Ce week-end, dans le cadre du festival « Les Nuits des Forêts », se tenait un atelier un peu spécial au « Houppier », ancienne maison forestière qui va devenir à l’initiative de la nouvelle association « Ce dont nous sommes faits » un tiers-lieu (axé sur l’écologie, la forêt, le bien-être et l’art). En effet, la botaniste Catherine Gruffat, fondatrice de l’association blésoise Fleurs et Vie, a présenté, dans la nature environnante, à une trentaine de personnes, des plantes comestibles comme le tilleul, la grande berce, le lierre terrestre, le plantain, etc. Avec cette question en fond : La forêt est-elle comestible ?
La forêt est nourricière à de nombreux égards
Les forêts abritent une grande partie de la biodiversité mondiale, fournissant un habitat à de nombreuses espèces de plantes, d’animaux et de micro-organismes. Cette diversité biologique est la base de nombreux écosystèmes et processus naturels dont dépendent les humains. Beaucoup de médicaments sont dérivés de substances trouvées dans les plantes et autres organismes forestiers. Les forêts influencent le cycle hydrologique et jouent un rôle dans la purification et la régulation du débit des cours d’eau, fournissant de l’eau propre à des millions de personnes. Outre les matières premières, les forêts fournissent des services tels que la séquestration du carbone, la régulation du climat, et la protection contre l’érosion des sols.
Mais revenons à cette question : La forêt est-elle comestible ? De nombreux fruits, noix, champignons, et d’autres types d’aliments sont dans les forêts. Donc, oui, elle peut nourrir des humains, mais en moins grand nombre, et seulement ceux en capacité de le faire, ce qui restreint le spectre. Face à ces difficultés, « depuis toujours, dans l’histoire de l’humanité, nous avons défriché des clairières pour pouvoir exploiter la terre », souligne Catherine Gruffat. Si la forêt peut être nourricière pour l’humain, c’est avec une population réduite.
Nos ancêtres étaient surtout frugivores et granivores
Selon les études sur la paléontologie et l’anthropologie, nos ancêtres hominidés (bien moins nombreux) étaient principalement frugivores (consommateurs de fruits) et granivores (consommateurs de graines), notamment dans les premières phases de leur évolution.
Le développement de dents et de mâchoires capables de broyer des fruits et des graines dures, témoignent de l’importance de ces aliments. L’évolution de la dentition et du système digestif reflète cette dépendance à un régime riche en végétaux.
Bien que les fruits et les graines soient des composantes importantes du régime alimentaire, nos ancêtres exploitaient également d’autres sources de nourriture selon l’écosystème dans lequel ils vivaient. Par exemple, dans certains environnements, ils pouvaient consommer plus de racines, de tubercules, ou même de viande, selon la disponibilité des ressources. Les groupes de chasseurs-cueilleurs étaient souvent nomades ou semi-nomades, se déplaçant à travers différents écosystèmes pour exploiter les ressources saisonnières au fur et à mesure de leur disponibilité.
C’est dans la lisière de forêt qu’on trouve le plus de plantes nourricières
La lisière de forêt, qui est la zone de transition entre la forêt dense et les espaces ouverts comme les prairies ou les champs, est particulièrement riche en biodiversité végétale et souvent en ressources alimentaires.
La lisière de forêt reçoit plus de lumière solaire que l’intérieur dense de la forêt, car il y a moins de couverture arborée pour bloquer le soleil. Cela permet à une plus grande variété. Certaines plantes peuvent bénéficier de l’humidité provenant de la forêt tout en profitant de la lumière plus abondante de l’espace ouvert. Les sols à la lisière des forêts sont souvent enrichis par la décomposition des feuilles et autres matières organiques provenant de la forêt, ce qui favorise une croissance végétale. De nombreuses plantes comestibles, comme les baies, certains champignons, des herbes, et des plantes à racines comestibles, sont plus abondantes dans ces zones.
Reconsidérer les orties
Les orties, souvent considérées comme de simples mauvaises herbes en raison de leur aspect urticant, sont en fait extrêmement bénéfiques et possèdent de nombreuses propriétés utiles.
Les orties sont riches en vitamines (A, C, K et plusieurs du complexe B) et en minéraux (fer, magnésium, phosphore, potassium, et calcium). Elles contiennent également beaucoup de protéines pour une plante verte.
Historiquement, les orties ont été utilisées pour traiter diverses affections. Elles possèdent des propriétés anti-inflammatoires qui peuvent aider dans le traitement de maladies telles que l’arthrite. Les orties sont également utilisées pour soulager les symptômes de l’allergie, en particulier la rhinite allergique.
Elles sont réputées pour leurs effets diurétiques, aidant à éliminer les toxines du corps. Cela peut également soutenir la santé rénale en aidant à éliminer les calculs rénaux. En usage externe, les orties peuvent aider à traiter divers problèmes de peau, comme l’eczéma, les démangeaisons et l’acné, grâce à leurs propriétés astringentes et anti-inflammatoires. Utilisées dans les produits capillaires, les orties peuvent réduire la chute des cheveux et favoriser une croissance saine des cheveux en raison de leur riche contenu en minéraux et en vitamines.
Les jeunes feuilles d’ortie peuvent être cuisinées comme des épinards et sont excellentes dans les soupes, les pestos, et les tisanes. « Les orties sont riches en minéraux et vitamines, et il est préférable de les consommer crues pour en préserver les bienfaits plutôt que de les cuire, explique Catherine Gruffat. Si un jour vous n’avez plus rien à manger et que vous êtes perdu quelque part, vous pouvez survivre en consommant des orties, car elles contiennent tout ce dont vous avez besoin : des protéines végétales facilement assimilables et des vitamines essentielles. »
Comment manipuler les têtes d’orties qui contiennent de petites structures en silice, ressemblant à de fines aiguilles, qui peuvent percer la peau et libérer des substances chimiques irritantes comme l’histamine et l’acétylcholine ? Laisser les orties au soleil pendant quelques heures peut aider à réduire leur pouvoir urticant. Surtout il faut les manipuler dans le « bon sens », c’est à dire suivant le sens de croissance naturel.
Enfin l’ortie peut aussi être utilisée pour faire un engrais naturel ou un insecticide. Le purin d’ortie est particulièrement apprécié pour sa capacité à enrichir le sol en azote et à protéger les plantes contre les parasites. Bref, les orties offrent une gamme impressionnante de bénéfices pour la santé, l’alimentation, et même l’agriculture.