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La patinoire éphémère de Blois revient mais glace

L’installation d’une patinoire mobile extérieure sur la place de la République à Blois, prévue du 7 décembre 2024 au 5 janvier 2025, a suscité lundi soir des débats passionnés au sein du Conseil municipal. Ce projet, désormais traditionnel dans les festivités de fin d’année, divise élus et habitants sur des questions d’écologie, d’énergie, de convivialité et de symbolisme. Entre soutien à un loisir populaire et critiques sur son impact environnemental, chaque intervenant a exprimé un point de vue marqué, reflétant des visions contrastées de la politique locale.

Un équipement plébiscité pour son caractère festif et populaire

Joël Patin, adjoint aux sports et loisirs, a défendu l’installation de la patinoire : « C’est un événement important pour la ville, un moment de convivialité et de découverte. Beaucoup d’enfants patinent pour la première fois, et cela contribue à l’animation de la ville en période de fêtes. » Il a également souligné les efforts consentis pour réduire l’impact environnemental de la patinoire, notamment l’utilisation d’un nouveau groupe de froid moins énergivore et la mise en place de rideaux isolants pour limiter la perte de froid la nuit. Concernant les jours de fermeture enregistrés l’an dernier, il a précisé : « Quatre jours ont été perdus à cause d’actes de malveillance, ce qui nous a obligés à redémarrer les groupes de froid. »

Pour Frédéric Orain, élu de la majorité, l’aspect social et convivial de la patinoire est fondamental : « Quel est l’endroit à Blois où toute la population se mélange ? La patinoire reste l’un des rares lieux où des habitants de tous quartiers, de tous milieux, se rencontrent sans rupture. Tant qu’on n’a pas trouvé une alternative aussi inclusive, il faut préserver ces lieux de mixité. » Il a également rappelé que les alternatives envisagées, comme les patinoires en plastique, n’ont pas convaincu : « Supprimer du patin à glace pour du patin en plastique, franchement, c’est indéfendable. »

Ozgur Eski, également élu de la majorité, a insisté sur la magie de Noël et l’importance de cet événement pour les enfants : « Beaucoup n’ont pas la chance de découvrir la neige ou la montagne. La patinoire leur offre une expérience unique et précieuse. Cette magie des fêtes, rien que pour cela, vaut la peine. »

Les écologistes et centristes dénoncent une incohérence climatique

Les élus écologistes et centristes, en revanche, se sont fermement opposés au projet, dénonçant son incohérence avec les enjeux climatiques. Pauline Salcedo, au nom du groupe écologiste, a pointé du doigt la contradiction : « Dans un monde où les glaciers fondent et où la sobriété énergétique est une urgence, créer du froid artificiel pour patiner relève de l’ironie. » Elle a également critiqué le manque de suivi des engagements pris l’an dernier, comme la plantation de 90 arbres par le prestataire ou l’organisation d’actions de sensibilisation sur le dérèglement climatique. « Nous votons contre cette délibération, mais nous restons ouverts à imaginer des alternatives festives et respectueuses de l’environnement. »

Étienne Panchout, au nom du groupe centriste, a exprimé des réserves similaires : « Quels messages envoyons-nous à nos concitoyens ? Nous les incitons à réduire leur consommation d’énergie et, dans le même temps, nous leur offrons un loisir qui symbolise l’opposé de la sobriété énergétique. » Il a également remis en question la pertinence de cet équipement dans un contexte climatique en évolution : « Avec des températures qui augmentent, la patinoire risque d’être de plus en plus fermée. Si elle ne peut fonctionner que 15 jours sur 25, il faudra réellement reconsidérer son utilité. »

L’élue de droite Anne-Sophie Aubert-Ranguin, tout en reconnaissant avoir suivi de loin les travaux du groupe de réflexion, a ajouté : « Nous avons d’autres richesses à proposer à Blois. Faisons preuve d’imagination. »

Un groupe de réflexion sans consensus

L’année dernière, un groupe de travail avait été mis en place pour explorer des alternatives à la patinoire, mais sans succès. Joël Patin a rappelé que les propositions issues de ce groupe n’avaient pas permis de dégager une solution viable, tant sur le plan économique que sur celui de l’attractivité. Marc Gricourt, maire de Blois, a confirmé : « Nous avons fait du parangonnage avec d’autres villes, et le constat est clair : les alternatives comme les structures en plastique ou les espaces d’animation ont été des échecs en termes de fréquentation. À Nantes, par exemple, une patinoire qui attirait 45 000 visiteurs a été remplacée par une alternative qui n’en a capté que 4 000. Si nous devions faire face à une fermeture prolongée de la patinoire sur plus de 10 jours, il faudrait reconsidérer ce projet. Pour l’instant, nous assumons cet investissement en raison de sa vocation sociale et festive. »

Un dilemme pour l’avenir

Le débat autour de la patinoire éphémère illustre les tensions entre traditions festives, attractivité locale et enjeux environnementaux. Si la majorité municipale défend cet équipement pour son rôle social et sa contribution à l’animation de la ville, les opposants écologistes et centristes appellent à une remise en question profonde. Le défi reste de concilier ces objectifs contradictoires tout en répondant aux attentes des habitants.

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