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Le festival BAM 2025 donne de la voix à la basilique


Le festival BAM 2025 s’ouvre ce vendredi soir à Blois avec un concert dont le titre, Lumières & Illuminations, dit tout à la fois l’ambition esthétique et la ligne directrice de cette édition : trois jours placés sous le signe de la voix, de la poésie française, et d’un répertoire exigeant, porté par des artistes de haut niveau.

Dans l’espace monumental et singulier de la basilique Notre-Dame de la Trinité, Sébastien Marchand, directeur d’Accords Centre-Val de Loire et programmateur du festival, entend déployer une dramaturgie musicale où le texte chanté, la matière vocale et l’architecture sonore s’entrelacent à dessein. « C’est un festival que je programme seul, et je n’y propose que des œuvres que j’aime, » assume t-il, sans détour. « Certaines très connues, d’autres moins, et d’autres encore à découvrir. Mais ce sont toujours des pièces qui me touchent par leur composition, leur poésie, leur pensée. Cette année, le fil conducteur est très clair : c’est la voix. »

Une voix pour chaque soir

Trois soirées, trois solistes, trois paysages vocaux : le programme de BAM 2025 n’a rien d’une suite de concerts juxtaposés. Il se pense comme un parcours sensible, où la voix circule, se transforme, se partage. Vendredi, la soprano Chloé Chaume interprétera Les Illuminations de Britten, ainsi que des extraits des Nuits d’été de Berlioz. Samedi, c’est Noëmi Waysfeld qui reprendra Barbara Symphonique, dans de nouveaux arrangements de Fabien Cali. Dimanche, la voix devient chorale : Chloé Jacob, plusieurs solistes, cinq chœurs du Loir-et-Cher et l’orchestre EO41 interprèteront notamment le Requiem for the Living de Dan Forrest.

« BAM donne de la voix, ce n’est pas juste un slogan. C’est vraiment notre ligne, explique Sébastien Marchand. On traverse les siècles, les esthétiques, les langages, mais avec cette constante : la voix comme vecteur de l’émotion, de la pensée, de la beauté. »

La création d’un répertoire : Chloé Chaume face à Britten

La soprano Chloé Chaume sera sur scène vendredi (20h30) pour la première fois dans Les Illuminations de Benjamin Britten, un cycle de mélodies écrites en 1939 sur des poèmes en prose d’Arthur Rimbaud. Une œuvre rare, peu montée en France, et d’une redoutable exigence musicale et stylistique. « C’est une première, ici à Blois, et je les chanterai aussi le lendemain au Château de Compiègne, » précise-t-elle. « J’ai mis un mois avant de dire oui. J’ai écouté, j’ai lu, j’ai réfléchi. Il fallait que je sois certaine que c’était envisageable pour moi. »

La proposition lui est faite « au débotté », raconte Sébastien Marchand. « Je lui ai dit : “Et Les Illuminations, tu y as déjà pensé ?” Elle a levé un sourcil. Je savais qu’elle pouvait le faire. Mais c’est une œuvre à découvert. On est seul face au texte, à la musique, au public. C’est une transmission directe. Il faut être prêt à tout donner. » Chloé Chaume confirme : « On est vraiment exposé. Il ne suffit pas de bien chanter. Il faut une adhésion intérieure, une sincérité. Je chante beaucoup Massenet, Gounod, Puccini. Mais c’est important aussi d’explorer des territoires nouveaux. » En avril dernier, elle chantait pour la première fois Wagner, La mort d’Isolde et les Wesendonck Lieder, à l’Opéra de Tours. À Blois, elle ajoute Britten à son répertoire, dans une nef dont elle découvre l’acoustique ce jour même. « C’est absolument incroyable. Je ne connaissais pas du tout cet endroit. »

basilique Notre-Dame de la Trinité

De Berlioz à Mendelssohn : une dramaturgie pensée

Autour d’elle, un orchestre de chambre constitué d’interprètes remarquables : Fedor Rudin, Fanny Robilliard, Igor et Ezgi Pikayzen, Aurélien Pascal, Uxia Martinez Botana, entre autres. Entre Britten et Berlioz, une pièce instrumentale de Mendelssohn vient faire jonction. « On a placé son Octuor à cordes entre les deux cycles vocaux, explique Sébastien Marchand. Cela permet à la chanteuse de réinitialiser son univers stylistique. Et pour le public aussi, c’est une respiration. On traverse le romantisme, le symbolisme, le néoclassicisme. Rien n’est arbitraire. Britten n’est pas né de rien : il est l’héritier de Mendelssohn, même s’il écrit un siècle plus tard. Il y a un fil historique, une mémoire musicale qui relie tout cela. » Et d’ajouter : « Si vous n’aimez pas Britten, vous aimerez peut-être Berlioz ou Mendelssohn. C’est important de proposer une pluralité d’esthétiques. Trois pièces du même style dans un même concert, c’est risqué. Là, on évite la prise d’otage du public ! »

