Le feu vert à l’Académie Saint-Louis de Chalès sous le feu des critiques

Le rectorat de l’Académie d’Orléans-Tours a autorisé l’ouverture, à la rentrée 2025, d’un internat catholique non mixte à Nouan-le-Fuzelier, dans le Loir-et-Cher. Porté par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, ce projet divise profondément.
Malgré une contestation nationale, le rectorat d’Orléans-Tours a validé l’ouverture de l’Académie Saint-Louis de Chalès, un internat pour garçons, privé et hors contrat, établi dans l’ancien Domaine de Chalès à Nouan-le-Fuzelier, en Sologne. Dans un communiqué transmis à l’AFP, les services rectoraux affirment n’avoir relevé, après étude du dossier déposé le 18 avril, aucun motif d’opposition tel que défini par l’article L. 441-1 du Code de l’éducation.
Ce texte précise les rares cas dans lesquels une autorité administrative peut s’opposer à l’ouverture d’un établissement privé : troubles à l’ordre public, atteintes à la protection sanitaire ou sociale, sécurité des mineurs, ou non-conformité avec le socle commun des connaissances. Aucun de ces éléments n’ayant été constaté, l’établissement est autorisé à accueillir ses premiers élèves dès septembre 2025. Il fera l’objet de contrôles administratifs et pédagogiques dès les premiers mois de fonctionnement, notamment sur les champs de la protection de l’enfance et de la conformité des enseignements.
Une contestation politique et syndicale d’ampleur
Cette décision n’a pas tardé à susciter de nouvelles réactions virulentes. Dans un communiqué, le NPA 41 dénonce une « capitulation face à l’extrême droite » et voit un État complice de l’implantation d’un établissement qui « sous couvert de “liberté éducative”, vise à former une élite réactionnaire catholique ». Le NPA y voit l’un des maillons d’une offensive idéologique globale de la droite radicale, cherchant à reconquérir les sphères de l’éducation, de la culture et de la jeunesse.
Les Jeunes Socialistes du Centre-Val de Loire dénoncent un projet qui « s’inscrit dans une vision rétrograde et confessionnelle de l’éducation, aux antipodes des principes de laïcité et de mixité ». Le constat : une rupture manifeste avec les valeurs républicaines via un établissement, jugé élitiste, autoritaire, et fondé sur l’isolement.
L’Académie Saint-Louis de Chalès est le premier maillon d’un réseau d’internats non mixtes, soutenu par Pierre-Édouard Stérin, entrepreneur devenu milliardaire grâce aux coffrets Smartbox, aujourd’hui exilé fiscal en Belgique. Selon les statuts de la société propriétaire du domaine, la gestion de l’établissement est assurée par deux entités créées par Stérin : Otium Impact France et la Foncière du Bien commun.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie du projet Périclès, révélée en 2024 par L’Humanité. Ce plan vise à faire émerger une élite de droite via des leviers médiatiques, juridiques, éducatifs et culturels. La charte de l’Académie repose sur l’« éducation intégrale », une notion d’origine catholique qui considère l’enfant comme un être global, unifiant corps, esprit et âme. Cette approche a été défendue publiquement par François-Xavier Clément, promoteur du réseau Saint-Joseph, pour qui l’éducation doit viser la vie éternelle et s’ancrer dans une anthropologie chrétienne
En réponse aux attaques qui se sont multipliées au fil des semaines, une tribune de soutien à l’Académie Saint-Louis a été publiée via Le Figaro. Patrick Lunet, maire de Nouan le Fuzelier, Christian Léonard, maire de Saint-Viâtre, Alexandre Avril, maire de Salbris, et Roger Chudeau, député du Loir-et-Cher en sont les principaux signataires. Ce texte défend le projet comme légal, transparent et nécessaire, et insiste sur le fait que l’établissement ne bénéficie d’aucune subvention publique. Selon eux, l’école est une réponse éducative alternative, non élitiste, fondée sur une pédagogie alliant excellence académique, sport, théâtre, bienveillance et mixité d’âge.
Si l’autorisation d’ouverture est désormais acquise, la situation reste politiquement explosive.