Inventer la mobilité de demain : le défi des véhicules intermédiaires

Mardi soir, à l’INSA Centre-Val de Loire, Blois Autopartage et Gree’NSA ont proposé une projection-débat autour du documentaire La Nouvelle Aventure Mobile de Jérôme Zindy (2024). L’événement, soutenu par Agglopolys, Vélo 41 et Blais’Watt, a réuni plusieurs acteurs engagés dans la réflexion sur les mobilités alternatives.
La soirée s’est ouverte sur la projection du film La Nouvelle Aventure Mobile, qui retrace le tour de France du reporter Jérôme Zindy en véhicule intermédiaire. On y découvre des territoires, des écoles, des entreprises et des associations qui expérimentent ces alternatives aux voitures traditionnelles. Ces engins se situent entre le vélo et la voiture : légers, économiques, durables. Ils sont issus de « l’Extrême Défi » lancé par l’ADEME en 2022, qui imposait un cahier des charges précis : dix fois moins chers, dix fois plus légers, dix fois plus simples, dix fois plus durables et adaptés aux besoins des citoyens et des territoires.
Jean-Baptiste Ligouy et le Baker-Prax
Premier intervenant, Jean-Baptiste Ligouy a présenté le Baker-Prax, un quadricycle léger sans permis, de catégorie L6eA (vitesse maximale : 45 km/h / poids à vide : 130 kg / capacité de charge : 250 kg / autonomie : 80 à 100 km). Ce véhicule est né de sa propre expérience, proche de Bourges : « J’habite à la campagne, à 35 kilomètres d’une ville. Chaque déplacement dépend de l’énergie. La moindre crise énergétique complique tout. » Ingénieur mécanique, il a conçu un engin capable de transporter des outils sans les abîmer, avec des suspensions avant et arrière adaptées. Contrairement à beaucoup de prototypes, il a choisi quatre roues plutôt que trois, pour éviter les déséquilibres sur les plaques d’égout ou les chemins herbeux. Le véhicule peut transporter jusqu’à 250 kg, conducteur compris, avec une motorisation allant jusqu’à 4 000 watts, soit l’équivalent de 25 cyclistes. Aujourd’hui, le Baker-Prax en est à son troisième prototype. Un nouveau modèle est en développement, équipé d’une motorisation LMX (2 x 2000 W) et destiné à passer les tests d’homologation.

Jean-Baptiste Ligouy a aussi présenté Avéli, une association qui regroupe 45 constructeurs de véhicules électriques légers en France. Ses objectifs : co-créer des contrats d’assurance adaptés, initier des évolutions réglementaires et faire connaître ces véhicules. Trois catégories de VELI (véhicules électriques légers intermédiaires) ont été rappelées : VAE (25 km/h, 250 W) ; L6 (45 km/h, 4000 W) ; L7 (80 km/h, 15 000 W).
Christophe Chesneau et l’expérience du poids lourd électrique
Le deuxième témoignage était celui de Christophe Chesneau, dirigeant de Bioeco, une petite entreprise de livraison de bois et granulés basée à Maves (Loir-et-Cher). Avec deux salariés et un camion, l’entreprise transporte 2 000 tonnes de marchandises par an, soit environ 300 000 km parcourus. Avant 2023, les livraisons étaient assurées par un camion diesel d’occasion. Depuis juin 2023, Bioceo est passé à un camion électrique Volvo de 19 tonnes, avec 10 tonnes de charge utile. Les raisons de ce choix : réduction des coûts d’énergie et de maintenance (pas de vidanges, peu d’usure des freins) ; confort de conduite (silence, absence de vibrations, fatigue réduite en fin de journée) ; autonomie adaptée aux tournées quotidiennes (jusqu’à 300 km) ; recharge nocturne sur borne de 40 kW complétée si nécessaire par des pauses sur des bornes rapides ; auto-production solaire (l’entreprise dispose d’une centrale photovoltaïque de 100 kW qui alimente la recharge).
Le coût d’un camion électrique reste élevé : 300 000 euros, soit deux fois plus qu’un camion diesel. L’entreprise a opté pour une location longue durée de huit ans, à 3 500 euros par mois. « Au final, avec les économies réalisées, le coût est équivalent au diesel », a expliqué Christophe Chesneau.

Le Vhélio : une innovation open source
Autre projet présenté : le Vhélio, développé à Orléans par l’association VSpt – Vélo Solaire Pour Tous. Ici, pas de commercialisation directe : les plans, les pièces et la documentation sont disponibles en open hardware et en open source. Chacun peut télécharger les plans, se procurer les pièces et assembler le véhicule, seul ou avec d’autres. Certaines PME commencent néanmoins à se lancer dans l’assemblage et la commercialisation. Le Vhélio se situe dans une gamme de prix comprise entre 2 500 et 7 500 euros, selon les configurations retenues. Son autonomie est d’environ 25 kilomètres par batterie, portée à 50 kilomètres lorsqu’il en embarque deux. Il peut aussi se recharger grâce à un panneau solaire, offrant alors près de 8 kilomètres supplémentaires par heure d’ensoleillement. Avec une largeur de 80 centimètres, il reste parfaitement adapté aux pistes cyclables, et son poids avoisine les 200 kilos dans la version la plus lourde. L’association organise son premier rassemblement ce week-end, Et c’est à Blois. Il sera présenté devant Ethic Etapes (37 Rue Pierre et Marie Curie) au grand public le dimanche après-midi, de 14h à 16h.

Une filière en émergence
Des véhicules intermédiaires sont déjà commercialisés en France : l’Acticycle, l’ÆMOTION, la Bagnole, le BOB, le Karbike KOZ, le Maillon Daily, le QBX Sorean, l’Urbaner, la Weez. Neuf modèles sont désormais disponibles, preuve que la filière prend son essor.
Au sujet de Blois Autopartage, devenu association après avoir débuté comme collectif citoyen. Prochainement un troisième véhicule sera disponible. Actuellement, un premier est près de la gare, un deuxième place de la République grâce à Citiz, et donc un troisième sera bientôt en service. Le site d’accueil est encore à déterminer.