Une carte blanche dans un lieu unique

La basilique Notre-Dame de la Trinité, écrin Art déco aux lignes brutes et aux volumes imposants, a immédiatement séduit le programmateur. « Je suis arrivé à Blois pendant le premier confinement. Je voyais ce clocher depuis mon balcon. Je me suis dit : ce n’est pas possible que ce soit juste moche. » À la première levée des restrictions, il pousse les portes, découvre l’intérieur, et reste médusé. « C’est d’une unité rare. Du sol au plafond, tout est pensé, tout est Art déco, parfois presque brutaliste. On se croirait dans Metropolis de Fritz Lang. »

La collaboration avec le recteur, le père Vincent, se noue rapidement. « Après quelques concerts, il m’a dit : “Maintenant que vous avez fait vos preuves, j’aimerais bien un festival.” » La réponse est immédiate. « Mais attention, ce n’est pas un festival pour catholiques dans un lieu catholique, par des artistes catholiques. C’est tout le contraire. C’est un lieu de beauté. Et tout ce qui élève par le beau est le bienvenu. Le père Vincent m’a dit un jour : ‘Vos artistes sont des professionnels ? Alors ça me va.’ C’est rare, et précieux. »

Samedi : Barbara autrement, un projet né à Blois

Le deuxième soir (20h30), samedi 14 juin, place à Barbara Symphonique, porté par Noëmi Waysfeld, Fabien Cali à l’orchestration, et l’EO41 sous la direction de Claude Kesmaecker. « C’est une boucle qui se referme ici, confie Sébastien Marchand. Noëmi et Fabien se sont rencontrés ici à Blois, à la Halle aux Grains. En loges, elle chantonnait du Barbara. Fabien lui a dit : “Si tu veux, je t’orchestre ça.” »

Depuis, le projet a été soutenu par Sony, enregistré avec l’Orchestre d’Avignon, et validé par le neveu de Barbara, Bernard Serf, détenteur de ses droits moraux. Il sera présent samedi soir. « Les harmonies sont nouvelles, parfois surprenantes, mais toujours respectueuses. La voix de Noëmi a quelque chose de Barbara sans l’imiter. C’est une voix très haute, très droite, un peu cassée, qui porte magnifiquement ces chansons. »

Dimanche : la grande restitution chorale

Le dimanche 16 juin (16h), plus de 160 personnes au plateau : l’orchestre, des solistes, et cinq chœurs amateurs du département. L’œuvre centrale est le Requiem for the Living de Dan Forrest, aux accents hollywoodiens assumés. « C’est presque de la musique de film. Mais ça plaît beaucoup. C’est un vrai projet de territoire. C’est la restitution d’un an de travail, » précise Sébastien Marchand. La première partie permettra d’entendre une fanfare de Fabien Cali, commandée pour le passage de la flamme olympique à Chambord, ainsi que des œuvres de Tomasi, Fauré et Poulenc (Salve Regina extrait des Dialogues des Carmélites).

Une vision artistique sans compromis

À entendre Sébastien Marchand, tout part du répertoire et de la conviction intime qu’une œuvre mérite d’être partagée. « Quand je propose une pièce, ce n’est pas pour challenger un artiste. C’est parce que je pense qu’il serait juste dedans. À lui de dire oui, ou pas. S’il me dit non, je réponds toujours : très bien, revoyons-nous dans deux ans. » Il rit : « Je finis toujours par l’avoir. » Et de conclure, avec cette phrase qu’il prête au père Vincent : « Faisons entendre du beau. C’est tout ce qu’on vous demande. »


Un festival accessible : le tarif d’entrée est fixé à 20 € pour une place, 35 € pour deux, et devient dégressif à partir de trois billets — toutes les places passent alors à 10 €. Cette tarification avantageuse s’applique automatiquement au moment du paiement en ligne, sans démarche particulière. La billetterie est ici : https://www.festivalbam.com/billetterie

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