groupe. Inapprivoisable, c’est aussi une partie de ma jeunesse… Le rap m’a toujours aidé, c’est ma petite bulle. Les gens me disent souvent que je suis drôle au quotidien, mais la musique, c’est particulier. C’est ma signature et je l’assume.

Blois Capitale : Vous cherchez la qualité, comme se passe le processus créatif ?

Interviewé: Alors, il y a forcément de l’influence, sans faire de plagiat, je précise, il n’y a jamais eu de plagiat. L’inspiration vient naturellement. Souvent, pour être honnête, dans des moments où je ne vais pas bien moralement. Je me retrouve dans cette bulle, et cela me fait du bien. Les sujets ressortent ensuite de la vie quotidienne. Pour moi, l’inspiration est comme un muscle. Si je ne travaille pas dessus pendant longtemps, je n’y arrive pas. L’inspiration ne vient pas. Mais si je travaille intensément pendant un bon moment, ça devient facile, que je sois dans un état triste ou heureux, l’écriture sort plus facilement. Quand je commence à écrire sur des brouillons, il n’y a pas forcément de thématiques précises. Le processus créatif part de là, en fonction de mon état général à ce moment-là. Sur les brouillons, des idées me viennent, et généralement, cela donne directement le titre. Ensuite, je me fais des petits jeux, des brainstormings, pour voir ce que je pourrais écrire par rapport à ça. Puis je remets mon brouillon au carré plusieurs fois.

BC : Pourriez-vous nous parler du tournage de ce nouveau clip ?

Farouche : Ce titre a déjà 2 ans. On m’a proposé une invitation sur une mixtape, qui est une compilation d’artistes de différents endroits. Le morceau s’appelle « Déboussolé ». Le concept est une boîte de nuit où, comme d’habitude, je suis dans ma bulle. Les paroles seront des tirades de la vie quotidienne. Peut-être que les gens pourront s’identifier à ce texte. C’est le but. Dans le clip, je serai incarné en personnage un peu perdu et seul pendant que les autres font la fête.

BC : Les textes qui ont plusieurs années, comment les gérez-vous ?

Farouche : Ça m’arrive de retravailler des anciens textes. Je suis constamment en train de reprendre, même si c’est une création nouvelle, des brouillons ou une musique finalisée. Je me relis, je décide de reprendre certaines parties, soit en détail, soit en entier. C’est un côté perfectionniste. J’en ai pas parlé tout à l’heure, mais à 13, 14 ans, je n’étais pas vraiment calé en musique, même en rap. J’ai arrêté la musique pendant 3-4 ans, puis j’ai repris il y a 3 ans avec mes nouveautés. Pendant cette période, j’ai vraiment appris, regardé des tutos, parlé à des gens pour vraiment me caler sur la musique et m’intéresser à ce qu’est réellement le rap, car il n’y a pas que les textes, il y a aussi la musique derrière.

BC : Il y a ce concert le 30 novembre au Chato’do. À quoi peut-on s’attendre ?

Farouche : Il faut s’attendre à un moment de partage. Pour moi, la musique c’est avant tout un partage. Je suis sûr que le Chato’do attirera des gens venus pour la découverte. Ils travaillent beaucoup sur le local et la découverte d’artistes. Il y aura autant de reprises que mes titres existants. Je travaille un peu dans l’ombre en ce moment, donc il n’y aura pas énormément de nouveautés.

>> Le YouTube de Farouche : https://www.youtube.com/@farouche6275

BC: Des perspectives pour 2024 ?

Farouche : Pour 2024, il y aura un projet qui sera dans la continuité de ce que j’ai fait jusqu’à présent.

BC : Vous parliez de vos racines hip-hop et de votre travail sur la musique. Dans quel horizon cela pourrait-il vous mener ?

Farouche : Je ne sais pas exactement, mais j’aimerais explorer d’autres horizons musicaux. Je fais du rap, mais j’écoute aussi d’autres genres. J’aimerais intégrer davantage d’instruments réels dans ma musique, peut-être même réaliser un morceau avec juste du piano ou de la guitare. Mon dernier morceau, « Une Goutte d’Espoir », a été entièrement réalisé avec des instruments en studio.

BC: On vous décrit comme un artiste poétique et réaliste, vous validez ?

Farouche : Oui, absolument. Cela reflète bien mes inspirations. Je m’efforce de ne pas utiliser de gros mots dans mes textes. Je me concentre sur des expressions, des métaphores, et j’essaie de travailler mes textes pour qu’ils aient un sens profond, même s’ils peuvent parfois sembler obscurs.

BC : Quelles sont les évolutions que vous souhaitez réaliser ? Avez-vous un objectif précis en tête ?

Farouche : Pour l’instant, la musique est une passion, pas mon métier. Mon rêve serait de pouvoir en vivre un jour. Je travaille pour réaliser cet objectif, notamment en me produisant sur de plus grandes scènes.

BC : Comment voyez-vous la scène hip-hop actuelle ?

Farouche : Je ne la vois pas d’un mauvais œil, mais certains artistes, notamment ceux qui passent à la radio, ne correspondent pas à mes valeurs. Je travaille avec des jeunes et nous discutons souvent de l’importance de comprendre les paroles qu’ils écoutent. Actuellement, il y a des valeurs véhiculées dans certains morceaux avec lesquelles je ne suis pas en accord. J’apprécie beaucoup Bigflo et Oli en ce moment ; une de leurs phrases m’a particulièrement marqué : « Arrêtez d’écouter des musiques qui vous insultent. »

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